Choix 2 Vies
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Chapitre 2 Un

***VOIX EXTERNE***

Dans la solitude de sa chambre, Yama se tenait debout, une valise ouverte à ses pieds. Ses mains, agitées par un tremblement imperceptible, pliaient machinalement ses vêtements, tandis que des larmes brûlantes sillonnaient ses joues.

Chaque goutte était un mot muet de son cœur, un cri silencieux de sa douleur et de sa défaite.

La perspective de confronter les réprimandes de sa mère et de Sokhna, qui avaient accueilli son union avec Bireume avec tant de réticence, lui serrait l'estomac.

Elle se sentait comme si elle avait perdu une guerre sans jamais avoir eu la chance de lutter, et cette pensée lancinante la tourmentait incessamment

Pourtant, demeurer en ces lieux n'était plus une option viable ; la présence d'Alima planait comme une menace sourde, un péril qui menaçait de basculer à tout instant en une tragédie irréversible.

Toc, toc, toc

La porte s'ouvrit doucement, révélant Ndeye Lisoune, la belle-mère de Yama, accompagnée de sa fille Fifi. Leurs silhouettes se dessinaient dans l'embrasure, interrompant les pensées sombres de Yama.

-'Ay sama doom bi, boul déf lou niaw kholatal li nguay déf da ngua beug sa noone yi dila ré khana. Diap si té nga xolsi sa dieukeur dji di Bireume'

« Ma fille, ne fais pas ça. Réfléchis à ce que tu fais, s'il te plaît. Tu ne veux pas laisser tes ennemis triompher de toi et se réjouir. Pense à ton mari, qui t'a amenée ici », dit-elle, tendant ses deux mains vers Yama pour la supplier.

-Maman, je suis désolée, mais j'ai pris ma décision. Je suis à bout, épuisée par ces disputes incessantes avec Amina. Elle me hait pour des raisons qui m'échappent, pour des secrets enfouis que même le temps semble avoir oublié. Et si nous continuons sur cette voie, je crains que nous ne franchissions un seuil d'où l'on ne revient pas. Donc, pour le bien de tous, il vaut mieux que je m'en aille.

Elle essuya ses larmes d'un geste rageur, ses doigts tremblants témoignant de la tension qui l'habitait. Elle se retourna brusquement, reprenant ses gestes méthodiques pour empiler ses affaires dans la valise ouverte.

Ndeye Lisoune, sa belle-mère mère, désemparée, cherchait désespérément les mots à dire. Yama n'était pas seulement une belle-fille, elle était devenue une part d'elle-même. Mais parfois, même l'amour le plus profond ne peut suffire à colmater les fissures qui se sont formées.

C'est alors que Fifi intervint, sa voix claire tranchant le silence :

-Je ne te contredirai pas, Yama, car je connais les épreuves que tu as endurées sous ce toit. 'Neixal ngua neixal ba soneu wayei nak ndimbeul mom na sa fékk lokhoy borom. Beine mbiir rék laleu beug wakh moy ko ngua togu ba dal so paré nak boula neixé meune ngua dém !'

« Tu as tenté de t'adapter, de plaire, mais l'aide ne vient que lorsque l'on s'aide soi-même. Je te demande juste une chose, si tu peux me l'accorder. Assieds-toi, apaise ton esprit, et ensuite, si tu le souhaites, pars. »

Le regard de leur mère se durcit, mais elle garda le silence. La franchise habituellement louée de Fifi semblait aujourd'hui moins appréciée, bien qu'elle ne fût pas contestée.

Elles quittèrent par la suite la pièce, laissant Yama seule avec ses pensées. Beaucoup attendaient ce jour avec impatience, notamment sa mère et son amie Sokhna, comme l'avait souligné sa belle-mère.

Pourtant, Yama se trouvait à la croisée des chemins, face à un choix déchirant : rester et subir les coups bas d'Amina, ou retourner chez sa mère pour épouser l'ami de celle-ci, un homme dont la fortune n'avait d'égal que son âge avancé.

