Rencontre indécise
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Chapitre 5 04

CHAPITRE IV

LENA

Une fois dans mon appartement, je vais directement dans ma chambre, je pose mon sac sur mon lit et je file prendre une douche bien froide. Les jets d'eau de la cabine hydromassante m'aident à me relaxer. Vêtue de mon pyjama, je vais dans la cuisine me prendre des fruits. De toute façon, je suis trop chamboulée pour manger un vrai repas. Je vais ensuite m'asseoir devant la télé. Je zappe jusqu'à ce que je tombe sur un documentaire animalier. J'aime beaucoup les animaux et j'en ai plusieurs dans notre maison à Lagos : deux perroquets, trois chats et cinq chiens. Depuis toute petite, les bêtes à poils et à plumes ont toujours été mes compagnons de jeux préférés. Ma timidité presque maladive y est pour beaucoup. Au moins avec eux, je me sens à l'aise. Si je n'avais pas cette passion immodérée pour les livres, je crois que je serais devenue vétérinaire. Mais à cet instant, mes pensées sont tournées vers un animal d'un tout autre ordre : Hakim Hernandez ! Je n'oublierai jamais cette journée, tout comme tous ces autres moments passés près de lui. Et ce n'est que le début ! En me mettant au lit cette nuit-là, j'ai un sourire niais sur le visage en me disant que finalement, je ne lui suis peut-être pas si indifférente que je ne le croyais.

Le lendemain, je me réveille de très bonne humeur, pressée de me rendre à mon travail. Je passe ma garde-robe en revue et mon choix se fait sur une robe écossaise bleue et verte sans manche et à la jupe évasée. C'est ma préférée. Je complète ma tenue avec des ballerines en daim vertes. Dans l'ascenseur, j'ai tout d'abord cet habituel sentiment d'être prise au piège. Je ferme les yeux pour me relaxer et tous les souvenirs de la veille me reviennent. Ils paraissent tellement réels que je suis surprise d'entendre l'ascenseur s'ouvrir. Quand j'arrive au bureau, il n'y a encore personne à l'étage. Normal, il n'est que 7h45. Je pose mon sac et mes clés sur ma table de travail et sur un coup de folie, je me dirige vers celle de mon patron. Je passe la main le long des contours et une fois devant son grand fauteuil, j'ai une irrépressible envie de m'y asseoir. Lena non ! Et si quelqu'un arrive ? Mais non, il n'est même pas encore 8h ! Faisant fi des avertissements de ma conscience, je m'installe sur le siège en cuir qui sent encore le parfum musqué de l'homme de mes fantasmes et je me retourne de sorte à me retrouver face au mur de verre qui donne sur la baie de Biscayne. Waouh quelle vue ! En cette belle journée de Juillet, les rayons du soleil font ressortir le bleu de cette immense étendue d'eau. On peut même apercevoir l'île de Key Biscayne ! Je suis tellement émerveillée par le panorama que je sursaute en entendant cette voix que je reconnaîtrais entre toutes :

-Bonjour Helena ! J'espère que la vue vous sied !

Je regarde à ma gauche. Il est adossé les bras croisés à la porte qui donne sur le salon, dans un costume cravate bleu qui lui va à ravir. Un sourire mi-ironique mi-amusé étire ses lèvres pleines.

-Oh...Mon...Monsieur...Euh...Hakim...Je suis dés...

-Ne bougez pas !

Il s'approche lentement vers moi et comme une idiote, je reste pétrifiée dans le fauteuil, complètement happée par son regard perçant. Il vient face à moi, se penche en tenant les deux accoudoirs et je me retrouve prisonnière. Le visage à quelques centimètres du mien, il me demande :

-Vous vous en êtes sortie ?

Je cligne plusieurs fois des yeux pour revenir à la réalité.

-Qu...Quoi ?

-L'ascenseur. Vous n'avez pas eu trop de mal à le prendre ce matin ?

Il fait sans aucun doute allusion à hier. Heureusement que je suis noire sinon je serais rouge comme une pivoine. Je baisse les yeux, terriblement gênée :

-Non...ça peut aller.

-Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez surtout pas à me solliciter d'accord ?

Je relève les yeux pour voir s'il est sérieux. Apparemment oui.

-D'accord mais je pense que ça ira désormais.

Il se redresse et déclare :

-Bien ! Pouvons-nous nous mettre au travail maintenant ? Une journée chargée nous attend !

Je me lève d'un bond et me dirige vers mon espace, les narines encore imprégnées de son parfum d'homme.

Cette journée et celles qui la suivirent m'apprirent beaucoup sur la société. Je compris enfin pourquoi certaines des personnes travaillant là-bas se tutoyaient. Il y avait un restaurant à l'un des étages, réservé exclusivement aux employés qui préféraient ne pas manger dehors à midi. Tía Sofia profita donc de ces pause-déjeuners pour me présenter à plusieurs personnes et presque toutes se nommaient soit Hernandez, soit Garcia. Même les deux brunes de la réception s'appelaient Sylvia et Maria Hernandez et étaient les cousines de Hakim. Je savais que Garcia&Hernandez Group était une entreprise créée par deux familles qui régnaient dans plusieurs secteurs tels que l'édition, l'audiovisuel, la télécommunication et la grande distribution. Mais que-presque-tous les membres de ces familles bossent là était assez surprenant. L'atmosphère était familiale et très conviviale dans la société.

Quant à l'objet de mes fantasmes, il ne me calculait pas. C'était à croire que j'avais rêvé ce qui s'était passé dans l'ascenseur. Il n'avait qu'un mot à la bouche : travail ! En tant que patron d'une maison d'édition qui avait des filiales un peu partout dans le monde, il avait de très grandes responsabilités. Chaque matin, je le trouvais soit déjà à son bureau, soit dans l'appartement à côté. On aurait dit qu'il vivait pratiquement là. Néanmoins, j'aurais vraiment apprécié qu'il prononce mon prénom pour autre chose que pour me donner des ordres concernant son planning ou la lecture d'un rapport du service financier. En plus, il était en pleine période de négociation pour l'acquisition d'une maison d'édition française en plein déclin. Du coup pas de place pour les galipettes ou toute autre activité qui s'y apparenterait.

Cela fait environs trois semaines que je travaille avec Hakim quand il m'interrompt en pleine lecture d'un manuscrit.

-Non, non ça ne va plus là !

Je lève la tête du document, étonnée. J'ai pourtant cru que l'histoire lui plaisait.

-Euh...D'accord. J'en prends un autre.

-Je ne parlais pas de ce manuscrit. L'histoire est très captivante ! Je parlais plutôt de vous Helena !

-Moi ?

-Oui vous ! Ou plutôt de votre style vestimentaire ! Vous n'avez rien d'autre à vous mettre que ces sempiternelles robes que même ma grand-mère de porterait pas ?

Je jette un coup d'œil à mon habillement. C'est ma robe à col claudine que j'avais mise le premier jour. Je ne vois pas ce qu'il lui reproche.

-Je me suis toujours habillée comme ça à vrai dire. Je les trouve confortable et passe-partout.

-Et insipides et ennuyeuses et...Je vais m'arrêter là ! Vous êtes mon assistante et en tant que tel, vous devez arborer un style avenant et moderne qui reflète bien l'image de cette entreprise !

A ces mots de reproches, je baisse les yeux, une vague de tristesse m'envahissant. Il me trouve insipide et ennuyeuse alors ? Je l'entends soupirer.

-Ne faîtes pas cette tête ! Ce n'est pas votre physique le souci ! Sur ce point là, vous êtes tout ce qu'il y a de plus d'avenant et bien plus encore d'ailleurs !

Je relève la tête et aperçois durant un court laps de temps une lueur de convoitise dans ses yeux. Il prend son téléphone et appuie sur une touche et je l'entends ordonner :

-Nous sortons Wilson donc tenez-vous prêt !

Il se lève et me prend la main.

-Venez ! Nous avons assez travaillé pour aujourd'hui ! En plus, c'est vendredi et la semaine a été très stressante. Raison de plus pour faire quelque chose d'agréable.

