Sa question me prend au dépourvu.
- Tu connais le Blue Devis ?
Elle me répond que non mais rien d'étonnant puisqu'il n'existe pas, l'ayant complètement inventé.
- Je travaille là, c'est assez sympa. Allez, on en rajoute une couche histoire que ça passe.
- Et, tu es barman depuis quand ?
- Mmm... J'ai commencé assez jeune.
- Donc, tu dois être sacrément doué pour faire des cocktails.
Alors là, pas du tout. J'ai bien des talents, mais pas celui-là.
- Oui, bien sûr, après tout c'est mon métier.
- C'est vrai, pour ce qui est de la moto, t'en fait depuis longtemps ?
La vérité est non, j'ai commencé le jour de l'accident de Seth, quand je roule, je me sens plus proche de lui. Si lui ne peut plus rouler, je le ferai pour lui. Je décide encore de lui mentir.
- Depuis mon adolescence.
- Ah oui, c'était il y a très longtemps ça, dit-elle d'un sourire espiègle.
- Minute, tu insinues que je suis vieux là où je rêve ?
Lanaya éclate de rire.
- Pardon, non, rigola-t-elle toujours.
- Arrête de rire, c'est toi qui es « trop » jeune.
- Quoi ? Alors là, je suis offusqué. Je ne suis pas « trop » jeune, je suis une femme accomplie, une vraie.
- Nuance, une jeune femme presque accomplie à mon avis.
- Ha, ha, tu sais que tu n'es pas drôle.
- Mademoiselle est susceptible ?
- Absolument pas !
- Oh, si tu veux mon avis, j'ai bien l'impression que si.
- Heureusement, que je ne voulais pas de ton avis.
- Tu es mignonne quand tu es piqué par quelque chose, jeune fille.
- Alors là, non ! Tout mais pas ça, pas jeune fille ! D'ailleurs, je vais te prouver que je ne suis plus une jeune fille, mais une femme accomplit. Elle se lève subitement. Je te défis.
Intéressant, je me lève à mon tour.
- Je t'écoute, mets tes conditions.
- Tu choisis n'importe quel jeu et si je gagne, tu t'excuses de m'avoir insulté.
- Et si c'est moi qui gagne ?
- Tu demandes ce que tu veux.
- Tout ce que je veux, tu es bien sûr ?
- Oui, de toute façon, je ne m'en fais pas, je vais te mettre la raclée de ta vie.
- J'aimerais bien voir ça. Je suis difficile à battre.
- C'est ce que l'on verra. Choisis maintenant.
On s'avance vers les différents jeux du parc. Secrètement, je sais déjà ce que je vais choisir. C'est un jeu qui me permettra de gagner facilement. Quand je m'arrête devant une boxe machine, son visage se décompose. Se pourrait-il que Lanaya ait mal calculé son coup ? Elle qui était si fière il y a moins d'une minute. La pauvre, maintenant elle sait qu'elle n'a plus aucune chance de me battre. Lanaya est sur le point de parler quand je l'interromps.
- Tuh, tuh, tuh... Je choisis, tu te rappelles.
- Mais...
- Non, c'est toi qui l'as dit. Abattue, elle se résigne, comprenant qu'elle n'aura, quoi qu'il arrive, pas gain de cause.
- Je t'en prie, commence et mets-y toute ta force, princesse.
Dans un soufflement d'énervement, elle me lance un regard assassin avant de mettre un sacré coup à la machine.
- Joli, c'est pas mal du tout même.
- Oh arrête, tu sais très bien que j'ai perdu, s'agaça-t-elle.
- Oui, mais il faut tout de même reconnaître que tu as un sacré crochet du droit. Maintenant, fini de jouer et laisse faire les pros.
Elle lève les yeux au ciel, d'un air peu approbateur et sans vraiment d'effort, je la bats.
- Tu as triché.
- Mauvaise perdante.
- Non pas du tout, car même si tu as triché, une parole est une parole. Donc que veux-tu ?
- Laisse-moi réfléchir un petit instant... Je fais semblant de chercher quoi lui demander alors que cela ait déjà tout réfléchi. Je veux un baiser.