Elle ferma sa valise avec une finalité silencieuse, puis s'effondra sur son lit, vaincue par l'ampleur de sa situation. Elle décida de se reposer, espérant que le sommeil lui apporterait la clarté nécessaire pour une décision définitive.

~~~~~~~~~~~~~~~

*Quelques heures plus tard*

Yama se réveilla avec un état d'esprit complètement différent. Elle avait l'impression d'avoir dormi trop longtemps, comme si le sommeil avait été une échappatoire à ses soucis.

Son premier réflexe fut de regarder l'heure sur son téléphone portable, et elle constata qu'il était déjà dix-sept heures passées, l'heure à laquelle la prière de Asr est accomplie.

Se levant de son lit, Yama sentit les propos de sa belle-mère résonner à nouveau dans sa mémoire. Elle les refoula et se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche et accomplir ses ablutions, se préparant ainsi pour la prière.

Cette dernière était son refuge face aux douleurs qu'elle pouvait ressentir. C'était un moment où elle se sentait véritablement proche d'Allah.

Chaque mouvement, chaque parole prononcée pendant la prière lui apportait un apaisement intérieur, une force et une sérénité qui lui permettaient de faire face à toutes les épreuves de la vie.

Une fois prête, elle défit ses valises. Sa décision était prise : elle ne quitterait pas la maison. Malgré les difficultés et les tensions familiales, elle était déterminée à rester, à affronter les défis et à trouver sa place.

« Je ne laisserai pas Amina me faire fuir. Je suis déterminée à rester ici, » se dit-elle avec conviction, prête à faire face à tout ce qui viendrait sur son chemin.

***AMINA SALL***

Aujourd'hui, j'ai vécu l'humiliation la plus marquante de ma vie. Je suis encore sous le choc.

Comment a-t-elle osé lever sa main sur moi ?

Même mes parents, malgré leurs défauts, n'ont jamais franchi cette ligne. Alors comment une personne aussi méprisable a-t-elle pu se permettre de tels gestes ?

À ces simples pensées, une vague de colère dévastatrice a submergé tout mon être et, l'envie de lui rendre la pareille tournait en boucle dans ma tête, comme un mantra incessant.

Mon cœur battait à tout rompre et mes mains tremblaient.

Cette bâtarde ne me connaît même pas, mais elle ose quand même s'en prendre à moi. Dinako tégual lou méti si gallé gui, hum. (Je vais lui faire vivre l'enfer dans cette maison, hum.)

Soudain, une voix résonna dans la pièce, brisant le silence.

?!: Hé, boy, ça suffit maintenant, ya ngui door sank ba lègui. (Tu ne t'arrêtes pas de fumer depuis tout à l'heure.)

Je me trouvais dans la maison de Max, mon fournisseur de joints, un personnage à la fois mystérieux et intrigant.

Malgré l'interdiction du cannabis et du chanvre indien dans ce pays, il réussissait toujours à s'en procurer sans trop de problèmes.

Son appartement était un véritable sanctuaire pour les défenseurs de la fumette, un havre de paix où les tabous s'évaporaient dans la fumée.

Oui, je m'adonnais à des plaisirs interdits par l'islam, des activités clandestines qui m'éloignaient du chemin de la vertu.

La prostitution, la fumée enivrante du cannabis, parfois même l'alcool, tout cela faisait partie de mon quotidien.

Mais je gardais ces péchés soigneusement dissimulés, loin des regards curieux de ma famille.

-Tu m'écoutes là ?!

Moi: Sheuut Max, c'est ton argent ou le mien ?

Demandai-je d'une voix légèrement altérée, mes mots se mêlant dans une cadence défoncée.

Fameux Max: C'est le tien, mais...

Moi: Alors laisse-moi tranquille, c'est mon problème si je fume, ok ? Ishh loy def ni, hablar rek. (Tu parles trop !)

Fameux Max : Dans ce cas alors, va dehors pour fumer.

Moi : C'est ici que je vais le faire, nak. Ya salam way. (Fous-moi la paix, tu veux.)

Il me fixa pendant plusieurs instants, laissant échapper un mince sourire moqueur au coin de ses lèvres. Puis il abandonna ce qu'il était en train de faire, sortit de la chambre et me laissa seule sans chercher à insister.

D*mn !

Quand je me laissais aller à fumer trop, mon esprit s'évadait vers d'autres sphères. C'est pourquoi je m'exprimais de cette manière, dans un langage à part.

Et quand j'abusais de l'alcool, c'était encore pire. Cependant, je m'assurais toujours de ne pas rentrer chez moi ensuite, pour éviter les regards suspicieux.

Je n'avais jamais voulu dévier du droit chemin, mais les tourments de ma vie avaient fini par me submerger.

Autrefois, j'étais une jeune fille travailleuse, ambitieuse et surtout, surtout très réservée et discrète. J'avais des rêves plein la tête, des désirs les plus fous que je voulais ardemment réaliser.

Mais il a fallu que mon satané frère vienne tout gâcher. J'avais misé sur le partage de l'héritage, espérant obtenir ma part pour donner vie à mes aspirations. Et qu'ai-je obtenu en retour ? Rien du tout !

Ma famille a décidé de me reléguer au second plan, ignorant mes rêves et mes sentiments.

Enfin bon...

À présent, une seule chose compte : cette Yama va payer pour ce qu'elle vient de me faire. Je le jure sur la tête de mon défunt père, que d'ailleurs je déteste plus que tout au monde.

***NDEYE LISOUNE MBODJ***

Je suis dans le salon avec ma belle-fille et ma fille en train de regarder la télévision. Il était presque minuit, mais il n'y avait toujours pas trace d'Amina, et cela commençait réellement à m'inquiéter.

