Chelsea tenta de faire monter les larmes. C'était sa technique signature : la victimisation instantanée.
- Blake, dis-lui d'arrêter ! Elle est folle !
Blake s'avança, menaçant.
- Anya, tu te calmes ou...
- Ou quoi ? coupa Anya. Tu vas me frapper ? Vas-y. Fais-le. J'ai hâte de voir les gros titres demain.
Elle sortit son téléphone de sa poche arrière. Ses doigts tremblaient de rage, mais elle déverrouilla l'écran rapidement.
- Parlons de ton compte Instagram secret, Chelsea. Celui que tu penses être privé.
Le visage de Chelsea se décomposa. Le masque tomba.
- De quoi elle parle ? demanda Blake, confus.
Anya tourna l'écran vers lui. C'était une capture d'écran.
- Tu te souviens de l'iPad que tu as laissé chez moi la semaine dernière pour que je configure tes mails, Blake ? Chelsea y avait connecté son compte. Quelle imprudence.
Sur la photo, Chelsea posait devant un miroir. Elle portait la robe de mariée d'Anya. La légende disait : Bientôt, tout ça sera à moi. Winning SorryNotSorry.
Blake fixa l'image. Il cligna des yeux.
- Tu... tu as essayé sa robe ?
- Elle avait les clés de mon appartement, dit Anya froidement. Elle venait quand je travaillais. Elle essayait ma vie. Elle a tout planifié, Blake. Tu n'as pas choisi. Tu as été manipulé comme un idiot.
L'ego de Blake prit un coup direct. Il se tourna vers Chelsea.
- C'est vrai ?
- C'est du Photoshop ! hurla Chelsea, sa voix devenant stridente. Elle ment ! Elle est jalouse !
Depuis le balcon, la voix d'Asher tomba, glaciale et définitive.
- Henderson a appelé la police. Ils seront là dans trois minutes. Violation de domicile et harcèlement.
Blake releva la tête, paniqué. Un scandale policier ruinerait sa réputation d'avocat d'affaires.
- On s'en va, grogna-t-il.
Il attrapa le poignet de Chelsea, moins tendrement cette fois.
- Mais Blake ! geignit-elle.
- Ferme-la !
Ils reculèrent vers la porte. Anya les suivit, pas à pas, les poussant dehors par sa seule présence.
- Et Blake ? dit-elle alors qu'ils étaient sur le seuil. Si je te revois, je porte plainte. Oublie mon numéro. Oublie mon nom.
Elle claqua la lourde porte. Le bruit résonna dans le hall vide comme un coup de feu.
Le silence retomba.
Anya resta figée face au bois sombre de la porte. L'adrénaline qui l'avait tenue debout s'évapora d'un coup. Ses jambes devinrent du coton. Elle se laissa glisser contre la porte jusqu'au sol, enfouissant sa tête dans ses genoux.
Elle s'attendait à une remarque cynique d'Asher. Bravo pour le spectacle, ou Tu as de la morve sur le nez.
Le bruit rythmé des mains poussant les roues du fauteuil se rapprocha. Le grincement du caoutchouc sur le vieux parquet s'arrêta juste à côté d'elle.
Asher ne la toucha pas. Il savait qu'elle se briserait s'il la touchait maintenant.
Au lieu de cela, une main apparut dans son champ de vision. Elle tenait un mouchoir en tissu blanc, immaculé, avec des initiales brodées : A.S.
Anya releva la tête. Ses yeux étaient rouges, son maquillage inexistant. Elle prit le mouchoir.
- Merci, dit-elle d'une voix étranglée.
- Tu as fait peur au chien, dit Asher.
Anya renifla, un sourire tremblant apparaissant sur ses lèvres.
- Chelsea n'est pas un chien. Les chiens sont loyaux.
- Je parlais de Blake.
Asher la regarda s'essuyer le visage. Il ressentit une envie étrange, presque douloureuse, de descendre de son fauteuil, de s'asseoir par terre à côté d'elle et de prendre sa main. Mais il ne pouvait pas. Pas encore.
- Ils ne reviendront pas, dit-il. C'est une promesse.
Ce n'était pas une supposition. C'était un fait. Asher avait déjà envoyé un message crypté à son équipe de sécurité : Bannissez les Miller du périmètre. Force autorisée.
Anya se releva, s'appuyant sur le mur. Elle lissa son t-shirt froissé.
- Je vais finir le ménage, dit-elle.
Elle partit vers la cuisine, le dos droit, digne dans sa détresse.
Asher resta seul dans le hall. Il regarda la porte fermée. Pour la première fois depuis son "accident", le Manoir Sterling semblait un peu moins vide.