En plus d'être une beauté rare, plusieurs choses, chez elle, ont retenu mon attention. Elle avait un regard hypnotisant, d'un noir intense, je n'ai jamais vu des yeux aussi sombres, c'était assez troublant. Lanaya possédait également une peau légèrement hâlée qui laisse présager une origine autre qu'américaine. Ses lèvres naturellement pulpeuses d'une couleur subtilement rosée étaient un appel pour un baiser et son petit nez droit au milieu de son visage était d'une symétrie impressionnante. Son visage était parfait, mais très naturel, pas de trace de chirurgie. D'ailleurs tout à l'heure quand je l'ai aidé avec le casque, j'ai presque failli l'embrasser. Si elle n'avait pas interrompu ce moment électrique, je l'aurais clairement fait, indéniablement attirer par elle. Ce qui est surprenant là-dedans, c'est que Lanaya ne ressemble pas du tout aux femmes que j'ai l'habitude de fréquenter. Physiquement, j'ai tendance à choisir des femmes moins typées. Généralement, je préfère les grandes blondes élancées avec une beauté froide limite glaciale. Ici, c'est tout l'opposé, j'ai affaire à une brune sensuelle aux yeux sombres et teint hâlé, pas plus grande qu'un mètre soixante, je dirais. Avec ma préférence, c'est absolument le jour et la nuit. Pourtant, je ne peux expliquer pourquoi cette femme m'attire autant sur le plan physique. De plus, les femmes que je côtoie ont un certain standing. Elles fréquentent couramment les mêmes endroits que moi et je doute ou plutôt j'en suis persuadée que Lanaya soit ce genre de femme. Il faut être aveugle pour ne pas remarquer, qu'elle et moi, venons de deux milieux complètement différents. Elle habite Morrisania dans le Bronx, c'est loin d'être le top niveau sécurité ou confort. Quand je lui ai proposé de la raccompagner, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle me donne cette adresse. Secrètement, j'espérais qu'elle viendrait d'ailleurs et pas d'un endroit où l'on peut directement distinguer votre classe sociale. Son adresse était totalement à l'opposé de ma destination de départ, j'ai dû faire un détour. Pourtant, cela ne m'a pas dérangé et apparemment cela ne m'a tellement pas dérangé que je lui ai proposé de venir la chercher demain. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête à ce moment, je n'ai même pas réfléchi. D'un autre côté, je me dis pourquoi pas. Je doute qu'elle sache que l'on n'est pas du même milieu et tant qu'elle ne l'apprend pas, cela devrait bien se passer. Je n'ai pas envie qu'elle se fasse des idées à mon sujet. Je suis loin d'être un prince charmant à cheval blanc qui vient sauver de sa situation de défavorisé la femme du peuple. Mon but sera uniquement de m'amuser avant de reprendre ma vie tranquillement lundi. Après une demi-heure de trajet, j'arrive enfin chez moi. Je m'engouffre dans mon garage privé, me parque avant de prendre l'ascenseur pour me diriger vers mon appartement. J'habite aux deux derniers étages d'un des immeubles le plus cher de l'Upper East Side. J'ai à peine eu le temps de mettre un pied dans mon appartement que la sonnerie de mon portable retentit. Je ne suis pas surpris en voyant le nom de mon associé et par la même occasion meilleur ami s'affichait.
- Je sais, je sais, dis-je avant même qu'il ne parle. J'ai eu un petit imprévu.
- Un imprévu de trois heures. Carter, tu te moques de moi ? Thomas a failli ne pas signer.
- A-t-il signé pour finir ?
- Bien sûr, l'offre que je lui ai faite était beaucoup trop alléchante.
- Alors c'est quoi le problème ?
- Le problème, c'est que tu n'étais pas là, il l'a mal pris.
- Kai sincèrement je m'en contre fou. Il devait signer depuis déjà deux semaines. C'est même très bien que je n'aie pas assisté à la signature. Tu sais à quel point je déteste les personnes sans parole. Aujourd'hui particulièrement.
- Je comprends, excuse-moi. J'ai eu Gigi au téléphone tout à l'heure, elle m'a dit qu'elle ne t'avait pas vu à l'hôpital. J'en ai conclu que tu n'étais pas allé le voir.
- Tu as raison, je n'y suis pas allé. Cette année, je me suis rendu à l'endroit de l'accident avec sa moto.
- Elle est enfin réparée si je comprends bien.
- Je le lui devais bien. C'est ma faute s'il est dans le coma depuis deux ans.
