Vénal Tome 1 : Escort
img img Vénal Tome 1 : Escort img Chapitre 3 Partie III : LANAYA
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Chapitre 3 Partie III : LANAYA

Le con, il se moque de moi ! Comme si cette journée ne pouvait pas être pire, il fallait que je me retrouve trempée avec une horreur sur la tête en face de l'homme le plus séduisant qui m'ait été donné de rencontrer. Karma, qu'ai-je fait pour subir tant de cruauté de ta part.

- Je savais qu'il me faisait une tête complètement ridicule, dis-je en essayant de serrer la sangle pour que le casque ne se fasse pas la malle.

- Si cela peut vous rassurer, il fait une tête ridicule à tout le monde, mais vous, vous êtes une des têtes les moins ridicules que j'ai vu le porté.

- Ah oui pour le coup je suis rassurée, persiflais-je tout en essayant encore de resserrer la sangle du casque qui me semble coincer.

- Attendez, me dit-il en se rapprochant. Laissez-moi faire.

Tout en tendant la main vers moi, il me relève délicatement le menton. Son contact est tout en douceur à tel point que j'arrête de respirer, troublé par la sensation qui me parcourt le corps en cet instant. Je ne comprends pas vraiment ma réaction, d'habitude je ne réagis pas de cette manière. Sachant que je ne suis pas du tout le type de femme qui se focalise sur un physique, pour ma part la beauté ne s'arrête pas à une enveloppe corporelle, cela va beaucoup plus loin qu'une belle gueule. Donc pourquoi, aujourd'hui, je suis autant troublé par sa beauté. Au fond de moi, je ressens quelque chose de plus chez cet homme. Au-delà de ce physique de dieu, il y a une chose qui m'attire irrésistiblement chez cet inconnu. Cependant, le plus déconcertant, c'est que je suis incapable de dire qu'elle est cette chose. Mon regard vient se planter dans le sien et, à ma grande surprise, je constate que mon partenaire est dans le même état. Lui aussi se questionne, il est perturbé. J'entrouvre les lèvres pour lui demander quel est son nom quand ses magnifiques yeux viennent s'attarder dessus. Les mots me restent au bout des lèvres, étant incapable de prononcer le moindre son, tant la tension est palpable. Dans son regard, on peut lire très distinctement le désir. Cet homme a envie de m'embrasser et je suis étonnée de le vouloir aussi. Quand le mot « Escort » s'impose dans mon esprit, je chasse l'idée de sceller mes lèvres aux siennes. Ce n'est pas le moment de s'enticher d'un homme aussi séduisant soit-il. Avec un pincement au cœur, je mets fin à notre tension qui à tout moment aurait pu me faire succomber.

- Essayez de ne pas me pincer avec la sangle s'il vous plaît, on dit que la peau du cou est très sensible.

Son regard quitte mes lèvres pour se focaliser dans le mien, perplexe.

- Je suis habile des doigts, je ne vous ferai pas le moindre mal, conclut-il avec un sourire terriblement sexy.

Je reste bouche bée, sa phrase avait clairement un sous-entendu sexuel et cela me fait aussi tôt regretter la tension qui régnait entre nous, j'aurais peut-être dû le laisser faire. Après avoir bien serré mon casque, il se hisse sur sa moto tout en m'invitant à faire de même. Je m'installe derrière lui sans pour autant m'accrocher étroitement, même si l'envie de me serrer contre lui est là, je garde mes distances un peu embarrassées.

- Alors où va-t-on ?

Je suis sur le point de lui dire de me déposer à la gare quand l'horaire me revient à l'esprit. Déjà fatiguée par toute cette journée de merde, si en plus, j'attends trois heures, je vais craquer. À l'heure actuelle, je n'ai qu'une envie, c'est de rentrer chez moi. Ma décision prise, c'est tout naturellement que je donne à mon inconnu mon adresse. Il est là et de plus véhiculer, autant profiter de lui.

- C'est parti, dit-il avant de rajouter, accrochez-vous.

