- Ça fait plus d'une heure qu'on la cherche. J'ai bien peur qu'il lui ait arrivée quelque chose.
- Je vais prévenir la police, annonça Elena avant de s'éclipser sous le regard désagréable de Daegan.
- Où est-ce qu'elle peut bien être ? S'enquit-elle en faisant les cent pas dans le hall.
Une grande peur commença à s'instaurer dans le cœur de Daegan. Une qu'ils la recherchaient désespérément. Elle pouvait être n'importe où. Mais où précisément?
- Tenez monsieur, J'ai le commissaire au téléphone.
Daegan s'empara du téléphone et s'éloigna pour répondre. Quant à Corazon elle appela sa tante pour l'informer sur la disparition d'Azalée.
- C'est la première fois elle disparait de la sorte ? Demanda le commissaire.
- Non. Toutes les fois où elle disparaissait on la retrouvait sans y mettre du temps.
- Bien, faites-nous une description détaillée de cette petite.
- Elle a des cheveux châtains avec une frange et des yeux d'une couleur azurée.
-Daegan ! fit la voix de sa sœur dans son dos.
- Un instant s'il te plait.
- Pas la peine de déranger la police. Tante Babette vient de m'informer qu'elle se trouve dans la maison de Nate.
- Quoi ?
-Excusez-moi ? Fit la voix du commissaire à l'autre bout du fil.
- Excusez-moi monsieur le commissaire, bredouilla-t-il. Nous l'avons retrouvé. Désolé de vous avoir déranger.
- Ah tant mieux !
Il s'excusa encore une fois avant de raccrocher.
- Comment diable a-t-elle pu se rendre toute seule chez lui ?
- Je suppose qu'elle a pris un taxi pour s'y rendre, répondit Elena.
- Non mais ! elle n'a que sept ans, s'écria-t-il.
- J'ai constaté qu'il manquait quelques billets sans ma pochette, ajouta Elena.
Daegan faillit s'étrangler.
- Donc elle a vraiment pris un taxi. Ta fille est vraiment incroyable. Rappelle-moi de ne jamais chercher à avoir d'enfant.
- Au moins on est sûr qu'elle n'est pas en danger, soupira-t-elle de soulagement. Tu m'accompagnes chez Nate ?
-Oui, bien sûr.
***
- Un whisky-coca s'il vous plait, adressa Candace au barman. Et toi Zara, que prendras-tu ?
- Une bouteille d'eau gazeuse, répondit-elle.
- Tu n'es quand même pas sérieuse, si ? Si je savais qu'on allait faire tout ce chemin pour te regarder prendre une bouteille d'eau gazeuse on aurait mieux faire de rester à la maison. C'est vrai, ce n'est pas ça qui manque chez nous.
- Je te rappelle que vous m'aviez forcé à vous suivre quand bien même je vous ai répété que je n'en avais pas envie. Me souler la veille d'un long voyage est la dernière chose que je ferai Candace.
Candace soupira. Ce n'était pas ce qu'elle espérait en la trainant de force dans ce bar. Vu qu'elles n'allaient plus jamais remettre les pieds dans cette ville, elle avait tenu qu'elles fassent de leur dernière soirée à Boston une soirée mémorable. Et pour ça, elle avait choisi jaser dans un endroit où coulent à flot de la musique, les mecs et les boissons.
- Écoute Zara, c'est la dernière soirée qu'on passe à Boston. Il faut en profiter. Et d'abord, pourquoi j'ai l'impression que tu ne t'y plais pas dans cet endroit ? Ce n'est pas comme si c'était ta première fois quand même. Tu as toujours fréquenté ce genre de lieu, non ?
- Je ne devrais pas être ici. Ça fait à peine quelques mois que j'ai enterrés Gamiel et regarde-moi aujourd'hui. Je me retrouve dans un bar vêtue d'une robe assez tape à l'œil.
- Tu veux passer le restant de ta vie cloitrer entre quatre murs à te ressasser des souvenirs aussi douloureux ? Moi je trouve que tu as déjà assez fait ton deuil. Tu devrais plutôt aller de l'avant et apprendre à vivre avec. Regarde Lucy, comment elle profite de cette soirée. On devrait faire pareille.
Zara tourna le regard sur la collègue de Candace qui se déhanchait sur la piste de dance au milieu de deux hommes.
