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Chapitre 3 Chapitre 03

Chapter 3 : Le couple pastoral

** Paul Ivala **

J'avais les yeux fermés et ma tête, qui se secouait au rythme de la prédication que j'étais en train d'écouter, était penchée vers l'arrière. Je suis restée dans cette position tout le long qu'a duré la prédication avant de me remettre au travail. Lorsque quinze heures a sonné, j'ai pris mes affaires puis je suis sortie du bureau en saluant tout le monde.

Je suis monté dans ma voiture en posant mes affaires sur le siège du côté passager avant d'introduire la clé dans le contact et de démarrer. C'est dans la concession de la maison que j'ai garé la voiture. J'ai pris une grosse inspiration avant de prendre mes affaires et me rendre dans la maison.

C'est ma femme qui m'a ouvert la porte, je lui ai fait un chaste baisé avant de continuer mon chemin. Elle m'a suivi dans la chambre avec mes affaires que j'avais laissées sur la table du salon. Elle les a posés avant de m'aider à me déshabiller et une fois la chose faite, elle s'est mise à me masser les épaules.

Moi (soupirant d'aise) : Merci Rose...

Rosalie (continuant le massage) : Je t'en prie. Alors tu as passé une bonne journée ?

Moi (soupirant) : Dans l'ensemble oui ! Je rends grâce. Mais malheureusement elle n'est pas encore terminée.

Rosalie (rire) : Ça ira, tu es un gar solide.

Je l'ai tiré la par le bras de sorte qu'elle atterrisse sur mes cuisses avant de l'embrasser langoureusement. C'est le genre de chose qu'on ne peut pas faire devant les enfants dans le souci de ne pas les encourager dans la voie sexuelle avant l'heure. Et c'est donc lorsqu'on se retrouve à deux dans notre chambre qu'on peut enfin se lâcher !

Des fois je me demande ce qui nous a pris d'avoir des enfants [rire], mais je chasse très vite cette idée de ma tête car Dieu fait grâce à qui il veut et lui seul sait pour quelle raison on a eu nos enfants à ce moment-là de nos vies. Enfin ! Ceci pour dire qu'on prend nos précautions pour inculquer des bonnes valeurs à nos enfants, si bien que je doute fort qu'ils nous aient déjà vus nous embrasser.

D'ailleurs, mes parents faisaient la même chose pourtant n'étant pas très croyants. C'était le prototype même des parents africains : ils ne s'embrassaient jamais, mais avait un bataillon d'enfants derrière eux [rire]. Enfin, ceci pour dire que c'est dans ça que j'ai grandi et je compte le transmettre à mes enfants et eux, aux leurs et ainsi de suite.

...

On a eu le temps de faire un tour rapide avant de descendre tous sourire dans le salon. Nous sommes passés à table avec Eliakim avant que ce dernier ne débarrasse. Je suis monté, changer de vêtements avant de sortir et revenir dans le salon.

Moi (prenant mes clés de voiture) : heu, donc j'y vais. Tu vas passer en soirée avec les enfants ?

Rosalie (levant les yeux) : Je vais d'abord passer par le marché avant. Et si j'ai du temps, je passerais. Mais ne compte pas trop là-dessus.

Moi (la fixant) : C'est quand déjà la réunion des femmes ?

Rosalie : Mercredi.

Moi (les yeux doux) : Donc tu ne viens pas assister ton mari ?

Rosalie (rire) : C'est la réunion des hommes, vous avez besoin de moi pour faire quoi ? Faites vos choses, lorsque ce sera notre tous on va aussi faire pour nous.

Moi (souriant) : D'accord. Donc à ce soir ! [Bisou sur la joue]

Rosalie (me fixant) : A ce soir chéri.

J'ai pris mon porte document avant de sortir de la maison. J'ai déverrouillé le véhicule puis, après avoir introduit la clé dans le contact, j'ai mis le cap vers l'église. J'ai allumé le lecteur radio en mettant une des louanges de mon répertoire, que je mimais sur le chemin afin de passer le temps.

J'ai garé dans le parking et après avoir salué ceux qui se trouvaient sur mon chemin, je suis rentré dans mon bureau. J'ai posé mes affaires avant m'assoir confortablement sur mon siège. Quelques minutes plus tard, l'une des filles de l'ancien [grade dans l'église dite de réveil] m'a apporté une bonne tasse de lait.

