Chapitre 3 3

Un bruit brise le silence qui règne. Un bruit qui se fait de plus en plus fort. Pendant l'espace d'un moment, je crois reconnaître ce bruit, ce qui me fige d'un coup soudain. En effet, ce bruit puissant et retentissant, je l'avais déjà entendu. Dans un passé certes lointain mais tout de même présent. Ce même affreux souvenir d'il y a trois ans.

Je ne peux pas ignorer une nouvelle fois ce bruit, alors décidé, je me réveille afin de découvrir ce mystère. D'ailleurs, je suis bien conscient que je dois le découvrir seul.

* * *

En direction de la fenêtre, j'aperçois cette même lumière aveuglante. La peur m'envahit instantanément, mais je sais que je dois faire 4 petits pas pour me diriger devant la fenêtre. Premier pas, mon cœur commence à battre de plus en plus fort. Au deuxième pas, l'angoisse commence peu à peu à m'envahir et j'ai cette difficulté à respirer. Troisième pas, mon front commence à dégouliner quelque goutte de sueur. Quatrième et dernier pas, mon coeur se resserre. Toutefois, malgré cette sensation intense de peur, je finis par ouvrir la fenêtre à un angle d'environ 35°. À cet angle je vois une silhouette. Au moment où je continue à ouvrir la porte, je distingue que la lumière agit comme un trou noir.

Assez surpris, je me dis que ce n'est que le fruit de mon imagination débordante. Cependant, je vois et je sens que cette lumière m'éjecte hors de ma chambre. Mon cerveau est intact et ne comprend pas ce qui se passe. En effet, je me fais aspirer par ce trou. Je ne peux aucunement me défendre alors mon cerveau me fait perdre connaissance.

* * *

De tous les endroits où je pouvais me retrouver, je ne pensais pas me retrouver en plein milieu de la nuit au cœur d'une forêt. Évidemment, je prends du temps à me rendre compte de la gravité extrême de cette situation. En regardant autour de moi, je vois cinq autres personnes. Je remarque qu'ils sont tout comme moi des adolescents donc je me sens un peu plus rassuré.

Rassuré oui, mais ce silence me rend à vrai dire perplexe. Alors, je fais qu'analyser afin d'essayer de partir de ce lieu et de rentrer sous ma couette car effectivement la température est moins ambiante le soir dehors dans le cœur d'une forêt. En analysant, je réalise que nous sommes trois garçons et trois filles. Une de ces filles était Mathilde. Juste la voir me donne cette forte envie de sentir ses longs cheveux ondulés. Mais le but de tout cela, n'est pas de contempler Mathilde, mais d'aller sous ma couette. Alors voyant que personne ne souhaite briser ce lourd silence, je le brise moi-même pour bien sûr impressionner.

« Eh excusez-moi, suis-je le seul à penser qu'on a vécu particulièrement la même situation? Aussi vous voyez ça serait bien de se présenter vous ne pensez pas?, » dis-je d'un ton confiant, mais pas si confiant que ça.

À première vue, ils ont l'air d'hésiter et un peu gênés. Donc je prends la parole une nouvelle fois.

« On est tous dans le même bateau, donc ça serait bien d'affronter cette situation ensemble, » dis-je plus que confiant.

Mathilde et les quatre autres finissent par accepter ma proposition en disant oui de la tête. Donc je finis par ajouter:

« Alors si cela ne vous dérange pas, je vais commencer. Je m'appelle Sam, j'ai 16 ans et je vis à Orléans. Je vais à Mer Bleue et la manière dont je me suis retrouvée ici est assez unique. Tout comme vous je le suppose »

À ces mots, Mathilde me regarde et semble m'avoir reconnu. Je m'attends à cela puisque ça fait 4 ans que je suis dans au moins une de ses classes. Je finis par expliquer de manière générale ma mésaventure d'il y a trois ans et celle d'aujourd'hui, sans omettre trop de détails. Par la suite, le premier volontaire prend la parole avec une certaine incertitude:

« Euh... je m'appelle Justin... j'ai 16 ans et j'habite à Orléans aussi. J'ai vécu la même chose que toi il y a trois ans et aujourd'hui. Je vais à l'école Saint-Baptiste. »

À cette deuxième présentation, les autres voient qu'ils n'ont rien à craindre et commencent à se présenter peu à peu. Par simple petite analyse, on remarque que nous avons vécu la même situation. Cependant, j'ai vite discerné que comparativement à moi, ils n'ont pas développé une faim de loup. Le plus impressionnant reste quand même que nous habitons tous à Orléans. Cependant, nous venons de trois écoles différentes. Les trois écoles mentionnées ont été Mer Bleue, Saint-Baptiste et Lac-des-Rois.

En puisant un peu plus profondément, je remarque qu'une fille et un garçon représentent une école et que nous avons tous 16 ans. Dans mon cas, Mathilde et moi représentons Mer Bleue. Ce que j'aime malgré tout est cette absence de discrimination et ce repsect mutuel qui règne entre nous tous.

Certes, les présentations sont terminées, mais le petit hic dans tout cela est que je ne suis toujours pas sous ma couette bien au chaud.

