Arrivé finalement au lieu de travail, je pris soin de saluer la dame présente à l'accueil, à qui je m'adressais fréquemment pour solliciter des conseils au sujet de l'ascenseur. Elle me répondit courtoisement, s'attendant probablement à une nouvelle demande de ma part concernant cet équipement.
Dépassant cette réceptionniste, je m'engageai dans le couloir menant à l'ascenseur, croisant au passage l'une des femmes de ménage qui se dirigeait également vers cet endroit. Opportunément, je choisis de partager l'ascenseur avec elle.
Une fois à l'intérieur, après lui avoir adressé mes salutations, je surmontai ma timidité et lui demandai avec politesse les étapes à suivre pour utiliser l'ascenseur afin de me rendre à un lieu précis au sein de l'entreprise. Un léger sourire échappa à la femme de ménage, avant qu'elle ne me fournisse les informations nécessaires. Malgré ma gêne initiale, je parvins à assimiler ses explications. Lorsqu'elle quitta l'ascenseur, je pris l'initiative de lui demander son nom, et elle se présenta comme Laurette.
Elle émanait véritablement une aura de bienveillance, ce qui la fit instantanément basculer dans la sphère de mes connaissances. Installé enfin dans mon bureau, je découvris une pile de dossiers qui m'attendait, signe annonciateur d'une journée bien remplie. Alors que je parcourais les documents, la secrétaire du dirigeant fit son apparition.
- Bonjour, Monsieur Richy, comment allez-vous ? Vous êtes déjà là ?
- Oui, Madame. Bonjour à vous ! Comment allez-vous ? Et la famille ? J'espère qu'elle se porte à merveille.
- Oui, Richy, tout le monde se porte très bien. Mais j'aimerais bien que vous m'appeliez par mon prénom. Je n'aime pas trop qu'on me vouvoie.
- D'accord, c'est compris, mais je ne connais pas votre prénom.
- Ah bon ? Je pensais m'être présentée à vous hier.
- Oui, mais je n'avais pas bien saisi le nom.
- D'accord, je vais me représenter. Je me nomme Brigitte Kondo. Je travaille ici en tant que secrétaire, et j'ai 25 ans.
- Ah, je vois. Vous êtes ma grande sœur alors ? Moi, j'ai 23 ans. Donc je ne peux jamais vous tutoyer.
- Arrête avec ça. Moi, je veux bien que tu me tutoies, s'il te plaît. N'oublie pas que tu es un homme, et l'âge ne compte pas. Nous sommes collègues, donc je veux qu'on s'appelle par nos prénoms. Je peux compter sur toi ?
- Oui, comme tu insistes, répondis-je.
- Merci beaucoup. Bon, je vais te fausser compagnie parce qu'il y a du travail qui m'attend. Je suis venue voir si tu étais déjà là, et par surprise, tu es déjà là avant moi. As-tu vu les documents sur la table ?
- Oui, oui, et j'ai même déjà commencé à y jeter quelques coups d'œil.
- C'est bon alors. C'est la patronne qui m'a chargée de les déposer sur ton bureau pour que tu les vérifies. Elle sera là dans un instant.
- Vraiment ? Elle se porte déjà mieux, c'est ça ?
- Oui, oui, je pense bien, car elle m'a dit qu'elle serait là.
- D'accord, merci beaucoup. Bonne journée à toi.
- D'accord, de rien, et à toi de même.
Brigitte s'apprêtait à sortir de mon bureau lorsqu'elle se retrouva nez-à-nez avec Merveillia, ma patronne. Elle la salua et prit la direction de son bureau.
Je me suis levé pour saluer Merveillia, et elle m'a indiqué de m'asseoir. Chaque jour, elle faisait une halte dans mon bureau avant de rejoindre le sien, instaurant ainsi une routine où nos regards se croisaient quotidiennement, selon un ordre divinement établi. Installée face à moi, elle a répondu avec élégance à ma salutation.
- Comment vous portez-vous, Monsieur ? Et comment s'est déroulée votre matinée ?
- Je vais bien, Madame, et vous ?
- Bien également. J'espère que vous avez déjà fait connaissance avec ma personne ?
- Oui, assurément.
- Parfait ! Puisque c'est notre première entrevue, permettez-moi de me présenter à nouveau. Je suis Merveillia HOUNNOU, publiciste et mannequin. À l'âge de 25 ans, je pourrais sembler jeune pour occuper le rôle de votre supérieure, mais ainsi va la vie. D'un tempérament simple, j'ai une aversion pour le retard, l'absentéisme, le mensonge, et tout ce qui pourrait susciter mon ennui. En ce qui concerne mes goûts, j'apprécie tout ce qui est raffiné. Vous pouvez me désigner par "Madame" ici, dans l'enceinte du service. En dehors, je réponds au nom de Merveillia HOUNNOU. Vous êtes déjà au courant que mon père détient la plus haute fonction dans toute l'entreprise, n'est-ce pas ?
- Oui, Madame, je suis bien informé.
- Très bien. Avant de poursuivre, permettez-moi de mieux vous connaître. À vous maintenant pour la présentation !