Habituellement, je m'abandonne aux bras de Morphée dès que le crépuscule peint le ciel, mais ce soir, une anxiété tenace me tient éveillée.

C'est vrai qu'habituellement je m'abandonne aux bras de Morphée dès que le crépuscule peint le ciel, mais à chaque heure de la nuit, je me levais pour vérifier si l'une d'elles n'était pas sortie et, jusqu'à présent, Al-hamdoulilah, cette crainte ne s'est jamais concrétisée.

Même si Amina est têtue et obstinée, je lui ai inculqué de bonnes manières, et je suis certaine qu'elle ne fera jamais ni ne dira quelque chose qui nuira à notre petite famille.

-'Yaye, Fifi ma ngui teudi, fanane léne ak diam' (Je vais aller me coucher. Passez une bonne nuit), nous dit Yama en se levant du canapé.

-Waw ba soubak diam in shaa allah' (D'accord, à demain in shaa allah. Passe une paisible nuit toi aussi.), lui répondit Fifi.

Quant à moi, je hochai vivement la tête en guise de réponse, mes lèvres silencieuses alors que mes doigts continuaient de compter frénétiquement les perles de mon chapelet.

Mon regard la suivit jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision, et aussitôt, je secouai la tête avec une légère tristesse mêlée de compassion.

Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une profonde empathie envers cette jeune femme. Depuis le départ de mon cher fils bien-aimé, Bireume, vers l'Europe, Yama n'a jamais baissé les bras.

Elle continue de se battre avec une détermination inébranlable, portée par l'amour indéfectible qu'elle lui voue. Et le simple fait de la voir si endurante et stoïque me rend à la fois émue et fière d'elle.

In shaa allah, si mon fils revient en pleine forme, il la chérira avec toute la tendresse et la protection qu'on réserve à un enfant de deux ans

Alors que je me perds dans mes pensées, la voix de Fifi m'interrompt doucement.

-Maman !

Je conclus alors mes azkars pour pouvoir lui accorder mon attention.

-Oui.

-'Guinaw Yama dém na teudi wakh ak yaw nak diot na. Guiss ngua ame goora bou mélni diaféna fi diamano bi niou tolou ni, Yama limou niouy mougneul ni amana boudone kénéne dou démé ni motax nak ma beug ngua wakh ak Amina. Yaye Amina yakouna, réw na, amoul yarr si kéne té niit nak bo deuké ak mom da ngua koye wakh deug ba paré boul faté k ni eulëk dou agn dou rérr wayei lou mata sédeu la. Eulëk si katanou yalla da niouy seuyi ame souniou keur, té nak beugouniou surtout mane beugouma sama rakou dieukeur dima def ni kone nak defal sa waref. Diégalou nak si kadou yi bou khawé niagass'

« Maman, je voudrais avoir une petite discussion avec toi, ou plutôt te dire deux mots sur les choses qui se passent depuis quelques temps dans cette maison ! Heureusement, Yama n'est pas là pour entendre ce que j'ai à dire, car la gêne m'aurait empêchée de trouver les mots justes devant elle. Maman, nous devons vraiment remercier Dieu de nous avoir accorder une belle-fille comme elle, car oui, c'est une grande bénédiction que nous avons eue, surtout dans ce monde d'aujourd'hui. Tout ce qu'elle endure, peut-être que si c'était quelqu'un d'autre, ça ne se passerait pas ainsi. C'est pourquoi je pense que tu devrais parler avec Amina. Maman, je n'ai pas besoin de te rappeler à quel point le comportement d'Amina est inacceptable, alors que tout se déroule sous tes yeux. Mais tu fais comme si tu ne voyais rien. Tu as bien remarqué les persécutions qu'elle fait subir à Yama, en l'accusant à tort et à travers d'une chose dont elle ne connaît pas les vraies raisons et pour laquelle Yama n'est en aucun cas responsable. Il est temps de parler avec elle, car après tout, tu es la matriache, notre responsable dans cette maison. L'avenir est un mystère que seul le Divin peut dévoiler, et nous, ses filles, aspirons à un lendemain serein. Si Dieu le veut, nous connaîtrons le mariage, et je prie pour que jamais la sœur de mon futur époux ne me regarde avec les yeux d'Amina. Alors s'il te plaît, fais ton devoir. Pardonne-moi si mes mots semblent déplacés, mais tu sais que je suis franche et directe », déclara-t-elle avec une sincérité désarmante.

Je reste muette, laissant ses mots traverser l'antichambre de mes oreilles pour se nicher au plus profond de mon cœur. La vérité de ses paroles me laisse sans voix, admirative de sa maturité et de sa clairvoyance.

Contrairement à sa cadette, Fifi n'a jamais été source de plaintes. Sa franchise, sa maturité et son bon sens font d'elle la plus raisonnable d'entre nous.

Elle se lèva ensuite, me souhaitant une bonne nuit avant de disparaître derrière la porte d'entrée.

Quant à Amina, je crains qu'elle ne finisse par semer la discorde dans notre quartier. Il est temps que j'appelle son oncle pour qu'il lui parle. Je ne veux pas, le jour du jugement dernier, être confrontée à cette question cruciale : Comment ai-je éduqué mes enfants ? et me retrouver sans réponse face à mon Seigneur.

Avant de me coucher, je priai deux rakkas supplémentaires, demandant à Dieu de guider Amina sur le bon chemin. Demain serait un nouveau jour, une nouvelle opportunité de rectifier les choses.

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À suivre....

            
            

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