À présent, nous devons trouver un moyen pour rentrer. Cela dit, je prends une fois de plus la parole:

« Bon au moins maintenant je sais que je ne suis pas fou. Mais si je résume la situation, on est perdu au milieu de nulle part sans savoir comment rentrer chez nous. »

Puisque je n'obtiens aucune réaction valable, je continue:

« Y a-t-il quelqu'un qui a son téléphone avec lui? »

Je sais bien que les chances sont minimes, cependant mieux vaut essayer que de rester là planté à rien faire. Sans plus attendre, un garçon affirme avoir son téléphone avec lui. Aussitôt dit, on se précipite vers lui et nous créons un cercle autour de lui.

Assez gêné d'être entouré, je lui demande de chercher notre localisation actuelle et il le fait en peu de temps. Une lueur d'espoir finit par éclairer mon esprit, mais elle disparaît aussitôt. En effet, le téléphone montre toutes les localisations possibles, sans tout de même signaler la bonne.

« Je crois que ton bidule est cassé, » s'empresse de dire une des filles.

« Non, non je suis certain qu'il fonctionne, regardez! »

Il fait une courte recherche au sujet des lions sur son navigateur web et tout semble bien fonctionner à la perfection. Le seul problème est que Google map est incapable de correctement discerner notre emplacement.

Nous finissons tous par perdre espoir quand tout à coup un s'exclame et dit:

« Euh les gens, est-ce que c'est normal que le ciel soit comme ça? »

Aussitôt dit, nous regardons tous vers le ciel et finissons par rester bouche bée. En effet, nous pouvons apercevoir deux lunes. Des frissons commencent maintenant à me parcourir l'échine et l'anxiété me rend incapable de parler. Tout mon courage et ma détermination partent subitement en bouilli. Pourtant, ce n'est pas le cas de Mathilde qui finit par prendre la parole:

« Tout le monde écoutez-moi, on a tous peur ok. Nous sommes tous effrayés, mais ce n'est pas en paniquant que ça s'arrangera. »

Sa voix plus douce que le miel me rassure et me rappelle la citation célèbre d'Albert Zilevou. Un jour, il a dit « Aucune bonne réponse ne pourra être trouvée dans l'affolement ou dans la panique. »

« Ah ouais alors dis nous ce qu'il faut faire pour sortir d'ici puisque tu as l'air de savoir, » dit une des deux filles.

À ces mots, le silence absolu finit par apparaître. Même si les secondes de silence me semblent des minutes, je garde espoir que Mathilde rétorque à cette fille. Cependant, il semble bien que Mathilde est bouche bée et ne sache aucunement comment interpréter sa réplique. Elle finit par me lancer un regard de désespoir et de souffrance, alors pour l'impressionner et pour prendre les devants je dis:

« Je sais qu'en ce moment, on est désemparé, je sais que vous avez peur. »

À ces mots, la même fille parle de nouveau et dit:

«Tu cherches à nous rassurer mais qu'est-ce qu'on va faire? »

« ON VA S'EN SORTIR, » dis-je d'un ton assuré .

Cette phrase bien que simpliste finit par donner un brin d'espoir aux autres.

« Je ne me considère pas comme votre chef, encore moins je ne m'attends pas à ce que vous m'écoutez. Malgré tout, il faut rester soudé sinon on n'a aucun moyen de survivre. »

À ces mots quelqu'un dit:

« Qu'est-ce que tu proposes? »

« Mon raisonnement est assez simple. Il suffit de se souvenir que normalement, on dort. »

Après avoir dit cela, tous finissent par me poser des questions et me demandent des explications plus concrètes.

Je dis alors:

« Avant d'être aspiré, j'ai remarqué que je dormais toujours. J'ai vu mon corps sur mon lit. Ce qui veut dire... »

« Ce qui veut dire que ce sont nos esprits qui sont ici, » finit par dire un des garçons.

« Exactement, tu as tout compris, » dis-je.

« Mais cela ne nous dit pas ce qu'on doit faire, » dit un autre.

« En fait, le seul moyen de se réveiller est de réveiller nos corps, ou soit de se focaliser sur retourner notre esprit dans notre corps. »

À cet instant, ils sont tous perplexes et je finis par dire:

« Euh en fait j'ai lu plusieurs articles dessus »

Sur ces mots, il est évident que je viens de gagner leur confiance. Je leur demande donc de se placer en cercle et de se tenir la main.

« Mais avant cela, Alain je remarque que ton sac à dos a aussi été aspiré avec toi, donc je me demandais si tu avais des feuilles et un crayon à me donner, s'il te plaît?, » dis-je.

Alain a évidemment des feuilles et un crayon dans son sac et il finit par me les donner. Je passe à chacun une feuille avec les noms de tout le monde et j'inscris aussi le nom de leur école. Je dis ensuite:

« Si cela fonctionne, je veux que nous nous rassemblions vu que l'on vit tous à Orléans. Il faut se retrouver et trouver la raison pour laquelle ceci nous arrive à nous. Avec cette feuille on devrait pouvoir se rencontrer. Dans un premier temps, essayez de contacter celui ou celle qui est dans la même école que vous, » dis-je.

Écoles et noms

Mer Bleue: Sam et Mathilde

Saint-Baptiste: Alain et Sophie

Lacs-des-rois: Noah et Victoria

Après s'être pris la main, je demande à tous de fermer les yeux et de s'imaginer dans leur corps, tout en suivant mes conseils. Bien entendu, comme j'y avais pensé, je tombe dans le vide. Quelque temps après, je me vois sous ma couette bien au chaud...

            
            

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