Dès qu'il démarre, un cri de surprise franchi mes lèvres, adieu l'embarra que j'ai pu ressentir lorsque je me suis installé dans son dos et bonjour l'audace. Sans plus aucune gêne, je me serre intimement contre mon inconnu de peur de tomber, mais aussi par simple envie. Je l'entends rire dans son casque avant de redonner un coup de gaz pour aller plus vite. Durant les premières minutes du trajet, je suis fermement collée à lui de peur de m'envoler. Ensuite, j'arrive plus ou moins à me détendre, là, adosser contre son dos, je ressens un sentiment de légèreté, rassurant et réconfortant grâce à son contact. Lorsque mon inconnu ralentit, je me redresse pour analyser les alentours que je reconnais directement et je suis triste d'être arrivé aussi vite à destination. Le trajet était bien trop court à mes yeux, j'aurais aimé rester un peu plus longtemps collé contre lui.

- Voilà, dit-il en se garant non loin de l'immeuble dans lequel je vis.

Je me décolle avec difficulté de mon inconnu pour descendre de la moto et il fait de même. Nous retirons nos casques avant de rester surplace sans rien dire, à nous contempler. Le fait de ne plus être contre lui me procure une sorte de vide, mélanger à un sentiment de solitude. Ah non, je ne peux pas ressentir de la solitude alors que cet homme, je ne le connais même pas. Je dois sûrement confondre, je suis fatiguée et du coup tout se mélange dans mon esprit. Autrefois, la solitude faisait entièrement partie de moi, le manque d'affection aussi. De l'âge de mes 7 ans à celui de mes 18 ans, j'ai toujours été seule. Donc, je me suis promis d'être là pour moi-même et à partir de cet instant, j'ai enfoui ces deux sentiments au plus profond de mon être. Parfois, quand j'ai des moments de faiblesse telle que le jour du décès de mes parents ou encore celui de mon anniversaire, je m'autorise à craquer, mais seule et en toute intimité. L'année de l'accident, j'ai énormément pleuré, d'ailleurs pendant un an, j'ai quasiment fait que ça. En grandissant, je me suis promis de ne plus être faible. Quand j'ai envie de pleurer et que je suis face à des gens, je ravale mes larmes et me force à rester statique. Les larmes en disent beaucoup et certaines personnes peuvent les retourner contre vous, c'est ce que ma tante a d'ailleurs fait. Le jour de l'accident, j'étais certes très jeune, pourtant intérieurement je savais déjà que je ne pourrai plus jamais compter sur quelqu'un. Avec de l'expérience, je sais maintenant que je n'arriverai plus à donner ma confiance à une autre personne que moi-même. Je me répète constamment, si un membre de ta propre famille a réussi à se comporter de la sorte avec toi en te tournant le dos et en abusant de toi, alors n'importe qui pourrait te faire la même chose. C'est donc pour cette raison que je laisse très peu de personnes entrer dans ma vie. D'ailleurs, personne ne connaît réellement ce que j'ai vécu. L'idée qu'une personne puisse me faire du mal me terrifie, c'est pour cela que je prends des dispositions afin que cela n'arrive pas. Des fois, je regrette d'être comme je suis aujourd'hui, abîmé par mon vécu, j'aimerais être différente. Élisabeth est mon amie, je la considère dans ma vie et sincèrement je l'adore. Malgré cela, au fond de moi, j'ai toujours cette crainte d'être trompé, dupé ou encore utiliser même si en réalité je sais pertinemment que ce n'est pas du tout ce genre de personne cela ne change rien. Mon manque de confiance envers les gens est tellement présent que je ne peux consentir le moindre faux pas. De ce fait, je ne lui raconterai jamais tout ce que j'ai vécu, car cela veut dire, lui donner des armes pour me détruire et c'en est hors de question. Que ce soit Elisabeth ou une autre personne, je ne peux pas me permettre ce genre d'écart. Je laisse mes pensées de côté pour revenir à la réalité. Je tends à mon inconnu son casque qu'il récupère pour le remettre dans son coffre, et ainsi faire l'échange avec mes courses que je reprends.

