- Il y a un peu plus d'une semaine mais ça ne fait que deux jours que je suis officiellement dans l'équipe, j'essaie de lui sourire mais je suis plus crispée qu'autre chose.
- Hum. Et mon fils est un bon patron ?
Mon employeur qui jusque là n'écoutait que très peu la conversation devient intéressé et relève la tête. Ma mère quant à elle, me regarde attentivement pour que je ne dise aucune connerie.
Oh c'est marrant.
- Oui, il est très aimable et à l'écoute de ses employés.
Ma mère sourit au père de mon employeur même si je n'ai rien fait d'extraordinaire et mon patron lui étire un sourire en coin. Est-ce qu'il a compris que je me foutais de lui ?
- Monsieur Carter, ma maternelle continue dans la lancée, je me permets de vous demander. Ma fille est une bonne employée ?
Non mais c'est pas une réunion parents-professeurs hein.
Mais pitié dites un truc gentil.
- Votre fille est une employée modèle, il hoche la tête et lui sourit. Elle est très ponctuelle et toujours très heureuse du travail qu'on lui donne.
Aie. Vu le regard qu'il me donne, il a compris que j'avais exagéré mes propos.
Sombre connard. Il ne mériterait qu'une gifle.
*
Le repas s'est terminé très rapidement. Le courant à l'air d'être bien passé entre ma mère et Jacques, le père de mon employeur. Les sourires vaguaient sur leurs visages et pour la première fois ma mère semble à l'aise avec un homme.
Pour l'heure nous sommes sur le parking de l'entreprise.
- Que diriez-vous de se refaire un dîner comme ça chez moi demain soir ? Propose Jacques et je prie pour que ma mère réponde négativement.
- Nous en serions ravies pas vrai ma puce ?
Dépassée, je hoche la tête en faisant le plus beau sourire forcé qu'il m'ait été donné de faire.
- Mademoiselle Miller et moi allons y aller, m'apprend mon supérieur, nous avons du travail à faire.
- Exactement, j'ajoute pour fuir le plus loin possible. À demain alors.
Je lance un nouveau regard noir à ma mère puis pars dans le bâtiment. Je l'aime, beaucoup. Mais elle sait que je déteste ce type alors pourquoi m'obliger à passer une soirée de plus avec lui et son père ? Même si je suis contente de voir que ma mère se soit bien entendue avec un homme, j'aurais préféré que ce soit avec quelqu'un d'autre que le père de mon patron.
Dans mon dos, Monsieur Carter me suit. D'après ce que j'entends, il semble tapoter sur son écran de smartphone vivement. Il a plutôt l'air de bien marcher, moi qui me faisait du souci.
J'arrive devant l'ascenseur et appuie sur le bouton. Alors que je crois être à nouveau seule, je remarque mon chef à ma gauche, qui attend lui aussi. Je rentre dans l'ascenseur suivie par ce très cher homme. Les portes se referment et il appuie sur le bouton de notre étage. Collé aux parois de l'ascenseur, il esquisse un sourire mesquin.
- Votre sourire était vraiment très surjoué, me dit-il puis mord sa lèvre inférieure certainement pour s'empêcher de rire.
Je suis sûre qu'il n'a même pas idée de combien il est craquant quand il fait ça.
- Et bien au moins vous savez que cette idée de dîner m'enchante guère.
- Je ne vais pas vous cacher qu'elle ne m'enchante pas non plus, il soupire et passe ses mains dans ses cheveux.
Au moins nous sommes d'accord sur ce point. Les portes s'ouvrent et il sort, ne m'attendant pas.
- À plus tard Mademoiselle Miller.
Je me précipite dans mon bureau et ferme la porte derrière moi. Putain de merde.
Comment je vais faire ?
____
Point de vue Liam
Est-ce qu'on peut m'expliquer comment je vais faire pour résister à l'envie de lui sauter dessus demain soir au dîner ? Je n'arrive même pas à rester dans une pièce sans avoir envie de lui sauter au cou. J'ai envie d'embrasser ses belles lèvres pulpeuses, l'entendre hurler mon prénom, sentir son corps contre le mien...Mais je ne peux pas, tout simplement. Dire qu'elle se trouve dans le bureau juste à côté...
Je desserre ma cravate pour me laisser respirer et m'assois sur ma chaise de bureau. Les pieds sur la table, je réfléchis. Un bruit sur la porte puis celle-ci qui s'ouvrir me fait revenir à la réalité.
- Monsieur Carter, votre rendez-vous de quinze heures est arrivé, m'informe un de mes employés.
- Très bien, faite le rentrer.
Encore une longue après-midi en vue...
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Point de vue June
Ce matin, je me réveille tracassée. Je n'ai aucune envie d'aller au dîner ce soir mais ma mère m'a dit, je cite "nous retrouver avec d'autres personnes ne peut nous faire que du bien" et elle a ajouté ce sourire rassurant que j'aime chez elle. Du coup je suis carrément obligée d'y aller et je ne peux trouver aucune excuse puisque je verrai mon patron au travail toute la journée.
À moins que je me fasse passer pour malade.
J'arrive pile à l'heure au bureau. Aujourd'hui j'ai préféré porter un pantalon noir ainsi que des chaussures à talons qui me permettent de marcher correctement. J'ai pensé que ça énerverait ma mère, elle qui veut tant que je porte des robes.
On se venge comme on peut.
Je sors de l'ascenseur et vais vers mon bureau, mon café à la main. Passant devant le bureau de mon patron, je remarque que la porte de celui-ci est entrebâillée. Doucement, je l'ouvre et constate que la lumière est éteinte plongeant la pièce dans le noir étant donné que les rideaux sont presque fermés. Mais ce qui me choque le plus, c'est mon supérieur, assis sur sa chaise, la tête dans ses bras. Seul un léger ronflement se fait entendre.
Il a dormi ici ?
Je m'avance jusqu'à son bureau et en fais le tour pour me trouver à ses côtés. Je l'appelle mais je n'ai pas de réponse. Je prends l'initiative de le secouer pour le réveiller. Il grogne et plonge encore plus sa tête dans ses bras.
- Monsieur Carter, il faut vous réveiller.
Ses yeux s'ouvrent à moitié et il les referme immédiatement.
- Si c'est un rêve, laissez-moi dormir.
- Quoi ?
Soudainement, ses yeux s'ouvrent à nouveau et il se redresse, les cheveux en bataille.
C'est mignon.
- Qu'est-ce que vous faites dans mon bureau ?
- J'ai vu la porte de votre bureau ouverte et je suis rentrée pour voir si tout allait bien, je lui explique calmement tandis qu'il se lève de sa chaise. Vous avez dû vous endormir ici hier soir après votre dernier rendez-vous.
- Oh...
- Vous voulez que j'aille vous chercher un café ?
Croyez-moi je fais tout les efforts du monde pour être gentille.
- Vous feriez ça ?
Il paraît étonné et ça me fait mal qu'il pense que je n'ai pas de cœur à ce point. Certes je ne l'aime pas plus que ça. Mais mon côté humain ressort beaucoup devant des gens qui comme lui peuvent se montrer aussi touchants.
- Je vous ai apporté le café pendant une semaine, je peux bien le faire un jour de plus.
Je commence à sortir du bureau sans attendre de réponse de sa part.
- Mademoiselle Miller ?
Je me stoppe dans ma marche et me retourne pour regarder Monsieur Carter me sourire.
- Merci.
Encore perturbée, je sors en vitesse et referme la porte derrière moi.
Mon patron vient de me remercier.