Chapitre 10 Sauvetage de Mathilde

Courir, je n'ai que cette pensée en tête. Plus vite, plus loin. Je dois me dépêcher. En y repensant, je ne sais même pas depuis combien de temps je cours. Mais une chose est sûre, j'ai parcouru une énorme distance. Si je devais faire une approximation, je dirais que j'ai parcouru 4 km à ce point.

J'arrête sur le champ pour m'accorder un temps de récupération et je sors mon téléphone de ma poche pour voir en combien de temps j'ai couru tout ce parcours. C'est alors que je vois de mes propres yeux que cela fait deux minutes et 40 secondes. Ce qui est invraisemblable puisque j'ai donc couru à une vitesse de 100 km/h ce qui se rapporte à la vitesse à laquelle va une voiture sur l'autoroute.

Si mes capacités surhumaines me permettent de continuer à cette vitesse, cela irait à mon avantage et à celui de Mathilde. En effet, il me reste seulement 1 km à parcourir. Mais pour l'instant, il faut que je reprenne mon souffle.

* * *

Ça doit faire au moins deux minutes que je m'accorde un temps de récupération. Malgré tout, j'ai cette forte intuition que quelqu'un m'observe de loin. Sur ce fait, je regarde autour de moi, mais rien à faire, je ne vois que des maisons et encore des maisons. Encore je n'ai aucune idée d'où provient cette présence.

« QUI EST LÀ? MONTREZ-VOUS! .» Cris-je

Ça peut paraître un peu cliché, mais je n'ai pas de temps à perdre pour formuler une phrase adroite dans cette situation totalement futile. Une chose est sûre maintenant quelqu'un était bel et bien là car je ne ressens plus cette présence, c'est comme si elle avait disparu...

Tout compte fait, je n'accorde peu d'importance à cet événement flippant car Mathilde est ma seule priorité pour le moment. Je finis par reprendre des forces et je reprends ma course.

Cette fois-ci, j'exécute le restant du parcours au bout de 30 secondes. À ce point, je m'arrête devant une jolie maison où j'observe dès lors un petit jardin bien entretenu. Cette petite voix dans ma tête me fait signe que c'est dans cette maison que Mathilde habite.

* * *

Il faut que je trouve un moyen de rentrer chez elle au naturel. Prenant en compte qu'il a de très fortes chances qu'un de ses parents soit présent. Je dois alors mettre en évidence mes talents d'improvisation. Pas le temps de réfléchir je m'avance vers la porte et appuie sur la sonnette qui semble ne pas fonctionner. Emporté par ce sentiment d'impatience et de panique, je m'empresse donc d'ouvrir la porte moi-même, sachant qu'il est peu probable qu'elle soit déjà déverrouillée.

Évidemment, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'ouvre, mais bizarrement je constate vite que la porte était déverrouillée.

Si Mathilde est vraiment en danger, mieux vaut faire le moins de bruits possible. Je continue alors d'ouvrir la porte, en faisant le moins de bruit possible.

* * *

À première vue, il semble que personne n'est chez elle. Un lourd silence règne dans cette maison. Un silence assez soupçonneux....

J'entre à l'intérieur et ferme la porte qui est maintenant derrière moi aussi doucement comme lorsque je l'ai ouverte. Vous devez comprendre que les gens qui ne ferment pas les portes me stressent. Spécialement les gens dans les films qui ne ferment jamais les portes. Non, ils me donnent vraiment la chair de poule.

Sur les lieux, je dépose mes chaussures à l'entrée et m'aventure officiellement dans la maison. D'ailleurs, il faut dire qu'elle a une sacrée jolie maison. Il est impossible pour moi de ne pas admirer les lieux. Je remarque vite que son salon est spacieux et au milieu siège une énorme télé. Je pouvais aussi entrevoir le mur crème de sa cuisine.

Au bout de 45 secondes, je réalise que je me suis déconcentré à admirer la maison de mon béguin. Au moment même où je me reprends, j'entend un bruit provenant de l'étage du dessus.

Sans prendre la peine d'hésiter, je me dirige vers la source du bruit. Je monte donc les escaliers trois par trois et après quelques secondes, je me retrouve devant une porte fermée. Cette porte est celle de Mathilde et j'en suis persuadé. Mon cœur bat de plus en plus vite, mais je finis par ouvrir la porte même s'il se peut bien que derrière cette porte Mathilde soit à moitié nue. Mais à vrai dire la voir à moitié nue ne me causerait aucun problème.

