Avant d'avoir complètement repris mes esprits, un bruit récalcitrant dérange le calme qui régnait. Je finis par reconnaître la voix de mon père. Je vois la lumière revenir lentement. Petit à petit je reprends connaissance.
« Allez, ça suffit maintenant, ouvre!!! Ça fait quasiment une journée que tu es enfermé, » dit-il.
Tout à coup, je finis par me souvenir du fait que je me suis évanoui dans ma chambre avant d'aller manger mon dîner. Cependant, le problème était mon dos. Je me décide alors de me retourner pour voir ce qui en est de celui-ci. De tous les scénarios possibles et inimaginables que je me suis mis en tête, celui que je vis me laisse perplexe.
En effet, un énorme chiffre « 1 » se retrouve tout le long de mon dos. En y regardant de plus près, je me rends tout de suite compte qu'il est impossible de l'enlever comme s'il s'agit d'un tatouage. En y repensant, je me dis qu'il vaut mieux pour mes parents de ne pas le voir. Donc j'enfile mon chandail et regarde l'heure.
Je suis surpris de savoir qu'il est maintenant lundi et qu'il reste vingt minutes avant le départ de mon bus.
J'ouvre donc la porte à mon père et lui m'explique que je n'ai pas le temps de parler et que je suis actuellement en retard. Je prends donc mon petit déjeuner sauf que cette fois, je ne mange qu'une omelette et deux gaufres. À ma grande surprise, pour compléter le tout, un jus d'orange me suffit.
Je conclus donc que cet appétit vorace et récalcitrant m'a enfin quitté.
C'est alors à toute vitesse que je me prépare et me dirige vers mon arrêt de bus pour aller à l'école.
* * *
Arrivé dans l'établissement, je prends mes cahiers et me dirige directement vers mon cours de mathématiques. Rien d'anormal ne s'est réellement produit jusque-là. Cependant notre prof, madame Michelle, dit à la fin du cour:
« N'oubliez pas que dans une semaine le grand rassemblement des écoles d'Orléans aura lieu. »
Au départ, je n'ai pas prêté attention mais ce n'est que plus tard que je prends conscience de l'avantage de cette occasion. Cela permettra à mes compagnons qui ont vécu la même situation que moi ainsi que moi-même de nous rencontrer. Je finis tant bien que mal par prendre en note cette information qui finit par m'affecter tout au long de la matinée.
* * *
C'est l'heure du dîner et je me dirige vers la cafétéria pour commander de la pizza. Cette fois-ci, je ne prends que deux tranches de pizza ce qui surprend la dame de la cafétéria qui travaille d'arrache-pied pour nourrir des centaines d'élèves quotidiennement. En effet, j'avais cette manie de prendre de grosses quantités de nourritures sauf que cette fois, ma faim de loup avait disparu. Pour une quelconque raison, je n'ai pas besoin de manger autant.
Donc, je me dirige dans la direction de mes amis quand tout à coup, la voix d'une personne m'interpelle. Cela me prend du temps à la reconnaître, mais en me retournant je reconnais Mathilde. Sur l'expression de son visage, je peux lire qu'elle est préoccupée et inquiète à propos d'un sujet. Elle est assise dans un banc seul. Ce qui est surprenant car elle a l'habitude de manger avec ses amies.
Elle me fait signe de m'approcher. Je change donc de trajectoire et me dirige vers elle. Arrivé, je dépose mon assiette et m'assoie en face d'elle. Il est clair qu'elle a quelque chose à me dire mais elle a l'air à la fois hésitante. Je la dis donc:
« Bon écoute, je sais que tout ce qui s'est passé... »
Elle me coupe la parole et finit par dire:
« Je sais pas si c'est lié à ce qu'on a vécu mais quelque chose d'autre m'est arrivé. Quelque chose de terrifiant... »
« Maintenant ce n'est plus aussi terrifiant mais..., »
Elle s'arrête et je comprends vite qu'elle ne veut pas en dire plus. En même temps, il faut que je m'y fasse à l'idée que tout le monde ne réagit pas de la même manière que moi. Je viens à l'instant de comprendre que pour certains, ces événements anormaux les hantent et finissent même par les traumatiser.
Il faut alors que je la rassure, mais en même temps, je ne sais pas comment m'y prendre avec les filles. Cela dit, je me décide sans trop attendre et lui dit:
« Tu sais, j'en ai vécu des choses horribles, mais cette fois-ci, je t'avoue que c'est au-dessus de ce que j'aurais pu imaginer. »
Cette façon que j'ai à toujours vouloir apaiser les autres me surprend moi-même.
« Aussi si tu ne crois pas en moi, crois en toi... »
Oh non mince, c'est le contraire.
Sans m'en rendre compte, elle laisse paraître un rire qui détend l'atmosphère.
Elle me fait signe de la suivre dehors. Il nous reste encore vingt minutes avant la fin du dîner donc je la suis sans plus attendre.
* * *
Enfin sortie, elle me guide vers une petite place située dans une petite forêt pas loin. Après avoir vérifié que personne ne nous observe, elle se met dos à moi et lève son chandail pour me laisser voir. Il est vrai que je suis gêné à ce point et que je rougis, mais quelque chose attire davantage mon attention. En effet, on peut clairement apercevoir l'énorme chiffre « 5 ». Elle descend son chandail et dit:
« Ça m'est arrivé hier, c'était horrible, c'était... c'était... »
Avant qu'elle finisse sa phrase, je me tourne à mon tour et laisse paraître le chiffre « 1 » qui est transcrit sur mon dos. À ce geste j'ajoute:
« Tu vois, tu n'es pas tout seul, » dis-je en essayant de la réconforter.
Pour une deuxième fois, elle me sourit, ce qui me donne des papillons dans le ventre.
* * *
Il ne reste plus beaucoup de temps avant les cours, cela dit on se dirige vers l'école. Durant le chemin du retour, je lui fais mention de mon plan pour le grand rassemblement des écoles d'Orléans.
« D'accord, j'y participerais, » dit-elle.
« OK mais d'ici là, si on doit se parler, on fera comment si nous sommes pas à l'école?, » dis-je.
Elle prend une feuille et un stylo qui provient de son sac à dos et écrit son numéro de téléphone. Elle me tend le papier.
Son geste si simple me laisse toutefois bouche bée et joyeux en même temps.
Il faut me comprendre, c'est la première fois que j'ai le numéro d'une fille. Évidemment dans un tout autre but. Je reprends donc mon sérieux et me dépêche d'enregistrer son numéro dans mon téléphone.
« Bien, au moins ça c'est fait! » dis-je d'un ton tout à fait normal, tandis qu'à l'intérieur mon cœur saute de joie.
Dans l'établissement, je prends donc le reste du temps pour dîner avec mes amis. Je leur explique que la raison de mon retard est due au fait que j'ai eu une retenue. Étant donné que je suis un élève plutôt sage, ils ont du mal à le croire, mais finissent par laisser tomber.
* * *
Les derniers cours se passent sans que je puisse me concentrer. Il faut absolument que je trouve le moyen d'avancer mes recherches. Je sors donc à la fin du dernier cours et me dirige vers mon casier excité que l'école est terminée et de savoir que quand j'arrive à la maison je vais pouvoir élucider ce mystère. Malheureusement, l'excitation cesse dès que j'aperçois le groupe des trois adolescents qui se tient une nouvelle fois devant mon casier.