-Mais il n'est que 9h...

-Et alors ? Je suis le patron non ? Alors si je décide que la journée de travail se termine maintenant, c'est que c'est le cas !

-Mais où allons-nous ?

-Vous verrez bien ! Mais je pense bien que vous allez apprécier.

Nous passons devant une Tía Sofia interloquée.

-Nous serons absents durant pratiquement toute la journée Tía alors ne nous attends pas.

-Il y a une urgence ?

Il lorgne mes vêtements et répond :

-Oh oui ! Une urgence de la plus haute importance !

-Pedro rentre la semaine prochaine alors même si tu ne viens pas à la réunion de demain, tu as intérêt à être là à celle de samedi prochain ! Toute la famille sera là, même celle de New York.

-Nous en reparlerons Tía Sofia, promis !

-C'est ça ! Allez-y, je me charge de tout.

Dans l'ascenseur qui nous conduit au sous-sol, la présence de Hakim et surtout ma main toujours dans la sienne me distraient de mes angoisses. Je sens son regard scrutateur sur moi mais je n'ose pas lever les yeux. Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je constate que j'ai retenu ma respiration et j'inspire un bon bol d'air. Le parking est bondé de voitures. Normal, la journée de travail ne fait que commencer pour les autres. Une Bentley grise à la coupe racée est garée juste devant nous. Une voiture à la hauteur de son propriétaire. Un homme tient la portière arrière ouverte.

-Bonjour Wilson !

-Bonjour Monsieur ! Votre nuit s'est bien passée ?

-Très bien merci ! Je vous présente Helena Oladeji, ma nouvelle assistante.

-Enchantée Mademoiselle !

Je prends la main qu'il me tend. C'est un homme d'une cinquantaine d'année aux cheveux grisonnants et au sourire contagieux.

-S'il vous plaît appelez-moi Helena.

Il a un regard hésitant vers Hakim qui approuve d'un mouvement bref de la tête.

-D'accord Helena.

Mon patron me fait signe d'entrer dans la voiture puis il fait pareil. Wilson referme la portière et se met au volant.

-Où allons-nous Monsieur ?

-Chez Rosa Stevens !

Curieuse, je demande :

-Qui est-ce ?

-Une conseillère en image.

-Ah !

Son téléphone se met à sonner. Il décroche et bientôt je l'entends s'exprimer en japonais, langue dont je ne connais que les rudiments. Les yeux tournés vers la vitre, j'écoute sa voix de baryton exploiter cette langue étrangère avec un tel brio que je me dis que je ferais mieux de prendre des cours. Tandis que la berline traverse les quartiers de Miami, je prends le temps pour une fois d'admirer cette ville si cosmopolite. Nous roulons dans District Design quand nous nous arrêtons devant l'entrée d'une boutique à la devanture plutôt originale : le mur est parsemé de graffitis. Wilson m'ouvre la portière et en descendant, j'ouvre de grands yeux :

-C'est ici ?

Un rire dans la voix, Hakim me répond :

-Ne vous fiez pas aux apparences Helena.

Il me précède et m'ouvre une petite porte vitrée qui actionne un son de cloche pour signaler notre présence. Et là grosse surprise, tout n'est que luxe et élégance. J'ai l'impression de me trouver dans un boudoir français du siècle dernier. Une femme sublime à l'allure de mannequin et aux manières de diva se dirige droit sur nous, un sourire de bienvenue accroché à ses lèvres. Mince ! Qu'est-ce que je fiche ici ?

HAKIM

Je regarde Helena qui à l'air complètement perdue et je retiens un rire. Je lui caresse légèrement le dos de la main pour la rassurer et voilà Rosa qui fait son entrée.

-Querido ! Comment vas-tu ? Je pensais que tu m'avais oublié !

Son air un peu boudeur m'amuse. Cette Chère Rosa ! Toujours aussi théâtrale ! Je prends la main qu'elle me tend pour y poser un baiser.

-Tu es inoubliable Bella ! N'en doute jamais !