Elle n'a pas l'air surprise par ma demande, se pourrait-il qu'elle en ait envie aussi ? Sans prévenir, Lanaya attrape le col de mon t-shirt pour me tirer vers elle et scelle ses lèvres aux miennes. Je suis agréablement surpris par son contact, qui est, d'une douceur extrême. Instinctivement, j'entrouvre les lèvres pour approfondir notre baiser et elle fait de même. Bon sang, c'est trop bon. Ma langue vient caresser la sienne, la taquine avant de se chercher dans un ballet enflammé. Je ressens une variété de sensation contradictoire. Elle a un goût divin, sucré qui me donne envie de plus, beaucoup plus. C'est la première fois que j'éprouve autant de désir pour une femme et cela rien qu'avec un seul baiser. Lanaya est comme un bonbon rempli de saveur. Elle se resserre contre moi et j'oublie presque que nous nous trouvons dans un lieu public. Merde, cette femme m'excite beaucoup trop. Je n'ai d'ailleurs plus qu'une envie, la soulever dans mes bras pour la baiser, là, devant tout le monde en plein milieu de l'après-midi. Quand elle détache enfin ses lèvres des miennes, je me sens frustré. J'en voulais davantage. Déconcerter, je la dévisage. Elle est dans le même état, apparemment ce baiser ne l'a également pas laissé de marbre. Savoir que je ne suis pas le seul dans cette situation me rassure, par contre une chose qui me rassure moins, c'est de ressentir quelque chose d'aussi fort pour elle. Il ne faut pas que j'oublie que l'on ne vient pas du même milieu. Elle va juste profiter de toi. On se regarde sans rien dire durant quelque seconde avant que je ne mette fin à ce silence interminable.
- Que dirais-tu de continuer notre balade ?
- Avec plaisir.
**********
Il est 21 heures et je ne pensais pas rester aussi longtemps avec Lanaya. On est installé sur la plage de Coney Island qui est, à présent, déserte, à contempler la mer. J'ai passé une agréable journée avec cette femme, je suis même étonné d'apprécier autant sa compagnie. L'idée que cette journée prenne petit à petit fin, me déçoit presque.
- Merci pour cette journée, c'était vraiment bien, prononça-t-elle.
Instinctivement, je souris au son de cette voix mélancolique, ma déception quant à une fin est partagée.
- Il n'y a pas de quoi, je me suis également bien amusé.
- C'est dommage que l'on ne puisse pas se baigner quand même, fit-elle en regardant tristement la plage.
- On peut.
Je me lève et lui tends la main. Elle la saisit pour se redresser, interloquer par mes propos.
- Bien sûr que l'on ne peut pas, on n'a pas de maillot ni serviette. En plus, il est clairement écrit sur le panneau juste là que la baignade sans sauveteur est interdite.
- Pour commencer, on n'a pas besoin de maillot pour aller dans l'eau, on peut se baigner en sous-vêtement. Ensuite, j'ai une serviette dans le coffre et pour finir, ne me dis pas que tu as peur de te faire attraper.
- Je n'ai pas peur.
- Alors viens.
Je retire mon t-shirt avant de me déchausser puis je me retourne vers Lanaya qui reste sur place sans bouger, la bouche ouverte à me contempler.
- Tu comptes rester là, à me regarder où tu me suis.
Elle fait non de la tête avant de se retourner pour me donner son dos. Quand elle laisse tomber sa veste, je suis surpris de constater que le haut qu'elle porte et complètement ouvert dans le dos. Elle le fait passer au-dessus de sa tête et je retiens mon souffle. Je l'ai directement compris dès l'instant où j'ai vu son dos dénuder. Elle ne portait rien en dessous depuis le début. L'idée d'imaginer ses seins libres m'excite un peu plus. Quand elle baisse son pantalon pour dévoiler ce qu'il se cachait en dessous, je suis sans voix. Elle porte un string noir qui met ses fesses en valeur. Merde elle a un sacré cul, elle se retourne pour me faire face et je déglutis à son image. Lanaya est en face de moi entièrement nue à l'exception de son string et ses bras qui cachent sa poitrine généreuse. Quelle idée de lui avoir proposé d'aller se baigner maintenant que j'ai vu son corps, je suis perdu. Comment on peut être aussi somptueuse, j'aime tout chez elle. Plusieurs idées, pas très catholiques, me traversent l'esprit. On peut facilement retrouver Lanaya dans le rôle principal dans des positions toutes plus scandaleuses les unes que les autres.
- Bon, tu viens, me dit-elle, en se dirigeant vers l'eau.
Ébahi par ce bout de femme, j'enlève rapidement mon pantalon, remets correctement ma queue qui à présent prend bien plus de place dans mon caleçon avant d'aller la rejoindre. Dans l'eau, Lanaya s'éloigne petit à petit du rivage suivi de moi-même.