Je l'ai posé sur la table avant de commencer à rendre grâce à Dieu pour la journée, pour la santé de ma famille et pour tout le reste ; j'ai recommandé la réunion des que je devais présider avant de tranquillement attendre l'heure de celle-ci. Une fois que tout le monde était enfin là, je suis sortie du bureau et après une prière collective, on a commencé.

-

Finalement, il n'y avait qu'Eliakim qui était à la réunion. Rosalie n'est même pas venue ne serait-ce que pour nous faire passer un bonsoir rapide [rire]. Enfin, pas grave ! Mais je ferais mine d'être fâché le soir en rentrant. J'ai discuté avec quelques frères à la sortie avant de recevoir quelques personnes.

C'est le pauvre Eliakim qui était déjà gonflé à bloc vu l'heure. J'ai dû appeler Rosalie afin qu'elle vienne le récupérer parce que vingt-deux heures sonnait déjà à la porte. En plus, demain il a cours. Je ne peux pas imposer des règles et les enfreindre juste parce que je suis le chef de famille, d'autant plus que la réunion est terminée depuis vingt heures.

J'aurais l'air de quoi dans le rôle du « fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Je suis chef de famille, un mari et un père, c'est peut-être incroyable, mais ce sont des rôles que je prends très au sérieux. Et encore plus depuis que j'ai accepté Jésus comme sauveur et seigneur personnel. C'était un acte anodin, mais je peux dire que quelques années après l'avoir fait, je suis très heureux ! C'est le meilleur choix que j'ai pu faire dans ma vie.

Comme dans la majorité des familles africaines en générales et gabonaises en particulier, les choses ne sont pas simples. Il y a des autels et des forteresses qui ont été érigées au sein des familles. Des soit disant « pouvoirs » qui sont transmis de pères et fils et de mères en filles. Nos pères étaient tellement encrés dans la tradition qu'ils sont même arrivé à nous donner à certaines divinités pour garantir notre sécurité [Suivez mon regard] je sais très bien que bon nombre d'entre vous, savez de quoi je parle...Et le fait que j'accepte le seigneur dans ma vie à m'a libéré de tout asservissement aux traditions.

Dans certaines religions usent même de certaines méthodes dérisoires tels que les scarifications afin d'être protéger ! Jésus a été battu pour ma vie, alors je sais désormais que seul lui me protège. Je n'ai pas besoin de m'infliger de telles souffrances corporelles. D'autres vont chez les gangas donner des bouts de cheveux ou des ongles ; certaines fois ils vont même jusqu'à donner un peu de leur sang pour une gloire éphémère.

La bible dit que mon peuple périt faute de connaissances, et Dieu voulant aujourd'hui je sais ! Aujourd'hui j'ai la connaissance nécessaire et il y a des choses qui me sont inadmissible de faire. Lorsque je vois certaines personnes se livrer à telles pratiques, j'ai envie de leur demander pour quelle raisons ? Savez-vous réellement ou vont ce que vous donnez ? Bref, je ne crois pas qu'une personne ayant conscience de sa propre vie s'adonne à ce genre de choses.

-

Ce n'est qu'à vingt-trois heures que j'ai pu enfin quitter le bureau. Il ne restait plus que Jeanne dans l'église. J'ai pris mes affaires et j'ai fermé derrière moi.

Moi (le fixant) : Allons, je te raccompagne chez toi.

Jeanne (se levant) : Merci papa.

Moi (souriant) : ...

Elle est montée du côté passager et moi de celui conducteur avant de prendre la roue. En un rien de temps on s'est retrouvé dans les baffons d'Ozangué. Il faut aussi dire qu'à cette heure-là la circulation est fluide. Je n'avais pas réalisé qu'elle habitait si loin [soupire]...C'est devant la porte de chez elle que je l'ai laissé en prenant le soin de saluer ses parents, puis j'ai mis le cap a Batterie IV.

J'ai garé dans le parking de la maison à Minuit passé. J'ai longuement soupiré avant de prendre mes affaires et de rentrer à la maison. J'ai trouvé Rosalie dans le salin en train de faire un peu de lecture. Lorsqu'elle m'a vue, elle a fait réchauffé ma bouffe que j'ai eu peine à manger. Passée une certaine heure, la nourriture n'a plus de gout dans ma bouche [soupire]. J'ai tant bien que mal terminé mon assiette avant d'aller blottir dans les bras de ma femme et que Morphée nous emmène.