- Merci beaucoup de m'avoir raccompagné, c'était vraiment gentil de votre part, j'espère que ce n'était pas à l'opposer de là où vous alliez.

Pour simple réponse, il me tend sa main que je saisis.

- Je m'appelle Carter. Et, ne t'inquiète pas, je devais aller dans cette direction de toute façon.

C'est peut-être une parfaite coïncidence, mais quelque chose me dit qu'il ne devait pas du tout aller dans cette direction. Je fais comme si de rien était, il a quand même fait un détour pour moi.

- Enchanter Carter, je m'appelle Lanaya.

- Tout le plaisir est pour moi Lanaya, me sourit-il tendrement.

Merde, son sourire ne me laisse pas indifférente et cette idée me fait peur. Carter est totalement mon style si je devais en avoir un. Il faut absolument que je rentre chez moi sinon je vais me mettre dans une situation délicate. D'une part, je ne saurais pas une personne très facile à vivre de par mon vécu et d'une autre part par le métier que je m'apprête à exercer. Ce n'est vraiment pas le moment pour moi de fréquenter ou éprouver quoi que ce soit pour un homme.

- Encore merci en tout cas, conclus-je avant de me retourner pour m'éloigner de lui quand j'entends « Tu fais quoi demain ? »

Sa question fait instinctivement battre mon cœur et je réalise que je suis dans de beaux draps. Sans même prendre le temps de réfléchir, je m'entends lui répondre, « Rien de spécial ». Aussi tôt j'ai de nouveau droit à son sourire ultra-sexy.

- Je passe te chercher à 14 heures, ici.

Ses paroles ne sonnent pas du tout comme une question, mais plus comme une affirmation. Troublé, j'acquiesce positivement de la tête et Carter remonte sur sa moto, me fait un clin d'œil avant d'enfiler son casque pour démarrer. Après son départ, je reste bien cinq minutes immobiles sur place, à laisser la pluie me ruisseler sur le corps et me rafraîchir un peu les idées. Il vient de se passer quoi là exactement. Elles sont passées ou toutes mes convictions ? J'ai vraiment un rendez-vous demain ? Pourquoi j'ai le don pour me retrouver dans des situations complexes. Je suis censée éviter les problèmes, pas foncer à la première occasion. Cet homme m'attire comme un aimant et au lieu de m'éloigner, car cela pourrait être dangereux de ressentir des choses pour Carter, ben non. Je ne trouve rien de mieux que de sortir avec lui demain. Bravo Lana, choix très judicieux que tu nous fais là. Et, pour ne rien arranger, lundi, je commence à travailler dans l'escorting. J'aurais peut-être dû partir et lui dire non, mais j'étais, comment dire, hypnotisé, par lui. Cela aurait dû être une raison de plus pour dire non, mais j'ai préféré la tentation. Ça va aller, je ne vais pas tomber sous le charme de Carter, je ne suis quand même pas aussi faible. Depuis que j'ai l'âge de fréquenter des hommes, aucun n'a réussi à avoir mon cœur, ce n'est pas de sitôt que cela arrivera. C'est vrai, Carter est canon. Ok, il se pourrait qu'il soit même plus que canon, toutefois je me connais, je ne suis pas stupide. Je ne vais pas tomber amoureuse du premier venu quand même. Je mets mes pensées de côté et m'engouffre dans mon immeuble pleinement gelé par la pluie. Je monte rapidement les deux premiers étages de celui-ci avant d'arriver à mon appartement que je franchis tout en prenant bien soin de refermer derrière moi. Je me déchausse et me dirige vers ma petite salle de bains, pour retirer mes vêtements trempés afin de prendre une bonne douche chaude. Sous l'eau, je repense à Carter, je mentirais si j'affirmais que je ne suis pas un peu séduite par lui, cependant cela se pourrait que ça ne soit que physique, et donc pas de risque de développer des sentiments. Cette idée me plaît et m'arrange beaucoup, il ne faut pas que je doute. D'ailleurs, peut-être même que c'est une bonne idée d'avoir dit oui finalement. C'est vrai, si je retourne la chose sous un autre angle et que j'oublie les différentes sensations qu'il m'a fait ressentir. C'est une excellente idée de passer un dernier rendez-vous avec un homme qui me plaît avant de commencer à vendre mon corps. Autant profiter une dernière fois avant que tout ne change. Je finis rapidement ma douche, m'habille et ensuite me prépare des pâtes au fromage pour ne pas aller me coucher le ventre vide. Juste avant d'aller me coucher, j'envoie le fameux message à Beth pour lui signaler mon accord pour lundi. Sa réponse ne se fait pas attendre, je reçois presque instantanément son SMS.