-Toujours aussi charmeur à ce que je vois. Bon, que puis-je faire pour toi aujourd'hui ?

J'attire Helena à moi et la mets face à la relookeuse.

-Ah je vois...Cette fois, cela va te coûter bien plus que des places au théâtre Hakim parce qu'il y a TOUT à refaire !

-Sois gentille s'il te plaît Rosa. Notre invitée parle très bien l'espagnol.

Elle hausse les épaules.

-Alors suivez-moi Ma Chère ! Nous allons faire de vous une femme nouvelle ! Jennifer, annule tous les rendez-vous de la matinée et Sandra, descends les stores. Nous sommes fermés ! Liz, Mary et Kelly, j'ai besoin de votre aide les filles ! Allez les filles, au boulot !

Quelques instants plus tard, je suis installé confortablement dans un fauteuil en cuir, une coupe de champagne à la main. Il n'y a que Rosa pour servir du champagne à 10h du matin! Durant l'heure qui suit, ses mannequins défilent d'abord pour que je choisisse les tenues qui seront essayées par Helena. Ensuite, c'est mon assistante elle-même qui joue au top model devant moi. Au début, je la sens mal à l'aise dans ces vêtements qui soulignent ses formes magnifiques et dévoilent son décolleté attrayant. Mais au fur et à mesure, elle commence vraiment à se détendre et à s'amuser. Elle prend des poses et parfois des mimiques comiques qui arrivent même à me faire éclater de rire. Tailleurs aux matières nobles et à la coupe moderne pour le boulot, des jeans, chemisiers et robes légères pour ses sorties détentes, quelques robes du soir à la coupe recherchée pour les éventuels dîners d'affaires, chaussures, sacs, chapeaux de toutes sortes,...Tout y passe et je la trouve magnifique à chaque fois ! Pendant qu'elle essaie sa dernière tenue, je fais signe à Rosa.

-Oui Querido ?

-Montre-moi ce que tu as en lingerie fine s'il te plait. Il faut que ce soit sexy et confortable en même temps. Notre invitée est assez...prude tu comprends ?

-Où l'as-tu déniché celle-là ? Un vrai joyau qui s'ignore Hakim ! Elle a un physique parfait !

-C'est ma nouvelle assistante.

-Hummm...l'agneau dans l'antre du fauve. La pauvre, elle n'a aucune chance.

Je me mets à rire.

-Quand tu en auras terminé avec les vêtements, tu la confieras à tes esthéticiennes puis à tes coiffeuses. Ah oui et je souhaiterais aussi que vous lui fassiez l'un de vos cours de maquillage.

-Ne t'en fais pas Hakim ! Ce sera un relooking TOTAL !

Helena sort de la cabine, vêtue d'un chemisier au tissu fluide et transparent de couleur pastel, d'un short noir et de sandales ouvertes.

-Alors ? Me demande-t-elle en tournant sur elle-même souriante.

-Vous aimez ?

-Je trouve le short un peu court...mais oui j'aime beaucoup.

-Alors, on les garde. Vous pouvez même rester comme ça vu que nous ne retournons pas au bureau.

-C'est vrai ? Merci !

-Maintenant, on passe à la lingerie.

Ses lunettes manquent de tomber tellement elle est surprise.

-Quoi ?

-Retournez dans la cabine. J'ai fait une sélection pour vous.

Elle repart et quelques minutes plus tard, l'une des assistantes vient me dire :

-Elle refuse de sortir de la cabine ainsi Monsieur.

-Je m'en occupe !

Je m'écrie en portugais, langue que nous sommes les seuls elle et moi à parler dans la pièce :

-Lena, si tu ne sors pas immédiatement de cette cabine, je te jure que j'entre et je te prends au vu et au su de tout le monde !

La menace porte immédiatement ses fruits. Je la vois avancer vers moi vêtue de... Madre de Dios ! Qui est cette pin-up vêtue de cet indécent ensemble bustier-shorty noir en soie et dentelle ?

C'est décidé ! Il me faut cette fille dans mon lit et je l'aurai !

                         

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