- Qu'est-ce que tu racontes Carter, ce n'est absolument pas ta faute !
- Si tu le sais très bien, si je n'avais pas eu une aventure avec Gigi, il serait toujours avec nous.
- Carter, Gigi et toi, vous n'avez rien fait de mal. Sa sœur était assez grande pour choisir qui fréquenter.
- C'est ma faute quand même, tu aurais dû voir la déception dans son regard ce jour-là. Je n'aurais jamais dû lui dire pour elle est moi et encore moins le laisser sortir de chez moi. Je regrette tellement.
- Arrête, tu oublies que c'est la faute du camion, il a grillé le feu. C'est le seul responsable, tu dois tourner la page. Arrête aussi d'en vouloir à Gigi. Elle t'aimait et elle t'aime encore, je pense si je me fie aux commentaires de Raven. En entendant cette dernière information, mon cœur se serre.
- Je ne pourrais pas Kai, tu le sais. Pas tant que Seth est toujours allongé dans ce lit d'hôpital.
- Quoi alors, tu t'empêches d'aimer la femme que tu aimes.
À cette affirmation, je ne réponds rien.
- Si elle tourne définitivement la page, tu le regretteras. Tu en es conscient, j'espère.
- Oui, dis-je avant de raccrocher.
Seth et Gina sont mes points faibles. Seth est bien plus que mon meilleur ami, c'est un frère, certes nous n'avons pas les mêmes parents, mais je le considère comme mon frère. Nos parents sont d'ailleurs des amis, ils l'étaient avant que nous n'arrivions au monde. Comment, j'ai pu le trahir comme je l'ai fait. J'aurais dû le savoir, pourtant j'ai décidé de tenter le coup avec sa sœur. Entre Gina et moi, cela a toujours été spécial, j'ai essayé de résister, mais à partir du moment où elle a décidé qu'elle me voulait, j'ai laissé notre relation avancer. Je m'en veux d'avoir cédé. Ce soir-là, Seth a disjoncté, comment le lui reprocher, il sait très bien comment je me comporte avec les femmes en général, jamais deux fois la même, sauf si c'est un très bon coup. Je ne suis pas le genre d'homme à m'engager, la vie de famille ne m'a jamais fait rêver et être coincé avec une seule femme encore moins. Pourtant, avec Gina, c'était différent. Jamais je ne l'aurais fait souffrir. Elle savait que l'engagement, pour ma part, était délicat, mais j'aurais pu me projeter, les portes n'étaient absolument pas fermées. Aujourd'hui, je me suis promis de ne plus ressentir quoique ce soit pour elle tant qu'il ne sortira pas du coma. Et, de réparer sa moto, je sais à quel point il y tenait. Laissant mes pensées de côté, je me dirige vers ma douche, après celle-ci, je décide de me coucher. Allonger dans mon lit, je repense à Lanaya. Curieusement, j'ai hâte de la revoir. Elle arrivera peut-être à me faire oublier ma culpabilité.
**********
Il est sept heures du matin quand je me réveille, je m'extrais du lit pour me diriger vers la douche. Ensuite, j'enfile mes vêtements de sport avant de sortir pour ma séance de jogging. Deux heures plus tard, je remets le pied chez moi. La course a toujours été une thérapie, je me sens plus léger après chaque séance. Après la douche, je mets des vêtements plus confortables et me prends de quoi manger avant de m'enfermer dans mon bureau, le travail n'attend jamais. Dans une semaine, j'ai rendez-vous à Sydney pour rencontrer un investisseur. Il ne faut rien laisser au hasard. Je vérifie mon agenda, lundi réunion à huit heures pour le projet sky. J'espère que cette fois-ci l'équipe aura avancé sinon je prendrai des mesures drastiques. Kai est beaucoup plus patient, pour ma part, je déteste perdre mon temps. Il est le gentil patron et moi le tirant. C'est mieux ainsi, au moins mes employés savent ce qu'il les attend s'ils n'effectuent pas leur travail correctement. Quand je quitte mon bureau, il est presque une heure de l'après-midi. Je me dirige vers mon dressing, je suis sur le point de prendre une chemise lorsque je m'arrête. Autant continuer dans le rôle du mec lambda. Je doute qu'elle sache que je suis riche, donc vaut mieux la laisser l'ignorer. Je ne cherche rien de sérieux et même si j'en avais envie, cela ne pourrait pas être elle. C'est juste un dimanche et lundi, Lanaya n'existera plus. Alors, tout naturellement, je décide de mettre un simple t-shirt gris avec un jeans et une veste en cuir noir que je range dans le coffre. Je me rends au garage pour reprendre la moto de Seth. Cette fois-ci, je laisse de côté le casque ridicule de mon ami et en prends un autre. Je suis devant son immeuble à l'heure précise du rendez-vous. Je n'ai d'ailleurs pas à attendre longtemps avant de la voir ouvrir la porte pour y sortir. Le premier mot qui franchit mes lèvres est « Putain » et pour cause, elle est absolument magnifique. Comment on peut être aussi attirante. Je ne peux quitter mes yeux d'elle et quand elle se retourne pour tirer la porte derrière elle, je reste sans voix. Elle a un corps... merde d'où elle sort cette femme. Son jeans noir met beaucoup trop en valeur ses formes, j'ai même du mal à décoller mon regard de ses fesses. Soudainement, elle fait volte-face et me sourit tendrement. Déstabiliser, je lui rends son sourire et plus elle se rapproche de moi, plus je suis subjugué par sa beauté. J'en arrive même à regretter mon choix de ne plus la revoir après cette journée.
