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Abandonnée à l'autel, j'épouse le milliardaire méprisé

法语作者
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Chapitre 1 No.1

Le silence n'était pas vide. Il était lourd. Il pesait des tonnes, écrasant l'air dans la cathédrale Saint-Patrick, pressant contre les tympans d'Anya jusqu'à ce qu'elle ait l'impression que sa tête allait exploser.

L'orgue s'était tu.

C'était le son le plus terrifiant qu'elle ait jamais entendu : l'arrêt brutal de la musique.

Anya Vance se tenait devant l'autel. Seule.

Sa robe, une création de dentelle et de soie qui avait coûté trois mois de salaire, semblait soudain être un costume grotesque. Elle sentait chaque fil contre sa peau, grattant, irritant, comme si le tissu lui-même la rejetait.

Le témoin de Blake, un homme du nom de Greg qui n'avait jamais su la regarder dans les yeux, s'était approché. Il avait chuchoté. Trois phrases.

Chelsea a fait un malaise.

Il est parti avec elle aux urgences.

Il a dit qu'il ne pouvait pas faire ça aujourd'hui.

Anya n'avait pas bougé. Elle n'avait pas cligné des yeux. Son cœur, cet organe stupide et loyal, continuait de battre, mais le sang qu'il pompait semblait s'être transformé en glace pilée.

Un murmure parcourut l'assemblée. Trois cents personnes. L'élite de New York. Des amis, des collègues, des rivaux. Ils ne la regardaient pas avec pitié. Ils la regardaient comme on regarde un accident de voiture sur l'autoroute : avec une curiosité morbide et un soulagement secret de ne pas être la victime.

Au premier rang, la mère de Blake, Madame Miller, porta une main gantée à sa bouche. Mais Anya, avec sa vision périphérique aiguisée par l'adrénaline, vit le coin de ses lèvres se relever. Juste une fraction de millimètre. Une victoire.

Blake n'était pas venu. Il avait choisi Chelsea. Comme toujours. Chelsea, la "meilleure amie" fragile. Chelsea, qui avait besoin de lui. Anya, elle, était forte. Anya pouvait encaisser. C'était ce que Blake lui avait dit la veille, en l'embrassant sur le front : Tu es mon roc, Anya.

On ne demande pas à un roc s'il a mal quand on le frappe.

Anya inspira. L'air sentait le lys et la cire fondue. Une odeur de funérailles.

Elle ne pleurerait pas. Pas ici. Pas devant eux. Si elle versait une seule larme, ils la dévoreraient vivante.

Elle tourna lentement la tête. Elle ne regarda pas la sortie. Sortir, c'était fuir. Sortir, c'était admettre la défaite, retourner dans son petit appartement vide, rendre les cadeaux, et devenir la "pauvre Anya" pour le reste de sa vie sociale.

Son regard balaya la salle, cherchant une ancre. N'importe quoi pour ne pas sombrer.

Et elle le vit.

Au fond de la nef, à l'ombre d'une immense colonne de pierre, un homme était assis. Il ne portait pas de smoking de fête. Il portait un costume noir, simple mais impeccablement coupé. Il tenait un verre de scotch à la main, un sacrilège dans ce lieu sacré, mais personne n'osait lui faire de remarque.

Il était dans un fauteuil roulant.

Asher Sterling.

Le mouton noir. Le paria de la famille Sterling. L'homme qui, selon les rumeurs, avait perdu sa fortune, ses jambes et son âme dans un accident de voiture trois ans plus tôt. Sa présence ici était une énigme ; sans doute une obligation familiale cruelle, une façon pour le patriarche Sterling de l'exhiber comme un avertissement vivant : "Voilà ce qui arrive quand on échoue".

Il la regardait.

Ses yeux étaient sombres, insondables. Il n'y avait ni pitié, ni moquerie dans son regard. Juste une indifférence glaciale. Il fit tourner les glaçons dans son verre, le tintement cristallin résonnant dans le silence de l'église.

Une idée folle traversa l'esprit d'Anya. Une idée née du désespoir le plus total et d'une rage volcanique.

Blake l'avait jetée comme un déchet ? Très bien. Elle ne quitterait pas cette église en victime. Elle la quitterait en scandale.

Anya attrapa le tissu de sa traîne. Elle tira d'un coup sec. La soie se déchira avec un bruit qui fit sursauter l'assemblée. Elle libéra ses jambes.

Elle descendit les marches de l'autel.

Elle ne courut pas vers la sortie. Elle marcha droit vers le fond. Droit vers l'ombre.

La foule s'écarta sur son passage, comme la Mer Rouge devant Moïse. Les murmures cessèrent. Le silence revint, plus dense encore.

Asher Sterling ne bougea pas. Il porta son verre à ses lèvres, prit une gorgée lente, ses yeux fixés sur elle par-dessus le rebord du cristal.

Anya s'arrêta devant lui. Elle le dominait de toute sa hauteur, mais elle avait l'impression étrange que c'était lui qui la regardait de haut. Elle vit la fine cicatrice blanche qui traversait sa tempe gauche, disparaissant dans ses cheveux noirs.

- Asher Sterling, dit-elle.

Sa voix était claire. Pas de tremblement.

Il abaissa son verre.

- Vance, répondit-il. Sa voix était grave, une vibration basse qui sembla résonner dans le sol. Tu as égaré ton mari ?

- J'en cherche un meilleur.

Un hoquet de stupeur parcourut les rangs les plus proches.

Asher haussa un sourcil. Un geste minimaliste.

- Et tu t'es arrêtée devant l'infirme fauché ? Tu as une drôle définition du "meilleur", Vance.

- Je me suis arrêtée devant le seul homme ici qui ne me regarde pas comme si j'étais une bête curieuse blessée.

Anya tendit sa main gantée de blanc vers lui. Elle voyait les détails de son visage maintenant. La mâchoire carrée, tendue. Les cernes légers sous ses yeux. La beauté brutale d'un ange déchu.

- Épouse-moi, Asher. Maintenant.

Le temps s'arrêta.

Asher posa son verre sur le banc vide à côté de lui. Il la scanna, de ses chaussures à talons jusqu'à ses yeux noisette brûlants de défi. Il cherchait la faille. Il cherchait l'hystérie.

Il ne vit que du feu.

Il sourit. Ce n'était pas un sourire gentil. C'était un sourire de prédateur qui vient de voir une proie sauter volontairement dans sa gueule.

- Tu sais que je suis ruiné, Anya ? demanda-t-il doucement. Tu sais que je ne peux rien te donner à part mon nom et mes dettes ?

- Je me fiche de ton argent. J'ai besoin d'un mari. Tu as besoin... de faire chier ta famille.

Asher jeta un coup d'œil vers le premier rang, où son cousin Julian Sterling et son oncle le regardaient avec dégoût.

- Touché, murmura Asher.

Il leva la main. Sa paume était large, ses doigts longs. Lorsqu'il saisit la main d'Anya, sa prise fut ferme. Trop ferme. C'était une poigne d'acier, pas celle d'un homme affaibli.

Il tira légèrement sur sa main, l'obligeant à se pencher vers lui.

- Accord conclu, ma chère.

Les flashs des photographes, qui avaient hésité jusqu'ici, se mirent à crépiter frénétiquement, immortalisant la chute d'Anya Vance et son pacte avec le diable.

            
            

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