Je me suis dégoté un nouveau boulot en soirée pour me permettre d'arrondir mes fin de mois. Ça n'a pas trop plu à Mohamed, mais il n'a pas son mot à dire en ce qui concerne mes activités. Donc, le matin je garde des enfants d'un couple de blancs là à Riviera 2 puis en soirée je suis au restaurant.
(...)
Lorsque j'ai eu une heure creuse entre mes deux boulots, j'ai pris un taxi en direction de la maison de Mohamed. Je sais que le fait qu'on ne se voit pas beaucoup, donc à chaque fois que j'ai un peu de temps, je passe le voir.
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Mohamed (me fixant) : Tu t'en vas déjà ?
Moi (remettant mes vêtements) : Oui, je ne veux pas arriver en retard au restaurant.
Mohamed (soupirant) : Je suis rentré Méli et je ne te vois quasiment pas ! Je repars dans moins de deux mois, et jusqu'à mon départ ce sera comme ça entre nous ?
Moi (soupirant longuement) : Tu sais que je ne peux pas arrêter ! Il faut que je commence à mettre des sous de côté, Célia passe le bac dans deux ans sans compter Marcel et tous les autres.
Mohamed (excédé) : Ce n'est pas à toi de le faire ! Tu es jeune, tu ne te rends même pas compte que tu vis comme une femme de quarante ans ?
Moi (levant les yeux) : Si je ne le fais pas, qui le fera pour eux ?
[Leger flottement]
Mohamed (passant nerveusement sa main sur son visage) : C'est bon vas-y !
Moi (m'approchant de lui) : Mais....
Mohamed (se levant) : Ferme la porte en sortant !
J'ai soupiré longuement, puis j'ai continué à enfiler mes vêtements. Je me suis rendu dans la salle de bain afin de lui dire que je m'en allais sauf qu'elle était fermée de l'intérieur (soupire). J'ai pris mon sac et mes chaussures puis je suis partie.
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Une fois au restaurant, je suis allée mettre l'uniforme vu que ce soir l'effectif était trop peu pour servir toutes les tables. J'ai donc dû mettre la main à la patte. On a fini à minuit à cause des clients qui ne faisaient qu'arriver (soupire). On a fait les comptes et les pourboires ont été distribués. J'étais la dernière à sortir du restaurant.
J'ai pris un taxi direction la maison, mais comme il y a avait déjà des clients à l'intérieur, on a fait un détour à Treichville. Manque de bol, le taxi est tombé en panne net au marché (soupire). J'ai dû emprunter le 11(aller à pieds), j'ai séré mon sac très fort parce qu'on connait tous Treichville avec l'insécurité hein ! Je devais arrêter un taxi lorsque j'ai vu une scène assez étrange. Un homme se faisait agresser et manière dont il discutait là, il n'avait pas l'air d'être du coin.
J'ai donc traversé la route et me dirigeant vers eux en criant, c'est sûrement le fait que les gens ont commencé à venir vers eux qui les ai fait fraya (fuir) par les pistes. Et comme je disais, l'homme qui se faisait agresser n'était pas du coin. Il ne sait pas qu'ici le simple fait d'avoir la peau blanche est synonyme d'être tchass !
Moi (l'aidant à se relever) : Vous allez bien ?
Lui (se relevant avec difficulté) : Ai-je l'air d'aller bien ? Pff !
Moi (tournant les talons) : Excusez-moi du dérangement !
Je me suis mis en quête d'un taxi. Les gens vraiment hein ! C'est toi qu'on vient aider, mais c'est encore toi qui a les foutaises ! Tchrr. En tout cas, j'ai pris mon taxi et c'est à une heure moins du matin que je suis arrivé chez moi. J'ai d'abord pris une bonne douche avant d'aller me jeter sur le lit (soupire).
(...)
Depuis la dernière fois, Mohamed filtre mes appels. Si par le plus grand des hasards, on se croise dans la rue, c'est limite même s'il me dit bonjour. Et franchement, je ne comprends pas pourquoi il me fait la tête. Il voulait que je m'accroche à son argent comme toutes les autres filles d'Abidjan ? Que même pour m'acheter des tampons hygiéniques, je passe par lui ? C'est devenu un péché de travailler sachant très bien qu'il connait la situation avec Ami ?
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Aujourd'hui c'est mon jours de repos, donc je vais passer toute la journée à flemmarder (soupirant) Encore vu qu'Ami et son homme sont là, je ne reste que dans ma chambre. C'est la faim qui m'a fait sortir de ma chambre. Je me suis rendue dans la cuisine fouiller les marmites et c'est de là que j'ai entendu la sonnerie d'un téléphone.