- Elle autre, elle n'a pas perdu quelqu'un, lança-t-elle avec une telle froideur.
Elle se leva de son siège et regagna la sortie sous l'expression consternée de Candace. Elle descendit d'un pas ferme les cinq marches et s'adossa contre le mur du bâtiment. A quelques mètres d'elle se trouvaient des couples qui s'enlaçaient et s'embrassaient sans pudeur. De quoi évoquer en elle des souvenirs aussi douloureux. Ne pouvant se résoudre à l'idée de retourner à l'intérieur pour être forcée par la suite à s'égayer comme si elle n'avait pas assez de problème dans sa misérable vie, elle fut contrainte à rester sur place et avoir ses amoureux dans son champ de vision.
L'envie de fumer la prit soudainement qu'elle se hâta de sortir le paquet de cigarette qu'elle s'en séparait jamais dans son sac à main. Même si bon nombre de personne la chantonne tout le temps que fumer est mauvais pour la santé elle s'en fichait royalement déjà qu'elle trouvait cette sensation de détente qu'elle ne pouvait trouver nulle part que dans la cigarette. Ce fut une grande déception lorsqu'elle constata qu'elle n'avait pas apporté de quoi allumer cette cigarette qu'elle avait déjà plaqué entre ses lèvres. Elle grommela de frustration et s'apprêtait à remettre la cigarette dans le paquet quand elle entendit une voix qui s'adressait à elle. Elle leva instinctivement les yeux pour découvrir un homme qui se trouvait devant elle avec un briquet qu'il brandissait à ses yeux.
- Il me semble que vous n'aviez pas de quoi allumer votre clope. Heureusement j'ai sur moi un briquet. Je ne m'en sépare jamais. Je peux ?
- D'où cet homme sortait ? Se questionna-t-elle en lui jetant un regard suspicieux.
Alors qu'elle le considéra longuement, il alluma sa clope et remit son briquet dans l'une des poches de sa veste.
- Merci.
Ne s'attendant pas à ce qu'il soit encore planté là à la fixer, elle renfrogna la mine. Elle tira sur sa cigarette tout en se demandant quand allait-il enfin décider à partir. Il l'avait aidé et elle l'avait remercié, non ?
- Vous vous ennuyer n'est-ce pas ?
- Pas le moins du monde, répondit-elle sans pour autant porter son attention sur lui.
- Et que faites-vous donc toute seule au dehors ?
- Cette question est aussi valable pour vous.
-Je m'apprêtais à rentrer chez moi quand je vous ai vu. Alors ?
- Eh bien je prends l'air, ça se voit non ? Que pourrai-je bien faire d'autre ?
- Attendre quelqu'un par exemple ou...
Il mit sa phrase en suspense pour la détailler de la tête au pied. Elle se sentit altérer par l'insolence de son regard. Pourquoi l'examinait-il de la sorte ? Se pourrait-il que son accoutrement soit la raison pour laquelle il l'étudiait sans vergogne ?
- Non mais vous allez arrêter ? Beugla-t-elle les joues en feu. Allez ! Avouer que vous ne me croyez du tout pas et que vous pensez que je suis en train de faire le trottoir.
- Eh bien oui, répondit-il avec désinvolte. Est-ce le cas ?
- Suis-je obligée de vous répondre...Monsieur ? Vous pouvez bien penser ce que vous voulez, je m'en fiche de toute façon, dit-elle en haussant les épaules.
- Vous me plaisez bien. J'aurai besoin d'une compagne pour ce soir, alors permettez-moi d'en avoir la certitude.
- Vous vous trompez sur mon sujet, objecta-t-elle en le regardant de travers.
- Alors que faites-vous là ? Ce périmètre est pourtant réservé aux proxénètes.
Offusquée, elle le toisa avant de regarder autour d'elle. Effectivement elle était sur le territoire des catins qui avaient braqué sur elle des regards empreintes d'hostilités. Quoi de plus normale. Elle ne pouvait nier qu'elle était en compagnie d'un homme très séduisant. Comment n'avait-elle pas pu le remarquer plutôt ? Maintenant elle comprenait pourquoi il la prenait pour les leurs.
- Je ferai mieux de rentrer à l'intérieur, lança-t-elle froidement.