[Génial ! Et, ne stresse pas, ce n'est pas si mal, tu verras ;)]

**********

Il est onze heures quand je m'extirpe du lit. Épuiser et fatiguée de la semaine que je venais de passer, je me dirige tel un zombie vers ma douche. L'eau chaude me réconforte et me redonne un peu de vitalité. Une fois un peu plus vivante, je sors de la douche en gros peignoir de bain et serviette dans les cheveux. Je jette un rapide coup d'œil à l'heure, ok, il me reste largement le temps d'être prête pour 14 heures. Me dirigeant vers mon petit coin cuisine, je me fais un petit café et une tartine afin d'éviter d'aller à mon rendez-vous le ventre vide. Se rendre à un rendez-vous affamé ce n'est pas une bonne idée sur tout quand on ne sait pas qu'elle est le programme de la journée. Je bois mon café tout en me demandant comment faisaient les personnes qui n'aiment pas le café font pour être en forme le matin. C'est vraiment une boisson miracle, sans ma petite dose du matin, je ne suis bonne à rien. Une vraie loque, je sais que ce n'est pas une bonne habitude, j'en suis consciente, mais pour le moment je ne vois pas le besoin de changer cette habitude. Peut-être qu'un jour, je me réveillerai un matin en pleine forme à tel point que je n'aurais plus besoin de mon café pour apprécier ma journée. Pour le moment ce n'est pas encore arriver donc je me raccroche à cette petite boisson qui me rend la vie un peu plus savoureuse. Je rejette à nouveau un regard à l'heure quand je manque de m'étouffer avec ma tartine. Quoi, ce n'est pas possible, il ne peut pas être déjà 13 heures quart et pourtant, c'est ce qui est affiché. Eh Merde, je vais être en retard. Qu'est-ce qu'il va dire de moi, arriver en retard à un premier rendez-vous ce n'est pas très sérieux tout ça. Ah, mais qu'est-ce que je raconte, tant mieux si ce n'est pas sérieux car je ne veux rien de sérieux, je ne peux pas me le permettre de toute façon. Après m'être fait cette réflexion, je finis quand même mon déjeuner à toute vitesse et me précipite de nouveau dans la salle de bains pour me sécher les cheveux aussi vite que je peux. Mon moi intérieur me juge et trouve mon comportement pathétique. Et puis merde, je n'ai juste pas envie d'arriver en retard, car cela ne se fait pas. Mais, oui, bien sûr, me répond ma conscience. Je me coiffe les cheveux sans pour autant dénaturer toutes mes ondulations. J'opte ensuite pour un maquillage simple, mascara waterproof afin d'avoir un regard de biche, anticerne pour l'effet bonne mine et pour finir un peu de gloss. En me regardant dans la glace, je valide le résultat. Pour les vêtements, je choisis une tenue décontractée, jeans noir avec un petit top dos nu de la même couleur. Je décide également d'enfiler une verste au cas où il ferait un peu plus frai que prévu. Je suis fière de moi quand je regarde de nouveau l'heure. Il est 14 heures, je prends mon sac et sors à toute vitesse.

            
            

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