Moi (au salon) : Ya un téléphone qui sonne au salon !
[Aucune réponse]
Moi (hurlant) : Téléphone au salon...
[Toujours aucune réponse]
J'ai fini par aller chercher le téléphone et le nom qui s'est affiché à l'écran m'a décomposé sur place. Il s'agissait de celui de Mohamed. Vu que je connaissais le mot de passe de son téléphone, je l'ai déverrouillé et je me suis rendu dans la messagerie. Les messages qu'ils s'échangeaient n'avaient rien de mal en eux-mêmes juste que bon le timing qui n'était pas bon !
Pendant que le bon monsieur filtre mes appels, il envoi des messages à ma mère. Ils racontent jusqu'à des heures impossibles ensemble alors que c'est moi à peine vingt et une heure il est fatigué. Je ne sais même pas quoi penser de la situation, ça n'a l'air de rien mais c'est tellement malsain ! Et le comble c'est que les messages ne datent pas d'aujourd'hui, c'est depuis longtemps.
J'ai envoyé valser le téléphone contre le mur tellement j'étais en colère. Inconsciemment, je me suis mise à faire couler quelques larmes qui s'est changé en torrent la minute d'après (soupire).
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Maman (fermant la porte) : Tu n'es as au travail toi ?
Moi (levant les yeux qui étaient déjà bien rouge) : Non...
Maman (Venant vers moi avec un air surpris) : Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Méli qu'est-ce qui se passe ?
Moi (me levant) : Ami arrête de faire ta comédie ! (lui montrant le téléphone) Peux-tu m'expliquer pourquoi tu envoies des messages à Mohamed maman ?
Maman (soupirant) : C'est la raison de ton état ? C'est pour ça que tu piques des crises et tu casses mon téléphone ?
Moi (me levant) : Oui maman ! Oui c'est la raison de mon état ! Tu trouves normal que l'homme de ta fille t'appelle et t'écrit comme si tu étais son amie alors qu'il ne répond même plus aux appels de ta fille ? Tu trouves ça normal que l'homme de ta fille t'envoie de l'argent sans le dos de cette dernière ? C'est normal pour toi ?
Maman (se levant aussi) : S'il est en mesure de m'aider je vais me gêner pour quoi, pour qui ? Et je suis sensé savoir ce qui se passe dans votre couple si tu ne me dis rien ? Je suis devenue devin pour savoir qu'à telle période ça va et telle autre ça ne va pas ? Si Mohamed et moi nous parlons c'est uniquement à cause de toi ! La majorité de nos conversations c'est en rapport avec toi ! Et s'il m'appelle c'est uniquement pour toi ! C'est pour me demander mon avis en tant que ta mère parce que oui, je suis encore ta mère ! Il vit mal le fait que tu n'aies plus de temps à lui consacrer Méli ! C'est toi qui clamait haut et fort que Mohamed te manquait et maintenant qu'il est là c'est toi qui cumul deux emplois a des heures impossibles !
Moi (séchant mes larmes) : Et c'est à une ou deux heures du matin que vous vous dites ça ?
Maman (pouffant) : Et alors ? Que ça soit à huit heures ou à trois heures le problème est où ? Ce ne sont que des messages non ? Que tu penses que je vais faire quoi avec le copain de ma fille ?
Moi (plus calme) : Tu jures qu'il n'y a rien Ami ?
Maman (soupirant) : C'était juste platonique ! De future belle-mère à futur beau-fils...
Moi (soupirant d'aise) : D'accord.
Maman (me fixant) : Il faut aller arranger l'écran de mon téléphone Mélissa...
Moi (rire) : J'y vais de ca pas !
Maman : ok !
(...)
J'ai arrangé le petit désordre que j'avais fait au salon puis j'ai appelé mon ami qui vend les téléphones. Au lieu d'arranger l'écran, qui n'aurait pas servi à grand-chose vu qu'il était déjà en panne, je lui ai directement donné un autre téléphone. Elle était contente, même si à cause de ses données elle a un peu boudé.
Les jours qui ont suivis, Mohamed et moi avons fait la paix et j'ai finalement arrêté de faire la nounou chez cette famille de blanc à Riviera 2, et il a décidé de me donner le même salaire que j'avais en tant que nounou. Comme ça on aura plus de temps pour se voir.
