C'est sûr que mon réveil veut ma mort.
Il est sept heures quarante trois quand je me décide enfin à l'éteindre. Je replonge la tête dans mon oreiller et rabats la couverture sur moi. L'heure est venue de se préparer pour me rendre à ma dernière journée en tant que stagiaire.
Avant de sortir du lit, je tapote la place froide à côté de moi et souris, les yeux encore fermés. Austin est parti après m'avoir aidé à monter les marches comme je lui avais demandé. Je ne suis vraiment pas une adepte des coups d'un soir, les relations sérieuses sont ce que je recherche même si la présence d'un homme manque à ma vie.
Je me lève et entoure mon corps encore vêtu de ma robe et de la couverture. Finalement peut-être que cette nuit m'aura permise de me décontracter un peu et de penser à autre chose qu'à ce boulot et ce patron.
Je sors de la chambre et me rends dans le salon pour prendre mon téléphone dans mon sac que j'ai jeté par terre hier soir dans la précipitation.
Austin m'a envoyé un message pour me souhaiter une bonne journée.
Comment ça va se passer maintenant avec lui ?
Ce baiser ne voulait rien dire pour moi, rien.
Je ne réponds pas à son message et préfère aller à la cuisine prendre mon petit-déjeuner.
*
J'arrive à l'heure au bureau. Je passe les agents de sécurité et monte dans l'ascenseur qui me dépose à mon étage. Passant devant le bureau de mon employeur, je me rends compte que je n'ai pas pris son café. J'ai vraiment la tête dans le cul. Oh et puis je ne lui prendrai pas. C'est ma dernière journée en période d'essai donc je n'ai plus à remplir ses tâches ingrates. Enfin j'espère.
Je rentre dans mon sanctuaire d'une semaine et m'installe derrière mon bureau. J'allume mon ordinateur pour la dernière fois et consulte les mails de rendez-vous de mon connard de patron.
La porte s'ouvre en grand et laisse place à ma collègue préférée. Je passe une main sur mon visage et lui souris. J'adore Joy mais elle est bien trop en forme pour moi aujourd'hui.
- Salut ma June préférée ! Alors cette réception ?
Je ne détecte aucune pointe de sarcasme dans sa voix. Oh donc elle me demande ça pour de vrai sans arrière pensées.
- C'était cool, je hoche la tête. Je peux te parler d'un truc ?
Bon je fais peut-être une connerie mais j'ai besoin de savoir ce que je dois faire moi qui n'ai pas l'habitude de ce genre de situation.
- Austin m'a embrassé.
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Point de vue Liam
J'arrive avec un peu de retard par rapport à mes habitudes. Dans l'ascenseur, je me coiffe légèrement puisque je n'ai pas eu le temps de le faire avant de partir de chez moi. Sortant de la cabine, je me rends dans mon bureau en passant devant celui fermé de ma secrétaire. Enfin, future secrétaire officielle.
Je jette ma sacoche et vais m'assoir sur ma chaise de bureau.
Instinctivement, je regarde mon bureau pour voir si ma belle stagiaire à pensé à mon café mais comme je m'y attendais, il n'est pas là. Je suis sûre qu'elle s'est dit qu'elle n'avait plus à le faire puisque sa semaine d'essai était terminée.
Grossière erreur ma belle.
Des rires se font entendre de l'autre côté de mon bureau mais je n'y prête pas attention. Du moins jusqu'à ce qu'une voix féminine autre que celle de Mademoiselle Miller résonne.
- Vous vous êtes embrassés ?!
Automatiquement mes poings se ferment et je grogne. D'abord parce que j'interdis toute discussion autre que le travail ici. Mais aussi parce que à moins que les personnes soient trois dans le bureau cela voudrait dire que...
L'idée qu'un homme autre que moi ait eu le plaisir de toucher ses lèvres me traverse la pensée.
Non ! Enfin c'était pas prévu ça !
Je chasse cette idée de la tête et prends le téléphone, furieux. Je compose son numéro elle décroche rapidement.
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Point de vue June
- Parle moins fort ! Je chuchote à Joy et elle fait un geste de la main pour montrer qu'elle s'en fout.
- Tu as embrassé Austin ? Me chuchote mon amie à son tour. C'était comment ? Attends vous sortez ensemble ?
- Calme toi ! On a pas couché ensemble non plus !
Nous sommes interrompu par la sonnerie du téléphone de mon bureau. Rapidement je reprends de la prestance me lève et décroche.
- Bureau de la secrétaire de rédaction de Carter Magaz-
- Mademoiselle Miller dans mon bureau tout de suite.