- Je ne t'ai pas trop fait attendre, me demande-t-elle d'un air un peu gêner.
- Je viens d'arriver.
- Ah génial, alors où va-t-on ?
- J'espère que tu aimes les improvisations.
Étonnée par ma réponse, elle me dévisage quelque seconde avant de prononcer des paroles qui me surprennent.
- Tu fais de moi ce que tu veux.
Je suis surpris par son audace, mais je comprends très vite qu'elle n'a pas vraiment réalisé ce qu'elle vient de me dire. Quand soudain, elle écarquille les yeux.
- N-non ce n'est pas ce que je voulais dire... Je voulais dire, je suis partante... J'aime bien les improvisations... Bref, improvisons.
- J'avais compris, rigolais-je de la situation.
J'ouvre le coffre de la moto et lui tends le casque que je lui ai apporté.
- Oh, tu m'épargnes le ridicule cette fois-ci. Finalement, tu n'es pas aussi sadique que je le pensais et peut-être que tu es un mec bien.
- Il faut croire que tu m'as mal cerné.
Elle enfile le casque et vient s'installer derrière moi. À la différence d'hier, elle enroule directement ses bras autour de mon torse tout en se serrant contre mon dos. La sensation de sa poitrine se pressant contre moi, m'électrise. Je décide de démarrer pour ne plus penser à son corps, tant j'ai envie de la prendre sur cette moto, ici même. Après un petit moment de réflexion, je décide de l'emmener à Brooklyn au parc d'attractions à côté de Coney Island. Mon choix a l'air de lui plaire, car sur son visage, j'y lis de la pure joie.
- Je valide ton improvisation, dit-elle avec un grand sourire.
- Heureux de savoir que mon choix te plaît. Je te propose de manger un bout avant de commencer à faire le tour. T'en penses quoi ?
- Oui, ce serait bien.
On se dirige vers un Food truck qui fait des hot-dogs. Arrivé devant je suis sur le point de commander deux hot-dogs quand je réalise que je ne sais pas si elle est végétarienne.
- Je ne t'ai même pas demandé, tu manges bien de la viande ?
- Je ne suis pas végétarienne si c'est ça la question.
- Parfait.
Je me retourne vers le vendeur de hot-dog et lui en commande deux avec des sodas. Je les récupère et vais m'installer en face de Lanaya.
- Voici, Mademoiselle. Elle me remercie.
- Alors dis-m'en plus sur toi, après tout on est deux parfaits inconnus.
- Que veux-tu savoir.
- Dans un premier temps, j'aimerais savoir si tu as des origines, tes traits laissent deviner un mélange de culture, je me trompe.
- Non, tu as raison, je suis à moitié mexicaine par ma mère et américaine de mon père et toi tu as des origines ?
C'était donc ça. Je comprends mieux d'où viennent ses magnifiques yeux.
- Non, je suis un pur américain, mais j'aurais bien aimé.
- C'est vrai ?
- Oui, pourquoi pas. Regarde-toi, tu es riche de deux cultures.
À ma réflexion, Lanaya fait une petite grimace.
- J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
- Non, non, tu as raison.
Je sens pourtant que j'ai été maladroit malgré cela si je me tiens à sa réponse elle ne veut pas entrer dans les détails.
- Et quel âge as-tu ?
- J'ai 22 ans.
Elle est bien plus jeune que moi.
- Ah, tu es toujours étudiante ou peut-être que tu as fini ?
