Enceinte et en Fuite : Adieu Mon Tyran
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Chapitre 6

Dante POV

L'aiguille du compteur léchait la barre des deux cents.

Le moteur hurlait, une plainte mécanique et sauvage qui faisait vibrer le châssis jusque dans la moelle de mes os. Pourtant, cette violence brute ne suffisait pas à étouffer le silence assourdissant qui régnait dans mon crâne.

- Dante, tu vas nous tuer ! hurla Clara, ses ongles s'enfonçant dans le cuir de la poignée de maintien.

Je ne ralentis pas. Pas même d'un kilomètre. Les lumières de la ville défilaient sur le pare-brise comme des traînées de sang liquide, distordues par la vitesse.

- Tais-toi, grognai-je.

Mes jointures avaient viré au blanc spectral sur le volant. J'avais l'impression que ma peau était devenue trop étroite pour contenir la rage qui bouillonnait sous la surface. Depuis trois semaines, l'air même du manoir avait changé.

Il était devenu vicié. Rassis. Mort.

Sofia n'était plus là.

C'était grotesque. Je me répétais en boucle qu'elle n'était qu'un pion, une simple acquisition stratégique pour apaiser les tensions avec son père. Je m'étais évertué à l'ignorer, à ne jamais lui accorder un regard de plus que nécessaire. Alors pourquoi avais-je cette sensation physique, atroce, qu'on m'avait arraché un poumon à vif ?

- Tu es impossible depuis qu'elle est partie, souffla Clara, tentant de masquer sa terreur par un dédain feint. C'est juste une gamine, Dante. Elle fait un caprice. Elle reviendra ramper dès qu'elle sera à court d'argent.

J'écrasai la pédale de frein.

La voiture s'immobilisa dans un crissement de pneus agonisant. La ceinture de sécurité nous scia la poitrine avec la violence d'un coup de fouet. Je tournai lentement la tête vers Clara.

Pour la première fois, je ne vis que ses failles. Son parfum, une mixture synthétique et trop sucrée qui m'écœurait. Son ambition, acide, qui suintait par chacun de ses pores. Elle était bruyante. Elle était fausse.

Elle n'était pas Sofia.

Sofia avait l'odeur de l'ozone après l'orage et la texture du silence.

- Ne parle pas d'elle, dis-je.

Ma voix n'était plus qu'un grondement sourd, une lame effilée contre sa gorge.

Clara se recula contre la portière, blessée, le visage blême. Je m'en fichais éperdument.

Le lendemain, l'air dans la salle de conférence était irrespirable.

Lors de la réunion trimestrielle avec les Capos, leurs voix ne me parvenaient que comme un bourdonnement lointain et irritant. Ils débattaient de territoires, de cargaisons saisies, de millions de dollars. Des bruits de fond. Des futilités.

Mon regard restait rivé sur le siège vide à ma droite.

C'était là qu'elle s'asseyait lors des dîners officiels. Elle ne disait jamais rien, mais elle absorbait tout. Je pouvais presque voir le fantôme de sa silhouette, me souvenir avec une précision douloureuse de la courbe délicate de sa nuque lorsqu'elle baissait les yeux.

- Boss ?

La voix de Marco, mon second, brisa ma transe. Il me fixait, attendant une directive.

- On valide l'expédition ? insista-t-il.

Je me levai brusquement. Ma chaise racla le sol avec un bruit strident qui fit sursauter la moitié de la table.

- Faites ce que vous voulez, lâchai-je avec un mépris glacial.

Je sortis de la salle sans un regard en arrière, traversant les couloirs de ma forteresse comme une ombre.

J'avais tout le pouvoir de la ville entre mes mains. Je tenais la vie et la mort de centaines d'hommes au bout de mes doigts. Et pourtant, je n'avais jamais goûté à une impuissance aussi amère.

Je devais la trouver.

Non pas pour la famille. Non pas pour l'honneur ou pour réparer une alliance brisée.

Simplement parce que sans elle, je n'arrivais plus à respirer.

                         

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