Oh. J'ai peur. Et s'il avait entendu notre conversation ? Oh et puis je n'ai rien à me reprocher. C'était qu'un petit bisou.
J'annonce à Joy que je suis convoquée et sors de mon bureau pour entrer dans celui du patron. Tremblante, je pousse la porte du brun et dirige mon regard vers le sien, rivé sur ses mains jointes sur son bureau. Mes pas jusqu'à son bureau se font lents et bruyants contrairement à ce que je voudrais. Maintenant installée sur une des chaises devant son bureau j'attends qu'il prenne la parole.
- Comment s'est passée votre soirée d'hier ? Me demande-t-il avec du sarcasme dans sa voix.
Il nous a entendu ?
- Elle s'est très bien passée, merci. Dis-je en paraissant la moins nerveuse possible.
J'ai envie de partir en courant.
- Hum, il me lance un regard froid et je baisse la tête, je vous ai appelé pour qu'on parle de la fin de votre période d'essai.
- Je vous écoute, je prononce d'une voix basse .
Monsieur Carter se lève et fait le tour de son bureau pour s'assoir sur la tranche de celui-ci.
- J'accepte de vous engager pour le poste de secrétaire de rédaction.
- Vraiment ? Je l'ai ?
Mes pieds tapent d'un bruit sourd le parquet du bureau tandis que je me me redresse pour lever mes bras dans les airs.
Oh merde. Mais qu'est-ce que je fous ?
Immédiatement la honte me gagne et je baisse la tête sur mes talons. J'arrive pas à croire que j'ai pu faire ça et devant lui en plus. Et puis, moi qui pensait ne pas accepter de rester on dirait que j'ai fait un choix plutôt rapide.
Devant moi, un son délicieux résonne et je me surprends à sourire. Relevant la tête vers mon patron son rire qui parvient à mes oreilles est contagieux.
- Pardon, je secoue la tête sans arrêter de sourire , vraiment. Je sais pas ce qu'il m'a pris.
- Vous êtes incroyable, Monsieur Carter pince ses lèvres et mes yeux viennent se poser sur celles-ci naturellement. Je vais vous montrer votre nouveau bureau.
Sans un mot de plus, je le suis à travers le couloir en l'observant saluer d'autres hommes aussi bien habillés que lui. Nous nous arrêtons dans un bureau non loin du sien et je le regarde enlever la poussière sur la poignet.
Il sort une clé de sa poche et déverrouille la porte en me laissant entrer avant lui.
D'immenses baies vitrées semblables à celle de son bureau ornent les fenêtres pour ma plus grande joie. Cette pièce qui semble avoir été quelque peu oubliée possède tout ce dont je pourrais avoir besoin un bureau ainsi qu'une chaise de bureau. Une grande armoire siège à ma droite où sont déjà entreposés de nombreux dossiers. L'ordinateur posé sur le bois de la table semble être le même modèle que le précédent tout comme le téléphone fixe servant de standard.
Je m'approche des fenêtres et observe la vue sur New York. C'est tellement beau, bien plus joli que la vue sur une rue chez moi.
- Vous aimez la vue ? M'interroge mon supérieur.
Les mains dans les poches, il s'approche de la fenêtre et se place à côté de moi. Mes yeux scrutent les siens à la recherche de malice mais je ne le trouve pas.
C'est bien la première fois que ça arrive.
- C'est magnifique, je m'extasie, je n'arrive pas à croire que certaines personnes ont le plaisir de travailler avec une vue comme celle-ci.
- Et bien vous faites partie de ces personnes maintenant, il me sourit légèrement.
Il me sourit. Il me sourit sincèrement. Mon connard de patron me sourit sincèrement.
- Je vais vous laisser, il se gratte la gorge et semble reprendre sa froideur. Vos nouvelles tâches sont sur votre bureau. J'ai des rendez-vous toute la journée donc je vous revois lundi.
- Très bien.
C'est incroyable.
Nous avons parlé sans que je n'ai envie de le frapper.
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Point de vue Liam
Avant de refermer la porte je prends soin d'observer ses belles courbes que je ne verrais pas pendant deux jours. L'homme parle, que voulez-vous ?
De retour dans mon bureau, mes pensées se dirigent à nouveau vers elle, la belle blonde qui n'en sort jamais. Sa petite dance de tout à l'heure m'a enlevé toute trace de colère que je pouvais avoir en moi et étonnamment son rire m'a fait du bien.
Patienter jusqu'à lundi va être long, trop long. Je n'ai pas envie de la laisser rentrer, j'aimerais en savoir plus sur elle, la faire mienne pour une soirée .. Et peut-être un peu plus...