- Madame, je suis Richy MOUSSE, âgé de 23 ans, titulaire d'une licence en Gestion et Finance obtenue l'année précédente. C'est ma première expérience professionnelle, mais je m'engage à mettre tout en œuvre pour vous être utile.
- Bien, je l'espère. Vous êtes assuré dans vos paroles. C'est à vous de jouer.
- Oui, Madame, vous pouvez compter sur mon engagement.
- En vous écoutant, votre assurance transparaît, et je suis ravie de faire votre connaissance.
- Le plaisir est partagé, Madame. Puis-je me permettre une demande ?
- Déjà ? Allez-y.
- Pourriez-vous me tutoyer ? Rien d'autre, juste que je préfère être tutoyé par ceux qui sont plus âgés que moi.
- D'accord, si tel est votre souhait, je ferai cet effort. Au fait, as-tu eu l'occasion de consulter les documents que j'ai demandé à Brigitte de déposer sur ton bureau ?
- Oui, Madame...
C'est ainsi que Merveillia et moi avons entamé notre fascinante aventure. Initialement, nous évoluions dans le simple cadre professionnel, elle en tant que patronne et moi en tant qu'employé. Toutefois, au fil du temps, la trame de notre relation s'est complexifiée. Mon dévouement au travail a trouvé écho dans son admiration pour chacune de mes réalisations, et chaque fin de mois était rythmée par l'arrivée ponctuelle de mon salaire.
À mes yeux, le dénouement heureux de mes propres tourments et de ceux de mes parents semblait se dessiner. Cependant, je me méprenais.
Depuis que j'avais obtenu mon poste, veillant attentivement sur mes parents, j'ai commencé à métamorphoser certaines de leurs souffrances en joies régulières, recevant à chaque fin de mois une rétribution bien méritée.
Chaque jour, Williams rendait visite à Merveillia, mais celle-ci ne lui accordait guère d'attention, ce qui suscitait le mécontentement de Williams. Il éprouvait une aversion manifeste à me voir en compagnie de Merveillia, convaincu que des sentiments naissaient en elle à mon égard.
Merveillia, de son côté, prenait plaisir à ma présence constante, suscitant en moi des pensées parfois énigmatiques. Bien qu'elle fût d'une beauté éblouissante, attirant l'admiration de nombreux prétendants, l'idée d'une relation amoureuse ne m'avait jamais effleuré l'esprit. Je la considérais simplement comme ma grande sœur, ma patronne, et mon amie. Du moins, c'était ce que je croyais, car mes sentiments envers elle commencèrent à évoluer, laissant entendre qu'elle aspirait à occuper une place plus profonde dans mon cœur.
Souvent, mes heures libres étaient dédiées à la contemplation de son être. Parfois même, elle hantait mes rêves. Toutefois, m'exprimer à ce sujet demeurait hors de question, car elle était ma patronne, et de surcroît, elle entretenait déjà une relation avec Williams, que son père connaissait bien.
Chez Merveillia...
Ce samedi matin, Merveillia, déjà éveillée, s'était délicatement levée de son lit. Après une douche revigorante et un petit déjeuner soigneusement pris, elle s'installa avec élégance devant son ordinateur portable.
Pendant qu'elle explorait ses clichés de mannequinat, une photo captiva son regard – celle où Richy figurait. Prise lors d'une réunion, elle ne put s'empêcher de la contempler, laissant échapper des mots chargés de réflexion.
- Richy est véritablement cool, et génial. On dirait que je succombe à son charme. Simple, adorable, gentil, il incarne toutes les qualités qui réconfortent une femme. Bien que je sois sa supérieure, et en tant que femme, je ne peux pas me placer en avant. Que faire si ses sentiments ne vont pas au-delà de notre relation professionnelle ? Comment lui avouer mes sentiments ? Je ne me trompe pas, je suis éprise de Richy. Je vais l'appeler, peut-être qu'il sera disponible et nous pourrons faire une agréable promenade...
******
Tandis que j'étais chez moi, mon téléphone se mit à sonner. J'ai pris l'appareil, c'était Merveillia. Alors me disais que c'était peut-être à un appel professionnel.
- Allô ! Bonjour, Madame.
- Bonjour Richy, comment vas-tu et ta matinée ?
- Ça va bien, je rends grâce. Et toi ?
- Tout va bien aussi. Richy, es-tu à la maison ?
- Oui, je suis à la maison.
- Parfait. Tu n'es pas occupé, j'espère ? Ou as-tu des plans cet après-midi ?
- Non, non, je ne pense pas avoir quelque chose de prévu.
- Très bien. Puis-je passer te prendre vers 17 h alors ?
- D'accord, c'est compris, il n'y a aucun problème.
- Merci infiniment. À tout à l'heure...
Après avoir raccroché, des questions tourbillonnèrent dans mon esprit.
- En plein week-end, selon les conventions, nous ne devrions pas être liés au travail. Où cette femme souhaite-t-elle m'emmener ? me demandai-je.
Perdu dans mes pensées, mon téléphone sonna à nouveau. C'était Laurette, la femme de ménage que j'avais rencontrée dans l'ascenseur.