** Aminata **
Ça me fatigue de faire des aller-retour entre la maison de Moussa et la mienne. Tout aurait été tellement mieux, si les enfants l'acceptaient (soupire). Je suis vraiment larguée, je ne sais pas quoi faire et comment réagir face à cette situation. Moussa a également des enfants et ça me fait bizarre que ses enfants à lui m'acceptent alors les miens limite lui font la guerre.
Je sais que Marcel et Célia suivent leur sœur et c'est bel et bien normal, sauf que là ça commence à trop me peser. C'est ça la vie à laquelle je suis destinée ? Finir ma vie seule avec des enfants de père différents à mon bras ? Juste parce que j'ai des enfants, je ne dois plus vivre ?
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Lorsque j'ai eu quinze ans, je suis tombé enceinte. C'était la veille d'une soirée un peu trop arrosé et vous crucifierez si je vous dis que je ne connaissais même pas le nom de son père jusqu'à ce que j'apprenne que j'étais enceinte. Je n'en suis pas fière, mais j'étais jeune et Dieu seul sait à quel point je m'en repends aujourd'hui.
Il s'est occupé d'elle quelques mois après sa venue au monde, mais ensuite plus rien. Il est venu me dire qu'elle changeait de pays et donc, il ne pouvait plus s'occuper de Méli. Que pouvais-je bien faire du bas de mes seize ans ? Je l'ai laissé partir et depuis on a plus aucune nouvelle de lui.
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Lorsque Méli a eu cinq ans, j'ai rencontré un homme d'âge mur. C'était un blanc et vous savez combien de fois on aime les blancs. Donc j'ai fait ce que je savais faire depuis que je suis née, le séduire. Je pensais qu'on était sur la même longueur d'onde mais lorsque son tourisme est terminé, il a levé les voiles en laissant deux enfants à la charge, Célia et Marcel. Maintenant les trois derniers sont ceux que j'ai eu avec Moussa.
(...)
Je suis sortie de bonheur ce matin pour me rendre chez Moussa. Hier dans la nuit, il m'a demandé de passer mais a refusé de me donner la raison. Donc j'y suis allé à l'aveugle. Lorsque je suis arrivée, j'ai trouvé les enfants devant la télé. Vu qu'ils n'avaient pas encore mangé, j'ai fait le petit déjeuner que j'ai déposé sur la table à manger.
Moussa (sortant de la chambre) : Bonjour tout le monde.
Nous (levant les yeux) : Bonjour.
Il a pris une chaise, puis il est passé à table. Une fois le déjeuner fini, j'ai débarrassé puis j'ai fait la vaisselle. Les enfants sont allé à l'école et Moussa et moi sommes restés à la maison.
Moussa (me fixant) : La maison est déjà finie !
Moi (me pinçant les lèvres) : Ah ça été rapide hein....
Moussa (soupirant) : Pas tant que ça...Nous sommes au mois de Février depuis Juin dernier que la maison est en construction.
Moi (baissant les yeux) : ....
Moussa : Quand est-ce que tu comptes emménager ?
Moi (soupirant longuement) : C'est compliqué !
Moussa (me fixant) : Aminata la semaine prochaine, je vais habiter dans la nouvelle maison avec ou sans toi ! Mais sache que mes enfants viendront avec moi.
Moi (soupirant) : Ce n'est pas facile Moussa, je ne peux pas dire du jour au lendemain aux enfants qu'on va habiter ailleurs avec un homme qu'ils n'aiment pas !
Moussa (agacé) : Tu as eu tout le temps de le leur dire Ami, de plus commet veux-tu que les enfants s'habituent à moi si chacun vit dans son coin ? Il n'y aucun contact rien de chez rien ! Je n'ai plus envie de vivre caché comme un gamin ! Je n'en ai plus l'âge Ami. Il faut que tu prennes une décision.
Moi (soupirant) : Laisse-moi au moins en parler à Méli ce soir....
Moussa (levant les yeux) : La semaine prochaine j'y vais Ami que tu sois là ou pas j'irais...
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Le soir même, je suis rentré à la maison afin de parler à Méli ! Pour essayer d'alléger un peux la tâche à Méli, j'ai fait la vaisselle après avoir fait à manger. Lorsque Célia et Marcel sont rentrés, ils étaient même surpris. (Rire) moi qui ne le fait jamais, c'est une aubaine hein !
J'ai corrigé les exercices des plus petits qui, après avoir mangé sont allés se coucher. Célia et Marcel ont suivi le mouvement une heure plus tard. Moi je suis restée au salon afin d'attendre Méli pour qu'on ait une discussion. C'est à vint deux heures qu'elle est rentré à la maison.
Méli (levant les yeux) : C'est Célia qui a cuisiné ?