Quand elle entend ma question, un éclair de tristesse, si je ne me trompe pas, traverse ses yeux sombres.
- Non, je ne suis pas étudiante, j'ai arrêté mes études assez tôt.
Surpris, mais pas complètement par son annonce, je lui demande pourquoi. Elle marque une pause de quelque seconde avant de me répondre.
- Par simple envie, je voulais me faire mon propre argent et compter que sur moi-même.
L'éclaire de tristesse n'en était peut-être pas un si je prends en considération ce qu'elle vient de dire. Il se pourrait que je l'aie mal jugé finalement. Il est vrai qu'elle habite dans un des quartiers les plus défavorisé de New York, mais elle vient sûrement de se lancer dans un projet coûteux qui ne lui permet pas d'avoir mieux, pour le moment. À mon avis, c'est une ambitieuse qui en avait assez de perdre son temps sur les bancs de l'école. Beaucoup de personnes passionnées choisissent cette voie.
- D'accord, du coup que fais-tu dans la vie ?
- Je suis serveuse, bon, c'est vrai que ce n'est pas un métier très palpitant, mais j'aimais enfin, j'aime bien mon travail. Tu connais peut-être le bar appelé Reed, m'interrogea-t-elle.
Ok, je ne m'attendais pas à cette réponse, je retire absolument ce que j'ai dit. Elle n'est pas du tout ambitieuse tout compte fait. Arrêter ses études pour devenir serveuse, quel gâchis. Plus aucun doute à avoir, on vient bien de deux milieux différents. C'est la première fois que je sors avec une femme de sa classe sociale. Il est réducteur de catégoriser les gens ont fonction de leur richesse ça, j'en suis conscient. Cependant, les personnes qui n'ont pas beaucoup de revenus, je m'en méfie. Ce sont ces mêmes personnes qui sont prêtes à tout pour changer leurs conditions de vie et ça, on ne peut pas leur enlever. Ils veulent simplement avoir une meilleure situation. Mais des fois, ils n'ont aucune limite. Je ne sais que trop bien de quoi ses gens sont capables et notamment les femmes. Elles sont prêtes à faire les pires choses pour avoir de l'argent. Le mariage de mes parents à éclater à cause une croqueuse de diamant. Il y a 10 ans mon père a trompé ma mère avec Casey une femme de 20 ans sa cadette. Ensuite, il nous a abandonné ma mère et moi pour cette même femme. Il était obsédé par cette personne qui lui prenait tout sans aucune pudeur. Casey était insatiable, après leur mariage, elle a piégé mon père avec une de ses amies, une fois le divorce prononcé mon père ne l'a pas supporté et c'est donné la mort. De honte je suppose, comment le grand Wen Pirce a pu se faire ainsi avoir par une aussi jeune femme. Sa mort n'a fait qu'enrichir un peu plus Casey, car il lui a tout légué. Dans cette histoire, celle qui a été la plus touchée fut ma mère. Mon abruti de père ne lui a rien laissé. Mes deux parents viennent de deux familles fortunées, donc ma mère n'a pas été lésée d'un point de vue financier. Ce qui l'a touché le plus, je pense, c'est le fait qu'une inconnue prenne tout ce qui aurait dû lui revenir de droit. Pour ce qui me concerne, je n'en voulais pas de son héritage. Je n'ai jamais eu besoin de l'argent de mes parents, certes grâce à eux j'ai eu droit aux meilleures écoles et universités, mais je me suis fait tout seul. Tout ce que j'ai aujourd'hui, c'est grâce à mon travail. Après le décès de mon père, je me suis juré de ne jamais commettre la même erreur que lui. Aussi magnifique que cette femme puisse être, à mes yeux, elle restera toujours une menace. Elles sont toutes pareilles. C'est pour cela que je sais déjà que Lanaya et moi, ça ne marchera jamais. Peut-être que je me trompe complètement sur son compte, après tout elle ne sait pas encore qui je suis et elle est là avec moi sans le moindre jugement. Toutefois, je ne préfère pas tenter l'expérience, cela me coûtera bien plus cher. Quand de l'argent est en jeu, certaines personnes peuvent perdre la tête.
- Non, ça ne me dit rien, tu me feras le découvrir un jour pourquoi pas.
Même si, à mon avis, ce jour n'arrivera jamais.
- Oui, un jour, conclut-elle, pas sûr de cette réponse.
Ah, elle n'a pas envie de me montrer son lieu de travail. Ce qui me semble un peu suspect.