* * *

En ouvrant la porte à demi, je vois Mathilde allongée sur le lit, les yeux fermés et le visage rouge. On dirait qu'elle respire à peine. Selon moi, elle était seule, mais je vois qu'un vieil homme se tient à ses côtés. C'est en effet certainement son grand-père.

Lorsque j'ouvre complètement la porte, le vieil homme se tourne immédiatement vers moi. Hope Loy! Maintenant, j'ai honte et j'ai envie de disparaître car je dois certainement me faire passer pour un imbécile ou même voir un voleur qui rentre chez les inconnus devant cet homme.

Toutefois, je constate que ce n'est pas du tout le cas. Au contraire, il me regarde et me dit sans l'air de rien.

Ah un autre chimère

Quoi? chimère?, dis-je à voix haute.

Me traiter de chimère, moi! Non mais cet homme doit se faire soigner au plus vite. D'un autre côté, il doit sûrement rigoler car il ressemble à un vieil homme en pleine forme. Mais les apparences sont souvent trompeuses... Pour calmer l'atmosphère, je décide donc de me présenter.

En fait, je suis un ami de Mathilde, je venais juste pour voir si elle allait bien, dis-je en me rapprochant de lui.

Ah je vois, tu es venu pour Mathilde, c'est bien gentil de ta part, finit-il par dire

Au fur et à mesure que je m'approche de celui-ci, je remarque qu'il m'est familier. Il semble que je l'avais déjà vue quelque part, mais j'ignore où. Je m'avance et j'observe Mathilde. C'est bizarre je sais que j'ai déjà vu cet homme quelque part. Mais la question qui se pose est: Où l'avais-je vu?

La réponse me vient en tête! Bien sûr, c'est l'homme que j'avais vu à la bibliothèque. L'homme mystérieux qui m'observait... J'hésite et finis par me décider pour lui poser des questions reliées à cet événement, mais avant que je ne puisse prononcer un mot celui-ci prend la parole.

Ça a l'air grave cette fois, je ne sais plus quoi faire, dit-il en posant sa main sur le front de Mathilde

Comment ça?!, dis-je instantanément.

En fait il s'avère que...

Il s'arrête brusquement et me lance un regard curieux.

Euh oui qu'est-ce qu'il y a?, dis-je à voix tremblante

Peut-être qu'avec toi ça peut marcher, même si je ne sais pas quel nombre tu es, dit-il.

Je ne comprends pas, de quoi diable parle-t-il. Cet homme est pour moi un réel questionnement mais au plus profond de moi quelque chose me dit qu'il connaissait quelque chose que l'on ne connaît pas.

Alors je voudrais que tu poses ta main sur le front de ma petite fille, dit-il.

Effectivement, c'est son grand-père, mais je ne comprends vraiment rien. Toutefois, si c'est ce qu'il veut, autant le faire. De toute façon, je n'ai rien à perdre et ça pourrait aussi être la solution au problème. J'avance donc ma main au-dessus du front de Mathilde et je la pose.

Oh mon Dieu. C'est comme si ma main absorbe ou aspire une présence qui se retrouve dans la tête de Mathilde. J'ai l'impression de tomber dans le vide. Ce sentiment désagréable dure quelques secondes avant que je perde connaissance.

* * *

J'y crois pas... Je suis de retour... de retour dans cette fichu forêt. Comment cela se fait-il? Est-ce à cause de Mathilde? Mais ça n'a pas d'importance pour le moment. Les souvenirs resurgissent dans ma tête. Je ne sais pas si c'est un hasard ou si c'est toujours comme ça ici, mais il fait noir encore une fois. Cette fois-ci je me calme et j'observe ce qui m'entoure. Je regarde les énormes troncs d'arbre ainsi que leur feuillage. Cet air agréable à respirer avec une légère odeur de cannelle qui flotte dans l'air. Je continue à marcher et écrase une branche d'arbre par terre ce qui fait fuir des oiseaux.

Ce ne sont pas des oiseaux ordinaires! Non loin de là. Ce sont des oiseaux à quatre ailes!

Je les regarde prendre leur envole et c'est ensuite le tour des lucioles luminescentes. Ils se mettent à voler en groupe et survole le ciel. Contrairement aux oiseaux, les lucioles sont ordinaires.

En regardant ces espèces prendre leur envole dans le ciel, je vois clairement les deux super lunes d'avant. Les deux lunes que j'ai vues pour la première fois avec les adolescents sont toujours de la même taille et grandeur. Mais aujourd'hui, elles sont beaucoup plus éclatantes que lors de ma première visite. C'est un vrai spectacle à couper le souffle. Je peux m'arrêter là et m'endormir avec ce doux son du vent effleurant le feuillage et cet air si pur.