Au moment où elle s'apprêtait à prendre les marches elle senti une main lui empoigné son avant-bras.
- Dans quelle autre langue devrais-je vous faire comprendre que je ne suis pas intéressée ?
- Je voulais tout simplement connaitre votre...
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase lorsque son regard s'attarda sur la magnifique bague qui ornait son annulaire. Ainsi elle est fiancée. Pour une raison inconnue il se sentit brusquement mal. Ce n'était pas des femmes qui manquaient à Boston. Il pouvait très bien en trouver une qui pourrait satisfaire ses moindres désirs. Alors pourquoi avait-il se sentiment de mal pour une femme quelconque qui était déjà prise ? Et lui qui croyait avoir eu la chance d'être tomber sur une belle créature avec qui il allait à coups sûr passer le reste de la soirée avant de s'envoler pour la capitale. Il n'en est aucunement le genre d'homme qui fréquente les femmes engagées. Même si l'idée d'outrepasser ses règles le tentait il allait se raviser. Il devrait se passer d'elle.
- Vous comptez garder longtemps mon bras ? Elle demanda en soufflant d'exaspération.
Pour son plus grand bonheur, il la relâcha et s'excusa.
- Passer une excellente soirée, dit-il en pivotant.
Il lui adressa un sourire charmeur qui la déstabilisa. Heureusement pour elle il n'avait pas remarqué son trouble puisqu'il s'était vite retourner pour regagner sa voiture qu'il avait garée un peu plus loin du bar.
- Ah te voilà ! On rentre à la maison.
-Quoi ? Tu ne veux plus passer ta dernière soirée ici, se moqua Zara ouvertement.
-Après ton départ tout allait si bien jusqu'au moment où un grotesque homme vienne me proposer beaucoup d'argent pour que je passe une nuit entière avec lui sans parler du fait que Lucy m'ait laissé toute seule pour rentrer avec ces deux hommes. Cette soirée ne se passe pas du tout comme je l'avais imaginé. Je veux rentrer chez nous et retrouver mon lit.
-Ah ! Je me demandais quand allais-tu être raisonnable. Donne-moi les clés de la voiture.
- C'est moi qui conduis.
- Surtout pas. Tu sens l'alcool à plein nez. Je ne voudrais en aucun cas passer la nuit dans un poste de police. Alors fais-moi une fleur et rend moi les clés. Allez fait moi plaisir Candace. Tu te tiens à peine debout.
-Ça va ! Je n'ai tout de même pas exagéré. Je n'ai bu que trois verres.
- Tu ne tiens pas l'alcool.
Candace roula les yeux et tendit les clés à son amie.
- En passant, ne me force plus jamais à mettre ce genre de robe Candace.
- Qu..quoi ? Qu'est-ce qui te prend tout à coup ? Cette robe te va pourtant bien. Tu réalises combien j'ai dû dépenser pour te l'offrir ?
- Tu n'aurais pas dû. On m'a carrément prise pour une proxénète. C'est la dernière fois.
Elle ouvrit de manière fugace la portière de la voiture et s'engouffra dans l'habitacle.
- Mais attend Zara !
Candace se dépêcha de rejoindre son amie qui avait déjà mis le moteur de la voiture en marche.
- Qui est-ce qui a bien eu le culot de te comparer à une quelconque fille de joie ? Demanda-t-elle la mine effarée.
- Je ne veux plus en parler. Monte !
- C'est toi qui as lancé cette discussion et moi j'ai besoin de connaitre cette personne pour lui donner une bonne raclé. Alors oui tu vas continuer cette discussion en me donnant un nom, s'impatienta-t-elle.
- Ne te donne pas la peine.
- Tu veux rire ? Si tu penses que je vais rester là sans rien faire alors tu te trompes lourdement. Cette personne est toujours dans les parages ? Il a intérêt à se faire tout petit car je ne compte pas épargner sa peau, fulmina-t-elle en prenant le chemin menant au bar.
- Tu n'as aucune chance de le retrouver. Monte dans cette voiture. Il me semble que t'aie oublié qu'on a un vol à prendre demain. Oublie-le, il n'en vaut pas la peine.
À contre cœur, Candace se résigna à monter dans cette bagnole.
- J'espère que tu l'as remis à sa place.