- Elle est vraiment bonne, fit-elle en me souriant. J'en avais tellement envie.
Si tu savais tout ce dont moi j'ai envie en cet instant précis.
- Tu vois que l'on pouvait se baigner.
- On ne pouvait pas, même si on le fait, dit-elle d'un sourire espiègle avant de plonger sous l'eau.
La voilà disparue, je la cherche du regard, mais Lanaya met du temps avant de ressortir. Je suis sur le point de l'appeler lorsqu'elle immerge à moins d'un mètre de moi telle une sirène. Je suis totalement éblouie par elle. Lentement, Lanaya se rapproche de moi en nageant sans me lâcher du regard. Je reste immobile, hypnotiser par cette magnifique créature qui me dévore des yeux. Quand elle finit son avancé, elle n'est qu'à quelque centimètre de mon visage. Sans rien dire elle enroule ses bras autour de mon cou tout en se collant plus étroitement contre moi. Une chaleur agréable m'embaume dès l'instant où ses seins se déposent sur mon torse. Dans un premier temps, je reste figé, de peur de la faire fuir, n'osant même pas l'effleurer. Par contre, Lanaya n'a pas l'air d'accord avec cette décision. Tout en se serrant un peu plus contre moi, elle dépose sur mes lèvres un baiser d'une légèreté extrême. Croyant même l'avoir rêvé quand ses lèvres quittent les miennes. Je la regarde complètement troublée par ce que je ressens lorsque je suis entre les bras de cette femme.
- Comment fais-tu pour autant m'attirer, me dit-elle, avant de m'embrasser une deuxième fois. Contrairement au premier baiser, cette fois-ci, elle n'hésite pas à me mordre la lèvre pour me rappeler qu'elle est là.
- Je me pose la même question, conclus-je en lui agrippant les fesses pour l'inciter à enrouler ses jambes autour de ma taille.
Lanaya a un sursaut, mais laisse de côté sa stupeur et ne se fait pas prier. Je remonte une main dans son dos afin de la caresser et de la soutenir plus fermement contre moi. Légèrement, je me penche vers son cou pour y déposer un baiser. En l'entendant gémir, je la mordille tendrement tout en l'embrassant.
- Carter... S'il te plaît.
Entendre sa supplication me chamboule et je perds tout contrôle. Très rapidement je quitte son cou pour prendre possession de ses lèvres pleine et pulpeuse, je l'embrasse avidement et sans aucune retenue. À chaque coup de langue, chaque morsure, j'ai droit à un gémissement de plaisir. Lanaya ondule sensuellement contre mon corps en prenant soin d'éviter d'interrompre notre baiser pour ne faire qu'accroître mon désir pour elle. J'ai tellement envie d'elle que j'en aie mal à la queue. De toute mon existence, je n'ai jamais ressenti une telle attirance pour une femme.
- Eh vous deux ! Une voix nous interrompt de l'autre côté de la plage.
- Merde, jurais-je, avec regret, je mets fin à notre baiser.
- On va avoir des ennuis me dit Lanaya avec un grand sourire aux lèvres.
- Pas si l'on ne se fait pas attraper, ma belle. J'espère que tu cours vite.
- Euh... Courir, je sais, mais vite, c'est une autre question.
Elle se détache de mon corps et nous nageons vers le début de la plage. Je suis le premier à sortir de l'eau. L'agent et sa lampe de torche ne sont pas bien loin de moi. Si je ne veux pas que l'on se fasse arrêter, j'ai intérêt à me dépêcher. Sans tarder, j'enfile mon pantalon puis mes chaussures quand Lanaya sort enfin de l'eau. Wow, quel spectacle. Cette femme est d'une beauté presque surnaturelle, on dirait une créature de la luxure créer uniquement pour tenter les hommes. Si le garde ne nous avait pas arrêtés, je l'aurais prise, là, dans l'eau et sans la moindre protection. Je suis toujours prévoyant, mais là je ne contrôlais absolument plus rien, j'étais entièrement à sa merci. Un frisson me parcourt le corps quand je repense à l'erreur que j'allais faire, sans capote, je n'arrive pas à le croire. Si je ne reprends pas mes esprits rapidement, cette femme me perdra. Arriver à ma hauteur, je lui jette mon t-shirt qu'elle rattrape au vol.