Comme d'habitude, c'est à trois heures que nous nous sommes réveillés afin de faire la prière. Une fois celle-ci terminée, j'ai demandé à Rosalie d'aller voir dans la chambre des filles pendant que moi j'allais dans celle d'Eliakim ; juste histoire de voir s'ils dorment tous. Rosalie est revenue dans la chambre la tronche bien amarrée.

Moi (levant les yeux) : Alors ?

Rose (montant sur le lit) : Mais elles dorment ! Tu pensais que quoi ? Tchrr...

Moi (soupirant) : Tu vas tirer la tronche longtemps ?

Rose (mon montrant son dos) : Pardon Bonne nuit !

Moi (souriant) : Il est cinq heures moins Rosalie, bonne nuit de quoi ?

Rose : ...

Vu qu'elle ne réagissait pas, j'ai posé ma bible et mes lunettes sur la table de chevet avant de m'approcher d'elle. Je l'ai caressé d'abord le long du bras dans l'espoir d'avoir une réponse et vu que ce ne fut pas le cas, j'ai passé mes main sur ses hanches et l'embrassant dans le dos.

Rosalie (se retournant brusquement) : Ivala c'est quoi ? Je veux dormir !

Moi (la fixant) : Tout d'un coup tu as retrouvé la parole ?

Rose (soutenant mon regard) : Qu'est-ce qu'il y a ?

Moi (posant ma tête sur sa poitrine) : Tu es fâché ?

Rose (soupirant) : Tu sais bien que oui.

Moi (rire) : Toi aussi tu as un petit cœur hein madame Ivala. [Levant les yeux] Qu'est-ce qu'il y a ?

Rose (soutenant mon regard) : Tu ne trouves pas que tu y vas un peu trop fort avec les enfants ?

Moi (me décollant immédiatement d'elle) : Nous y revoilà...

Rose (s'approchant de moi) : Tu as voulu savoir non ? Voilà ! De quoi tu te plains encore ? Je trouve que tu es beaucoup trop dur avec les enfants mais surtout avec Theresa.

Moi (la fixant dépassé) : Je suis trop dur avec les enfants ? Pourquoi tu réagis comme si tu ne connaissais pas ta fille ?

Rose (soupirant) : Mais peut-être qu'elle réagit de cette manière parce que tu es trop présent dans leur vie ? Ils ne respirent même plus tellement tu leurs mets la pression. Tout le monde n'est pas toi Paul ! Comprends une bonne fois pour toute que tout le monde n'est pas toi.

Moi (pouffant de rire) : je suis loin d'être parfait Rosalie, mais je n'accepte pas que tu remettes en cause l'éducation que je donne à mes enfants.

Rose (me fixant) : Justement il s'agit de toi, pas des enfants ! La personnalité de tout un chacun est différente et ne cadre pas avec forcément avec tes agissement Paul.

Moi (la fixant) : Tu as déjà vu Ruth se plaindre ici de mon éducation ? Ou mieux Eliakim t'a déjà dit que je le traitais mal ?

Rose : Mais...

Moi (d'un ton sec) : Garde ta salive chérie, je vais te répondre ! NON ! La réponse est NON ! Pour a simple et bonne raison selon laquelle ils savent que c'est moi le père et eux les enfants alors c'est normale que je prenne les décisions ! Il est tout à fait normal qu'ils se conforment à mes règles plus que vivant dans ma maison. Tout le monde ici sait à quelle heure cette maison se ferme et tout le monde le respecte. Mais lorsqu'il s'agit de de Theresa les règles sont trop dures ! Je ne comprends pas pour quelle raison tu es si molle lorsqu'il s'agit de Theresa ! Avec elle on ne doit pas parler, parce qu'elle est sensible ; On ne doit pas la surveiller ; Elle a besoin de son espace et j'en passe ! Si elle veut faire sa loi, qu'elle foute le camp de chez moi ! Ça c'est quoi ?

Rose (soupirant) : Si tu ne voulais pas discuter, il ne fallait pas me poser la question. D'ailleurs, je ne sais même pas à quoi je pensais lorsque je me suis mis à discuter avec le Pasteur.

Moi (roulant les yeux) : Pasteur ou pas, je suis ton mari et leur père Rosalie.

Rose (me fixant) : Mais tu ne te comporte pas comme leur père, mais plutôt comme les Pasteur de l'église. Peut-être que si tu étais moins Pasteur et plus père, les choses irait mieux !

