La sœur du flic
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Chapitre 3 No.3

La première fois, ça a marché, je vais donc renouveler l'opération, j'ai besoin de liquide et je me motive en me disant que j'ai la voiture, mes vêtements sont neufs et je viens de passer des vacances, mon capital va me permettre de vivre beaucoup plus longtemps. J'ai parfaitement conscience que plus j'utilise ma technique plus je prends des risques, la police va mettre le paquet pour m'identifier, ils ne peuvent se permettre de me laisser agir à ma guise.

Je sélectionne trois agences, elles doivent être dans une rue sans caméras, proches d'un lieu où poser l'argent discrètement et visibles depuis une cabine téléphonique en état de marche.

Le lendemain, je pars tôt le matin pour assister à l'ouverture de la première et vérifier mes critères de sélection, le directeur arrive, c'est un monsieur d'environ cinquante ans, je ne le sens pas, il y a un risque que pendant son service militaire il ait vu des explosifs et il éventera immédiatement mon piège, certes c'est subjectif, mais je ne veux pas prendre de risques. La deuxième agence correspond parfaitement à mes critères, le directeur, comme la première ne m'inspire pas, je vais voir la troisième cette fois la directrice est une jeune femme très sophistiquée, j'ai du mal à l'imaginer passionnée d'armes et d'explosifs, il y a un container à proximité et la cabine fonctionne, je la sélectionne.

Le lendemain, je vais faire mes courses, cette fois je change un peu, à la place des bougies je prends de la pâte à modeler, des fils électriques, je trouve dans une benne à encombrants un ancien poste radio et je change de chocolaterie, je vais dans un autre quartier.

En rentrant, gants vaisselle pour tout essuyer, je mélange la pâte à modeler pour avoir un bloc gris clair, j'utilise un moule à gâteaux pour avoir un bloc régulier, je le place dans la boîte, le colle avec du ruban adhésif, je démonte le poste radio, j'arrache le dispositif pour l'antenne et j'obtiens une tige en métal avec deux fils qui en sortent, je l'enfonce dans mon bloc et relie les deux fils au téléphone jouet. Je suis fier de moi l'imitation est de très bonne qualité, j'ai cherché sur internet et les images trouvées ressemblent à ma réalisation, j'ajoute un sac de grande surface et je ferme l'ensemble.

L'après-midi, je passe à l'agence juste à l'ouverture, je dépose mon colis et je sors, j'ai récupéré une casquette d'un grand magasin et personne ne me pose de questions. Depuis la cabine, je répète mon discours, j'entends un cri et la directrice, trois minutes plus tard, sort en courant avec mon sac à la main. Je le récupère, le range dans un sac de sport et le pose dans le coffre de ma voiture, il y a un bar en face de l'agence et je souhaite voir ce qu'il va se passer, je commande une bière et m'installe en terrasse.

Quelques minutes plus tard, une voiture banalisée avec deux policiers en civil arrive toutes sirènes hurlantes, je les regarde se précipiter vers l'agence pendant que d'autres fourgons arrivent, les policiers écartent les curieux et l'agence est évacuée, puis arrive un fourgon de déminage. Les policiers en civil ressortent avec ma boîte de chocolats, enfermée dans un sac transparent puis ils repartent, les démineurs suivent, les autres fourgons partent également et la rue retrouve son calme. Je récupère ma voiture et je rentre chez moi. Toujours le même cérémonial, je vide mon sac sur la table et je compte les liasses, vingt et un mille euros en liasses de mille et billets de cinquante et vingt.

Le lieutenant Laurent est dépité, ce qu'il redoutait le plus vient d'arriver, le braqueur aux explosifs vient de renouveler ses exploits. Cette fois, il va avoir du mal à calmer les médias et comme la première fois aucun indice, aucun témoin aucune piste le vide total. Le plus inquiétant, c'est qu'il va recommencer, il se sent invulnérable et la police ne peut rien faire sinon espérer qu'il commette une erreur.

Je viens de faire mes prévisions, si je dépense mille euros par mois en liquide et que je complète avec mon indemnité chômage, je peux tenir presque deux ans, de quoi me faire oublier, dans deux ans si je dois recommencer je renouvelle la technique et je disparais, j'aurais alors soixante-deux ans et je pourrais prendre ma retraite, j'ai fait le calcul ce ne sera pas extraordinaire, mais je pourrais vivre normalement et surtout je pourrais déménager pour un logement plus en rapport avec mes revenus.

Le lendemain, je vais me promener dans la zone commerciale, faire les boutiques, je n'ai pas l'intention d'acheter grand-chose et c'est surtout pour passer le temps. En rentrant, je passe devant la boutique de voitures d'occasion, je freine brusquement et je m'arrête, je viens d'avoir un coup de foudre pour une voiture en exposition. Bouche bée je m'approche, elle est magnifique, le vendeur s'approche, il m'a reconnu, il se lance dans un discours :

« C'est une Audi TT Roadster, 200 chevaux, quatre roues motrices, intérieur cuir, elle est superbe, c'est un bonheur de la conduire, vous voulez l'essayer ?»