- Merci.
Une fois Lanaya couverte, j'enfile ma veste et ramasse toutes nos affaires avant de l'agripper par la main pour l'entraîner dans ma course. Devant la moto, je range précipitamment les affaires dans le coffre et jette un coup d'œil à notre agent, qui n'est qu'à quelques mètres de nous. Je lui tends le casque tout en montant sur la moto et en enfilant le mien.
- Carter, attends.
- Il y a un problème ? Ai-je oublié quelque chose sur la plage ?
- Non... Je ne vais quand même pas y aller comme ça, dit-elle en me montrant sa tenue.
Je la regarde comprenant ce qu'elle veut dire. Lanaya ne porte qu'un simple t-shirt qui lui colle entièrement à la peau comme seul vêtement.
- Ne t'en fais pas, mon t-shirt te va comme une robe.
- Ce n'est pas ça... J'ai les pieds remplis de sable et je suis toute mouillée.
Sa réflexion m'arrache un sourire.
- Ne t'inquiète pas, pour ce qui est du mouillé, on arrangera ça plus tard.
- Je ne parlais pas de ce genre « de » mouiller Carter, roula-t-elle des yeux.
- Attendez, cria l'agent qui n'est plus qu'à trois mètres de nous.
- Lanaya, ce n'est pas grave si tu es mouillée ou encore remplis de sable, je t'assure, alors monte, que nous puissions partir.
Elle acquiesce avant d'enfiler le casque et saute derrière moi. Sans plus attendre, je démarre pour distancer notre fameux agent. Dans ma course, je l'entends jurer de ne pas avoir réussi à nous coincer. Le bonheur des uns fait le malheur des autres. Adosser contre mon dos, je sens Lanaya m'étreindre plus étroitement, ses mains viennent me caresser le torse tout en s'agrippant à moi. J'ai l'impression qu'elle craint que je décide de l'abandonner finalement devant chez elle avant de repartir. Si elle a ce sentiment, elle n'a rien à craindre, car mon but est de profiter un maximum de cette soirée. Après plusieurs minutes de route, je m'arrête devant son immeuble. Lanaya descend de la moto pieds nus au sol, je la suis.
- Tu crois que je peux récupérer mes chaussures ?
- Je pense qu'ici on ne risque plus rien alors oui.
J'ouvre le coffre pour lui donner ses chaussures ainsi que le reste de ses affaires. Elle enfile ceux-ci avant de se retourner pour prendre la direction de son immeuble. Ne comprenant pas pourquoi elle s'en va, je reste immobile. Lanaya arrête son avancé pour se retourner vers moi.
- Alors, tu viens, ou bien tu préfères rester dehors.
Je lui souris tout en la rejoignant. À un instant, j'ai vraiment cru que nos craintes s'étaient échangées et que cette femme aller me laisser là, la queue entre les jambes devant son immeuble. Je ne la connais pas, mais une chose est sûre, elle n'est pas du tout comme les autres femmes. Lanaya n'essaye pas du tout de me séduire, elle le fait tout naturellement et sans le moindre effort. On monte les deux premiers étages qui nous séparent de son appartement avant d'y pénétrer. Bon, ce n'est pas réellement un appartement si je me réfère à sa taille, le terme approprié est plutôt studio. C'est vraiment minuscule chez elle, une vraie boîte à chaussure, je ne sais pas comment elle fait pour vivre là-dedans. Son séjour lui sert de chambre et cuisine à la foi, comme une chambre d'étudiant.
- Tu veux boire quelque chose, me demande-t-elle, embarrasser.
Je lui notifie d'un signe de tête que je ne veux rien tout en me rapprochant lentement d'elle afin d'arriver à sa hauteur.
- La seule chose que je veux, c'est toi Lanaya.
Je me penche doucement pour l'embrasser délicatement. Ensuite, je m'écarte d'elle pour voir sa réaction. Lanaya garde les yeux fermer quelque seconde avant de les rouvrir à nouveau. Dans son regard je peux distinctement lire deux émotions. D'une part il y a le désir que j'arrive facilement à repérer et d'une autre part, un peu plus complexe, le regret. Étonner, je me demande pourquoi elle a ce genre d'émotion. Que regrette-t-elle au juste ? Je n'ai pas le temps dit réfléchir plus puisque Lanaya dépose ses mains sur mon torse avant de se mettre sur la pointe des pieds et se hisser à ma hauteur pour venir me rendre mon baiser.