Moi (rire) : Tu ne dis rien Rosalie. Avant que je ne sois Pasteur, Ruth était déjà née ; J'étais déjà comme je suis là. Donc ton argument n'est pas valable. J'élève mes enfants avec la même poigne et ce depuis toujours. Ta fille est juste têtue, et tant qu'elle affichera ce comportement dans ma maison, je resserrerais encore plus le boulon. Encore et encore.

Rose (me tournant le dos) : Bref, fait comme tu veux Paul, ce sont tes enfants.

Moi (rire) : Ne t'inquiète pas, je ne comptais pas changer...

Elle n'a plus rien ajouté et moi aussi d'ailleurs. J'ai fini par m'endormir quelques heures avant que les premiers rayons ne me fassent quitter mon lit. Après la dévotion matinale [prière du matin], je me suis rendue dans la salle de bain afin de prendre ma douche et de m'habiller avant de me rendre dans le salon.

J'ai fait le bisou aux filles et salué Eliakim avant de prendre place autour de la table. C'était dans une ambiance bonne enfant qu'on a pris le petit déjeuner. Une fois que sept heures a sonné, on s'est tous levé pour embarquer dans la voiture. J'ai déposé les enfants devant le portail avant de me rendre au boulot.

Au milieu de la journée, je suis passé à l'église afin de prendre Rosalie et d'aller déjeuner dehors. Cette invitation a eu l'effet de surprise recherchée. On s'est rendue dans un restaurant dans la zone de Charbonnage qui m'a couté les yeux de la tête [rire]. Mais le simple fait de voir le sourire sur le visage de ma femme a passé du baume sur mon cœur.

On a un peu dirigé avant de partir. Je l'ai déposé là où je l'ai trouvé, donc à l'église, puis je suis retourné au boulot. La journée ne fait vraiment que commencer [soupire].

...

Lorsque j'ai connue Rosalie, elle était fraichement détentrice d'un baccalauréat D au lycée national Leon Mba. Elle avait la peau qui attire tout le monde et les cheveux disproportionnellement bouclés. C'était encore la bonne époque où ce lycée avait encore toute la crédibilité et était une référence en matière d'éducation au Gabon. Donc Rosalie venait d'avoir son bac pendant que moi, je charbonnais à l'Université Omar Bongo (U.O.B) afin de valider ne serait-ce que la première année.

La chance que j'ai eu, c'est le fait qu'elle et moi prions dans la même église et donc j'avais l'occasion de lui parler...mais uniquement après les cultes hein [rire]. Moi qui n'étais pas vraiment affermis dans la foi, j'étais là à toutes les réunions de l'église sans exceptions aucunes. Le jour où j'ai pu obtenir son numéro de téléphone, je suis allé donner une enveloppe de trente mille franc à l'église. C'est drôle, mais c'était un pari que j'avais fait avec Dieu et comme il fait bien les choses, il avait gagné.

Donc de fils en aiguilles, les choses se sont faites et après maintes tentatives elle a finalement accepté de sortir avec moi. Bien sûr, on était jeune donc c'était sans l'aval des parents. Plus le temps passait et plus notre relation avançait. Puis, tout d'un coup ses parents ont décidé de l'envoyer continuer ses études à l'étranger. Ce jour-là j'ai senti mon cœur quitter ma poitrine pour aller se loger à mes pieds.

Qu'est-ce que je pouvais bien faire simple étudiant boursier de mon état ? Ma mère c'était cassé en mille pour nous mettre mes frères et moi à l'école avec les sous de son simple commerce de manioc. Qu'est-ce que les petits soixante mille pouvaient faire devant le Canada ? Je n'ai eu d'autre choix que d'accepter.

C'est pendant les vaccins obligatoires pour le certificat médical et en présence de son père qu'elle découvre qu'elle est enceinte et qui plus être, d'un pauvre diable comme moi. Son père a voulu qu'elle se fasse avorter le fait qu'elle dise qu'elle ne le ferait jamais lui a valu d'être mise à la porte sans un vêtement, si ce n'est ce qu'elle portait sur elle. C'est toute trempé qu'elle s'est pointée devant la porte de ma modeste chambre d'étudiant.

Les mois qui ont suivis étaient les plus rudes de ma vie, une fille de riche qui ne connaissait même pas ouvrir une boite sardine ni faire cuire du riz. C'est limite si elle arrangeait le lit au levé. Je n'avais pas le temps pour moi et encore moins pour elle. Je devais jongler entre deux boulots, l'école et l'église, sans compter la vie de famille qui m'attendait à la maison.