Je me glisse derrière le volant pendant que le vendeur me tend la clé, je fais le tour de la zone commerciale, ma décision est prise, je dois l'acheter. Je reviens vers le vendeur, il m'annonce vingt mille euros, je reste pensif, il me reprend ma Clio au même prix que je l'ai achetée et me propose une remise supplémentaire si je paye en liquide. Ma pile sur la table va disparaître et je vais être obligé de visiter une nouvelle agence, mais je suis comme un gamin devant cette voiture et je signe le bon de commande. En rentrant je me dis que j'ai fait une bêtise, mais cette voiture est superbe, avant ma Clio je n'avais jamais eu une voiture et bientôt je vais être propriétaire d'un bolide.

Le lendemain, je laisse sans regret ma voiture et je repars pour faire un tour et visiter la région. Je profite de ma journée, il fait beau et j'ai baissé la capote, à midi je mange dans un petit restaurant, inutile de faire des économies de toutes les façons je n'ai plus d'argent.

Le soir après être rentré, je consulte internet et je cherche une agence correspondant à mes critères, j'en sélectionne trois, en dehors de la ville, je préfère m'éloigner un peu. Je recommence mon rituel, téléphone jouet, fils électriques, par contre je reviens aux bougies. La pâte à modeler, j'en ai eu pour une fortune, la boîte de confiseries, trouvée dans une autre boutique que les deux premières fois et mon éternel sac pour les courses.

L'après-midi, je fais le tour des agences que j'ai sélectionné, la deuxième me semble parfaite, le directeur est un jeune, il n'a donc pas fait son armée et pour être directeur aussi jeune, il doit être bardé de diplômes et il y a donc peu de chances qu'il ait eu le temps de se passionner pour les armes et les explosifs.

Au matin, dès l'ouverture, je suis devant mon agence avec une casquette de livreur et ma boîte de chocolats, je la dépose à l'accueil et je sors, je quitte ma casquette et je me dirige vers la cabine à proximité. J'ai pris la précaution de me garer un peu plus loin, ma voiture n'est pas discrète et elle risque d'être repérée par un passant, il sera alors facile de remonter à moi. La jeune femme décroche rapidement, je fais mon discours et je m'installe à une terrasse de café à proximité. L'attente me semble plus longue que d'habitude. Soudain, je vois arriver une voiture, elle se gare devant la banque et le policier que j'avais déjà vu en sort. Il se précipite à l'intérieur, ressort rapidement et va en courant à côté du local poubelles que j'avais repéré. Le directeur sort quelques secondes plus tard avec mon sac et se dirige également vers les poubelles. Je finis tranquillement ma bière et je retourne à ma voiture, je ne sais pas ce qui n'a pas marché. Je rentre à la maison, pensif.

Le lendemain, j'ai une bonne surprise, mon indemnité chômage a été virée, je vais donc pouvoir attendre quelques jours avant de me remettre au travail. Je prends le journal et je lis les titres : Échec du braqueur aux explosifs. Le journaliste écrit qu'un militaire à la retraite, ancien officier dans le génie à tout de suite compris que mon montage était factice, la police est intervenue, mais je ne suis pas venu chercher mon butin. Je comprends la raison de mon échec.

Le lieutenant Laurent est morose, il était certain de me tenir et il est convaincu que j'étais devant la banque à surveiller ce qui se passait, il m'a vu et je l'ai vu. En revanche, si je le reconnais, lui est incapable de m'identifier. L'examen de tout ce que j'ai laissé, boîte, bougies ne laisse aucun indice, le seul nouvel élément dont il dispose c'est le sac de courses, mais à part savoir que je suis allé au moins une fois dans cette grande surface, c'est le seul indice dont il dispose. Tous les indics ont été consultés, le braqueur ne fait pas partie du milieu, personne ne le connaît et il travaille en solo ; aucun complice connu et étant donné le montant des vols, il n'a pas besoin d'un professionnel pour blanchir son butin. C'est le vide total et le lieutenant est obligé de reconnaître que durant sa longue carrière, il sera bientôt à la retraite, il n'a jamais eu un dossier comme celui-ci, il y a toujours une piste ou un indice, mais dans ce cas, rien.

Le soir, je regarde la télévision, il y a un reportage sur le braqueur aux explosifs, une liste de mes exploits avec une interview des directeurs d'agence et du personnel, l'officier du génie à la retraite est également intervenu, très sûr de lui, il explique que mon montage est très enfantin et que n'importe qui peut reconnaître la supercherie. Le reportage est suivi par un débat avec de nombreux spécialistes, tous d'accord pour affirmer que je suis un ancien militaire, sans doute parachutiste ou troupe d'élites, parfaitement formé à l'usage des explosifs et que ma période militaire achevée, j'ai très certainement travaillé dans une banque pour en connaître toutes les habitudes et les consignes données aux directeurs. À la fin de l'émission, je vais me coucher, si les policiers suivent les conseils de ces spécialistes, je ne suis pas près de dormir en prison. Je dors comme un bébé.

            
            

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