Moi (soutenant son regard) : Non, c'est moi !
Méli (me fixant d'une drôle de manière) : Tu vas bien Ami ?
Moi (rire) : Oui je vais bien pourquoi ?
Méli (faisant la grimace) : Et puis c'est toi qui touche les marmites ici ? Hm
Moi (rire) : Si c'est pour ça, je vais bien t'inquiète...
Méli (se mettant devant le poste téléviseur) : Ok !
Jai pris une grosse bouffée d'air fraîche puis je suis allé m'asseoir à côté d'elle.
Moi (me pinçant les lèvres) : On peu discuter ?
Méli (me fixant) : Je me disais aussi... oui ?
Moi (frottant mes mains nerveusement) : Moussa à fini la maison qu'il faisait construire.
Méli (ne voyant pas le rapport) : D'accord, félicitations à lui !
Moi (soupirant) : Il veut qu'on aille emménage avec lui...
Méli (réticente) : On qui ?
Moi (roulant les yeux) : Ne soit pas bête ! Nous tous....
Méli (me fixant) : Tu peux y aller avec tes enfants hein. Moi je reste ici !
Moi : Au cas où tu l'aurais oublié, tu es aussi ma fille !
Méli : Je suis grande, je pourrais le gérer toute seul comparé aux autres... de toute manière je ne compte pas emménagé avec lui Ami.
Moi (soupirant d' agacement) : Pourquoi il faut toujours que tu te fasse voir ? Tu veux montrer que toi c'est qui ? Qu'on ne peut pas se passer de toi, que tu es irremplaçable Mélissa ?
Méli (rire ironique) : Je ne veux rien prouver à personne ! Et raison de plus pour ne pas tenir compte de mo' avis et aller t installer avec lui !
Moi (la fixant avec peine) : Pourquoi tu cherches à me punir Mélissa ? Donc je ne dois pas être heureuse juste parce que j'ai eu des enfants ?
Méli (se Levant) : Je ne veux pas aller dans cette direction Ami, fais ce que tu veux...
P
Moi (la suivant) : Non Mélissa ! On va en parler maintenant quitte à se faire mai, on va en parler ! Tu n'as pas idée du nombre d'occasion que j'ai raté à cause de toi ! Juste parce-que j'avais un enfant à ma charge, ma vie s'est volatilisé !
Méli (se retournant) : Tu es drôle hein ! C'est maintenant moi que tu veux rendre responsabilité de ta vie ? Je ne t'ai rien demandé Ami, de plus je ne vois pas en quoi on t empêche de vivre vu qu'il faut le dire, c'est moi qui m'occupe de tes enfants ! Je ne comprends pas comment une personne peut être bornée à ce point, sacrifiant ses propres enfants au détriment d'un homme ! Il a fallu qu'il t'invite à rester chez lui pour que tu touches enfin une marmite dans cette maison et c'est moi que tu accuse ? Tu cours derrière un homme qui fait clairement la différence entre tes enfants avant lui et les votes ! Si ce n'était que moi encore (levant les mains) je n'aurais pas parlé, mais lorsqu'il dit que Célia et Marcel n'ont pas le droit de toucher aux courses qu'il fait pour SES enfants ça veut dire quoi ? Et pour cet homme que tu tremble comme une feuille morte ?
Moi (haussant le ton) : Tu ne me parle pas comme ça Mélissa !
Méli (me fixant) : J'ai juste de la peine pour Célia et Marcel...
CLAP !
J'ai voulu cogner pour mettre cette histoire au calme, mais a quoi bon ? Son avis est clair moi plus que quiconque sait à quel point elle est catégorique lorsqu'elle prend ses décisions. Je vais laisser couler et attendre avant de remettre la proposition sur le tapis (soupire).
(...)
L'échéance va bientôt prendre fin et elle ne décolère toujours pas. Et en plus, avec ses nouveaux horaires, c'est à peine si on s'aperçoit sachant qu'on vit dans la même maison. (Soupire) La majorité des affaires de Moussa est déjà dans la nouvelle maison, mais moi je n'ai même pas encore emballé un vase.
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C'est la sonnerie du téléphone qui m'a fait sortir de ma rêverie. Lorsque j'ai vu le numéro de Moussa s'afficher, mon rythme cardiaque à du augmenter d'au moins 1000 battements par minute (soupire)
Moi (voix tremblante) : Allô ?
Moussa : Bonjour Aminata, tu vas bien ?
Moi : Oui merci et toi ?
Moussa : Je vais bien merci... Qu'a tu décidé ?
Moi (me raclant la gorge) :....