Lorsque le bébé est né [Ruth], j'ai demandé Rosalie en mariage et vers la fin de l'année on a emménagé dans notre maison. J'avais réussi avec ma Licence en Sciences économiques et sociales à avoir un boulot d'enseignants dans les lycées et elle avait un petit boulot en journée afin d'arrondir nos fin de mois. Le matin on allait déposer Ruth à l'église avant d'aller à nos occupations respectives.

On a roulé comme ça pendant un peu plus de deux ans. J'ai bien essayé d'aller voir son père, mais la réponse était la même à chaque fois. Le jour des vingt deuxième anniversaires de Rosalie, on a appris que ce dernier était mort. La pauvre a fait une dépression pendant cinq long mois, ou je portais notre famille sur mes épaules, avant de tourner la page. C'est lorsque j'ai été ordonné Pasteur que Rosalie a eu la grossesse de Theresa et quelques années plus tard, celle d'Eliakim.

...

Afin de me consacrer pleinement à l'église j'ai dû renoncer à mon poste à l'éducation nationale. Et comme les recettes de l'église sont uniquement consacrées à la construction et l'aménagement de celle-ci, j'ai du très vite me trouver une autre activité. C'est comme ça qu'après avoir suivi une formation non rémunéré de deux ans et demi en Finances et Comptabilité, j'ai ouvert mon établissement financier.

Une fois qu'il a commencé à générer des profits j'ai demandé à Rosalie d'arrêter de travailler afin de s'occuper des enfants car ne voulant pas que des étrangers s'en occupent. Et ça tombait même bien car on venait à peine d'avoir Eliakim.

Des fois je me demande ce qu'aurait été la vie de Rosalie si elle n'était pas tombée enceinte. Si elle était finalement partie au Canada afin d'avoir son diplôme de docteur au lieu de rester avec un niveau d'infirmière de seconde zone. Si son père ne l'avait pas mise à la porte ce jour-là. Si....si je n'étais pas entré dans sa vie.

Il faut dire que je me sens un peu coupable de tout ce qui a pu lui arriver. Elle avait la vie et la jeunesse devant elle et à cause de moi, elle s'est retrouvée mère à vingt ans seulement. Raison pour laquelle, je n'ai pas voulu qu'elle travaille. Je vais lui offrir tout ce dont elle a toujours rêvée, comme compensation de la vie qu'elle a à cause de moi.

Je ne dis pas qu'elle est malheureuse, je dis juste qu'à cause de moi, elle a dû taire ses désirs juste pour moi [soupire]. Je lui dois ça, je lui dois bien ça.

-

Après le boulot, je me suis directement rendue à l'église.

Aujourd'hui c'est mardi et comme d'habitude, c'est le jour où on s'occupe de la comptabilité. Les dîmes sont uniquement pour la construction et l'embellissement de l'église ; les différentes offrandes et une partie des actions de grâce sont pour payer les factures d'eau et d'électricité. Pour ce qui en est des autres dépenses, je me charge d'elles.

Après toute l'après-midi à compter les sous, j'ai tout fermé en laissant le double des clés aux autres responsables présents avant de prendre la route. Je me suis arrêté sur le chemin afin de prendre des pizzas et quelques fleurs naturelles.

Une fois à la maison, on s'est tous jeté sur les pizzas avant que chacun ne regagne sa chambre. Je me suis rendu dans la salle de bain afin de prendre une douche et de me changer, avant de rejoindre Rosalie sur le lit. Je l'ai enlacé délicatement au niveau de la taille et elle s'est de suite retournée pour me faire face.

Moi (la fixant) : Je t'aime Rosalie...Et je vais faire un peu plus d'efforts afin de laisser les enfants respirer.

Rosalie (souriante) : Merci Paul.

Moi (levant les yeux) : Vraiment il a fallu que tu rentres dans ma vie et y apporte cette douceur.

Rosale (rire) : Vraiment ! Encore l'homme noir avec la brutalité.

Moi (faussement outrée) : Rosalie c'est parce que tu as un peu le teint qui sauve là que tu veux me parler ? La vie n'est rien !

Rosalie (éclatant de rire) : Le teint qui sauve !? [Rire] D'accord.

On a fini enlacé sous les draps avant que les premiers rayons ne nous obligent à nous séparer.

*Avec mes plus sinceres excuses

            
            

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