La main au feu
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Chapitre 3 No.3

Une fois au poste elle avait diligemment décliné son identité et demandé fermement à voir son chien. On lui avait répondu qu'elle devait d'abord expliquer ce qu'elle faisait à cette heure-là auprès du corps. Elle avait donc scellé ses lèvres et murmurait pour toute réponse le nom de son chien quand le policier se mettait à lui crier dessus pour qu'elle parle. Le téléphone sur le bureau sonna, le policier décrocha, confirma la présence de la jeune fille dans le bureau et raccrocha.

« L'inspecteur arrive, il va falloir parler, t'es pas en France ici, la police tu vas la respecter.

- Je la respecte, monsieur. Je veux juste voir mon chien.

- Ostie d'Française

- J'suis pas vraiment Française monsieur, j'ai juste des origines

- Tu parles comme une Française, t'es une Française mais tu vas pas nous niaiser longtemps

- J'vous niaise pas monsieur, j'veux juste voir mon chien. »

L'inspecteur entra, fit signe au policier de quitter la salle et s'assit sur le bureau, les mains jointes en poing. Il esquissa un sourire étrange, plein de pitié et parla doucement.

« Le plus vite tu passes aux aveux, le moins pénible pour toi

- Mais j'ai rien fait à Josh

- C'est le mort ça ?

- Je crois, c'est ça qu'il m'avait dit

- Donc tu le connais

- Un peu

- Tu l'as frappé avec quoi ?

- Je l'ai pas frappé

- Tu sais qu'on a reçu une lettre il y a deux jours qui t'accusait déjà ?

- Pardon ?

- « Surveillez l'oiseau de nuit»

- Je comprends pas

- L'oiseau de nuit qui passe dans ta vie, ça te dit quelque chose ?

- Oui

- Mais encore ?

- C'est un poème

- Écrit par ?

- Moi, enfin peut-être que quelqu'un l'a écrit avant moi, on sait jamais avec la poésie

- Niaise-moi pas. Qui l'a écrit au pied de la Statue ?

- Shit, vous allez m'accuser à cause d'un poème écrit au feutre qui part à l'eau ?

- Surveille ton langage, t'as frappé ton ami Josh à mort juste sur ton poème, t'as peut-être pas toute ta tête mais tu vas avoir du mal à te sortir d'affaire si tu coopères pas alors commence par nous dire avec quoi tu l'as frappé.

- J'lai pas frappé !

- C'est qui alors ?

- Je sais pas

- C'est pas très fort comme argument ça

- Mais je sais vraiment pas ! J'suis pas la seule à être sur le Mont-Royal la nuit, ça arrive que je croise du monde, c'est rare mais ça arrive, vous pouvez pas m'accuser sous prétexte que j'ai écrit un poème sur un oiseau de nuit, y'en a d'autres des oiseaux de nuit, si j'avais tué Josh à mon avis je serais partie vite et loin, à moins que je sois vraiment rendue folle mais c'est pas possible, j'descendais par le bois et j'l'ai trouvé déjà mort, j'ai rien fait moi, même mes poèmes ils partent à l'eau !

- Arrête avec tes poèmes on est en train de parler de quelque chose d'autrement plus grave là

- Mais c'est vous qui...

- Arrête. T'as dit que tu croises parfois du monde la nuit sur le Mont-Royal ?

- Oui

- Quel genre de monde ?

- Des musiciens, des poètes

- T'es weird. C'est pas bon ça, pour ta défense.

- Mais c'est vrai !

- Tu croises pas des gens qui te font peur ? Tu trouves pas ça dangereux pour une fille de se promener toute seule la nuit ?

- J'suis pas toute seule, j'ai mon chien

- Pas d'arme ?

- Un couteau... Bah voilà ! Je l'aurais tué avec mon couteau si c'était moi !

- Calme-toi, c'est pas une défense suffisante ça

- Vous allez me défendre ?

- J'suis pas avocat moi, j'suis policier, ce qui m'intéresse c'est la vérité.

- Mais vous me croyez ?

- Non. »

Le téléphone sonna à nouveau, l'inspecteur décrocha comme l'avait fait le policier avant lui. Il semblait répondre à une série de questions par l'affirmative. Il avait l'air perplexe et finit par raccrocher sur un « oui chef », il leva les yeux vers elle, lui dit qu'elle allait visiter un autre bureau et ouvrit la porte. Elle refusa de se lever, il insista, elle voulait qu'on la laisse tranquille, il proposa de la menotter, elle préféra se lever, docile. Elle le suivit dans un long couloir jusqu'à une porte massive sur laquelle était inscrite : Chef Lafleur. Elle se dit que ce n'était pas un nom pour être dans la police. L'inspecteur frappa à la porte qui s'ouvrit rapidement. Un homme dans la soixantaine avec des yeux pétillants apparut, indiqua une chaise à Blanche et donna congé à l'inspecteur. Au moment où elle s'asseyait, elle s'aperçut que le bureau était secoué par à-coups, elle fronça les sourcils et affronta de son regard noircit par la nuit difficile celui de Lafleur. Il sourit.

« Je crois qu'il est impatient de te voir

- Qui ?

- Qui tu crois ?

- Je suis un peu fatiguée pour jouer aux devinettes

- OK. »

Il tripatouilla sous son bureau en disant « doucement, doucement », se releva et laissa la place à Safran qui courut vers elle, son cœur manqua d'exploser dans sa poitrine, il était là, il se dandinait de joie de la voir, ils étaient réunis, enfin, elle enfouissait son visage contre ses oreilles, il frottait son museau contre ses joues, elle riait aux éclats. Lafleur souriait.

« Es-tu mieux maintenant ?

- Oui ! vraiment vraiment ! J'peux rester avec lui ?

- Oui, mais j'aurais besoin de ton aide par exemple

- Merci merci merci merci... Mon aide ?

- Tu dis qu'il y a du monde sur le Mont-Royal la nuit ?

- Oui

- Tu as des noms ?

- Non...

- Ça serait dans ton intérêt qu'on puisse interroger ces gens-là, tu sais comment les trouver ?

- Pas sûr... mais ils faisaient des feux, c'est comme ça que je tombais dessus dans le bois

- Tu te rappelles où étaient les feux ? Tu pourrais nous y amener ?

- Bien sûr. Mais ils seront plus là, il y aura juste les cendres.

- Nous ça nous va les cendres »

            
            

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