Saaaam, dit une voix non loin de là.

MA..MAthilde, c'est bien toi, où es tu?

ICI.. ici

Je sens bien que sa voix faiblit de plus en plus. Je me mets donc à courir dans le bois en essayant d'esquiver le maximum de branches possible. Heureusement, elle n'est pas loin.

* * *

Je l'ai trouvé. Elle est par terre accroupie et très mal en point. Mais quelque chose d'autre m'intrigue. Elle a l'air d'être recouverte d'une sorte de tissu, comme si c'était un cocon et sa tête dépasse à peine.

Aide moi Sam, dit elle

Aussitôt je m'approche et j'essaye d'enlever cet étrange cocon en utilisant mes mains. Je graffigne, déchire et casse le cocon.

Vite maintenant, je dois la sortir de là, dis-je à voix basse

Je la prends donc dans mes bras et... C'est bizarre, on dirait qu'elle... qu'elle ne respire plus. Je la dépose doucement et regarde les signes. Oh non non non, aucune respiration et aucun pouls. Je dois me calmer et exécuter le massage cardiaque au plus vite. Je mets donc mes mains sur son cœur et commence la procédure en comptant.

Allez, UNE, DEUX, TROIS, QUATRE, CINQ, Aller!

Aucun signe et toujours aucun signe. Je commence à paniquer. Ça fait maintenant trois minutes que j'essaye de la ramener, mais toujours rien. Les larmes commencent à couler.

Non non non ça n'arrive pas. Pas à toi... Reviens reviens, REVIENS, dis-je en pleurant, la voix tremblante.

Malheureusement toujours rien. Les larmes coulent de plus en plus.

Je commence maintenant à me dire que c'est de ma faute. Si seulement j'étais venu plus tôt j'aurais pu la sauver. Qui sait j'aurais pu avoir la chance d'être son mari et le père de ses enfants. Bon, je rêvasse un peu trop, mais je veux pas qu'elle meurt comme ça. Elle ne le mérite pas. Non ce n'est pas fini, pas ici, pas maintenant.

Je pose donc ma main sur son front et ferme les yeux. Ce monde, cet endroit. Ce n'est pas un rêve je le sens. Si elle meurt ici, elle meurt aussi dans le vrai monde. Mais ce monde est spécial. Depuis que je suis arrivé ici, je ressens quelque chose. Comme si c'était de l'énergie, une force.

Si sa voix m'a atteint d'ici jusqu'à l'école, c'est sûrement pour une raison. Je suis certainement le seul qui peut la sauver. C'est à moi d'accomplir cela.

Aussitôt, je ressens une énergie transpercer mon corps. Une énergie saine qui peut la sauver. Je place alors mes mains sur la tête de Mathilde et une petite lumière se fait voir. C'est comme si elle transporte de mes avant-bras jusqu' à mes mains pour se rendre ensuite sur le front de Mathilde. Cette énergie se répand dans son corps. À ma grande surprise, après que quelques secondes se soient écoulées, elle finit par ouvrir les yeux.

Oh mon Dieu merci, dis-je soulagé en essuyant mes larmes

Sam c'est bien toi?

Oui je suis bien et bel là, dis-je en l'aidant à se mettre debout.

Je lui explique ensuite ce qui s'est passé en détail et elle m'écoute l'air très attentive.

Pour tout te dire Sam, je ne sais même pas comment je me suis retrouvé ici. Je me souviens seulement d'avoir eu une fatigue incroyable et d'avoir dit à mes parents d'appeler l'école ensuite je me retrouve ici coincé et j'ai essayé de t'appeler télépathiquement. Maintenant, on fait quoi?, ajoute-t-elle.

Maintenant, on rentre

Je veux bien mais comment? dit-elle en me regardant.

Je ne sais pas comment mais j'ai l'intuition que je peux aisément quitter cet endroit. Par contre, en ce qui en ai de Mathilde je n'en suis pas si sûr.

Mathilde, j'aurais besoin que tu prennes ma main

Euh ok, dit-elle un peu gênée.

Elle s'exécute et prend ma main, l'air un peu gêné.

Accroche-toi

Comme je le pensais, je ressens la même sensation de tomber dans le vide pendant quelques secondes. Je reprends mes esprits et j'ouvre les yeux. Je suis assis à côté du grand-père de Mathilde et je vois cette dernière ouvrir les yeux.

            
            

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