Juste en les voyant, une rage intense m'envahit. Il est certes vrai que je les déteste, mais cette fois, c'est différent. J'ai envie de les trucider, de les égorger, en d'autres termes de les voir meurtris. Je ne comprends moi-même pas cette rage profonde qui jaillit en moi. Je décide de m'y rendre directement sans essayer de les éviter comme les autres fois:
« Tien tien tien, on dirait que c'est le petit bouseux, » dit Terry.
« Qu'est-ce que vous me voulez maintenant? »
« Oh, tu fais genre que tu ne sais pas, » continue-t-il.
Je ne sais pas ce que j'ai fait et de toute façon, qu'est-ce que j'ai fait d'autant important pour que cela puisse offusquer de telles personnes.
« Puisque tu as l'air de faire ton innocent, je vais te le dire. Pourquoi tu te mets tout d'un coup à parler à Mathilde?, » dit Alex, qui est l'un des leurs.
À ces mots, j'éclate de rire. N'était-ce pas ironique de voir à quel point ces trois imbéciles qui ne cessent de reluquer une fille perdent la face juste à cause d'un simple ado moins âgé qu'eux?
Ces adolescents s'avancent vers moi et m'immobilisent.
« Alors comme ça, on rigole. Tu te fous de notre gueule c'est ça?, » dit Terry avant d'essayer de m'asséner un violent coup de poing au visage.
Cette fois je ne prends pas le coup. La rage, la haine et la vengeance, tous ces sentiments agissent d'un coup comme une pompe à adrénaline ce qui me rend déraillé.
En effet, après que Terry actionne son coup, je me fuis des deux gaillards qui me tiennent immobiles avec une facilité déconcertante qui me surprend moi-même. Malgré tout, je ne m'arrête pas pour y penser avec tous les sentiments négatifs qui me guident.
Je prends donc la main de Terry et le balance violemment contre les deux autres. Dans un puissant élan, je les propulse contre une rangée de casiers plus loin et en brise la moitié des casiers. En ce moment, je suis choqué. Choqué à quel point ma force physique semble avoir été multiplié. D'autant plus, ces bons à rien n'ont pas l'air de bouger, ce qui fait allusion au fait que je les ai tués. Je sais qu'il faut que je me dépêche de partir avant que quelqu'un ne vienne et soit témoin de cette scène de crime.
* * *
Je sors à l'extérieur de l'école et je réalise que les autobus sont toujours présents. Tout est bien, mais mon cœur ne cesse de battre à un rythme irrégulier. Tous les sentiments négatifs que je ressentais s'étaient maintenant volatilisés. Malgré tout, mon cœur bat de plus en plus vite. À une telle vitesse que je conclus que même les cardiogrammes ne sont pas en mesure de jauger sa vitesse. D'autant plus, un sentiment de culpabilité s'installe peu à peu dans mon esprit.
Il faut que je réfléchisse. Réfléchir, réfléchir, réfléchir, il m'est impossible de me concentrer. Je crois même que mon cœur va exploser. Je me dis que je vais perdre connaissance puisque la situation que je vis présentement ne m'avantage aucunement physiquement et mentalement . Toutefois, je suis bien conscient que ce n'est pas le temps de penser à de telles choses.
Réfléchissons à la situation. Les bus vont bientôt partir, mais faut-il vraiment que je prenne le mien? Il peut s'avérer que mon comportement colérique reprend de nouveau et cela ne ferait qu'empirer la situation. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Que dois-je faire?
C'est alors qu'une solution me vient à l'esprit. Je vais marcher jusqu'à chez moi. Comme ça je peux me calmer sur le chemin du retour et peut-être mieux comprendre ce qui m'arrive. Toutefois, je prends en considération mon petit frère qui va finir par me poser plein de questions. Je me mets donc à courir vite et encore plus vite.
* * *
Je ne sais pas comment, mais en seulement l'espace de vingt minutes je parcours ce que je mets normalement deux heures à parcourir. Ce qui fait en sorte que j'arrive même en avance.
La fin de journée se déroule normalement et j'en suis rassuré car l'école n'a pas appelé pour la bagarre de tout à l'heure. La colère en moi finit par diminuer et il est temps pour moi de mieux comprendre.
Il est certes vrai que je ressens une haine contre ces trois abrutis, mais de là à avoir envie de les tuer atrocement me semble absurde de ma part. Je me mets donc en tête que c'est relié aux événements passés.
Je me dis que si c'est réellement relié aux événements passés, cela doit aussi affecter les autres.
Je décide donc d'appeler Mathilde. En fait, je suis gêné, mais le danger est trop grand pour jouer les petits peureux.
Le téléphone sonne mais en vain. J'appelle plusieurs fois de suite, mais sans réponse. Je finis par me dire qu'elle est occupée.
Je termine donc le restant de ma journée à essayer d'en savoir plus, toutefois rien ne m'aide. Même si cette journée se termine par un échec, je ne peux m'empêcher de me dire que je dois encore survivre demain. Une nouvelle journée et surtout de nouveaux problèmes.