Beau-père (s'adressant à Maguette la nouvelle mariée) : bienvenue ma fille, tout ce que j'ai à te dire c'est que si tu suis les pas de ma première belle fille, tu feras long feu. C'est une jeune femme intègre, réputé par sa modestie et sa simplicité. Depuis qu'elle est ici, pas une fois son mari n'est venu se plaindre, donc je te conseille de suivre ses pas si tu cherches la réussite de ton ménage.
Belle-mère : Hum
Puis c'est le silence total avant d'entendre la sonnerie de mon téléphone qui sonne, je m'excuse un petit moment avant de sortir dehors pour répondre.
Moi : oui allô
L'interlocuteur : ah donc tu m'as bloqué ?
Je sursaute presque en reconnaissant cette voix.
Moi : Pape ?
Lui : qui veux-tu que ça soit d'autre ?
Je regarde derrière moi, le cœur palpitant de peur.
Moi : je dois raccrocher, je te rappelle après.
Pape : si tu fais...
J'avais déjà raccroché avant d'entendre ce qui suit, j'enregistre le nom de Binetou pour ce numéro avant d'effacer l'appel dans l'historique. Je veille à mettre le téléphone sous mode silencieux avant de retourner dans le salon de mes beaux-parents. Où sont présentement assis mon beau-frère El hadj, ma belle-mère Abby, mon beau-frère Saliou, mon autre beau-frère Lamine, ma belle-sœur Arame et mon mari Yatma.
Oh je me présente, je me nomme Asma Fall, j'ai vingt-huit ans, marié depuis sept ans et mère d'une fille de six ans Khadija. Je suis commerçante, je gère une grande boutique de vente de tissus dans un grand immeuble de la ville.
Moi : je m'excuse
Beau-père : ce n'est rien
Je reviens m'asseoir près de mon époux qui n'hésite pas à me demander qui c'était, je lui réponds sans sourciller.
Moi : une cliente.
Il hoche positivement la tête avant de se concentrer sur les conseils de son père. Vis d'ici, on dira que j'ai la famille parfaite, un mari riche, une belle-famille à moitié aimante puis je vis dans une grande maison avec notre fille et des domestiques à mes commandes. Mon travail marche Macha Allah mais en y regardant de plus près on pourrait y voir des taches d'ombres.
Dès que mon beau-père finit, c'est ma belle-mère qui prend la parole.
Belle maman : je n'aurais pas beaucoup de choses à ajouter, Maguette je la connais bien. Je peux à peu près dire que c'est moi qui l'ai éduqué. Sa famille est la nôtre, se connaissent depuis des générations donc je sais qu'elle se comportera comme la fille qu'elle représente ici dans cette maison.
Je souris timidement quand je remarque les œillades qu'elle me lance par moment en parlant, mais ne relève rien de négatif à ce sujet.
On papote encore un moment et félicite au passage Saliou qui s'est passé la corde au cou avec son mariage avant d'annoncer qu'il était l'heure pour nous de rebrousser chemin.
Beau-père : mais vous pouvez encore rester un moment.
Moi : une prochaine fois papa, on a laissé Khadija seule à la maison. Elle doit être rentrée de l'école depuis.
Beau-père : ah oui, c'est vrai et j'ai vu tes cadeaux vraiment encore merci ma fille.
Moi : de rien, c'était avec plaisir.
Tout le monde se lève pour nous accompagner et les discussions se poursuivent comme bon train. Yatma est en train de discuter avec sa mère alors que nous autres parlons de la vie et du beau temps.
Dès qu'on arrive devant le portail, les autres s'arrêtent avant que Yatma ne s'approche de moi.
Yatma : bon la famille, à la prochaine.
Belle-mère : on se rappelle après.
Beau-père : qu'est-ce que tu peux bien lui dire ? En tout cas qu'il ne pense même pas à la question de deuxième femme parce que tant que je vivrai, Asma n'aura pas de coépouse.
Je souris en baissant la tête, cela fait plusieurs années qu'il répète la même phrase.
Yatma : t'inquiète papa, je suivrai tes pas.
Beau-père : t'as intérêt en tout cas.
Belle-mère : personne sait comment demain sera fait.
Lamine : en tout cas, dès que je trouve une femme comme belle-sœur. Je vais moi aussi sauter le pas.
Tout le monde rit parce qu'il vient à peine d'avoir vingt ans en plus tout le monde connaît son aire de les filles sont à mes pieds.
On sort finalement et Yatma déverrouille la voiture alors que je monte sur le côté passager.
Moi : oh c'était vraiment un beau moment.
Yatma : ça c'est sûre
Son téléphone sonne, il y jette un coup d'œil avant de le reposer.
Moi : tu ne réponds pas ?
Yatma (soupirant) : c'est juste Daouda qui me fatigue comme ça.
Daouda est son cousin et son ami de longue date, ils ont fait les quatre cents coups ensemble comme on aime bien le dire. Mais je suis perplexe à l'idée qu'il s'agit bien de son ami d'enfance, mais je lui réponds qu'à même.
Moi : ah d'accord
Il se concentre sur le volant tout en mettant la musique de Youssou Ndour sur la playlist.
Moi : oh en passant, tu te souviens que c'est bientôt l'anniversaire de ta fille ?
Yatma : oh !
Moi : c'est le 25
Yatma : oh ! le 25 ?
Son ton perplexe me fait froncer les sourcils
Moi : tu as quelque chose de prévu ?
Yatma : euh ! En fait, il se peut que j'ai un voyage d'affaires à cette période-là.
Moi : han !
Yatma : je vais essayer de voir si je peux le décaler
Moi : ni l'année d'avant, ni l'année dernière, tu n'as assisté à l'anniversaire de ta fille. Et cette année encore, tu me dis que tu vas t'absenter encore ?
Yatma : ce n'est pas de ma faute.
Moi : ce n'est jamais de ta faute après tout.
Yatma : pas le peine de se disputer pour ça, je t'ai dit que j'allais chercher à m'arranger fais-moi confiance.
Faire confiance ?
J'ai envie de rire, je ne me rappelle même pas depuis quand je ne fais plus confiance à quelqu'un, depuis combien de temps je ne crois plus à l'être humain. Je ferme les yeux en faisant un bond en arrière, il y a de cela onze ans.