Chapitre 4 Chapitre 4

Colby poussa la porte sans attendre d'y être invité et découvrit ses parents, installés côte à côte.

- Bonjour maman, bonjour papa, dit-il en s'approchant, le ton grave.

- Je suis revenu dès ton appel. Qu'est-ce qui se passe ?

Son père, assis au bord du lit, désigna le canapé d'un geste sec. Colby obéit et s'y assit. M. Thatcher se leva ensuite pour venir lui faire face.

- Nous lui avons déjà annoncé la nouvelle, déclara-t-il d'une voix tendue.

- Quelle nouvelle ? demanda Colby, visiblement perdu.

- Son mariage avec Don.

Colby bondit aussitôt sur ses pieds.

- C'est une blague ?! Papa, qu'est-ce que tu racontes ?

- Elle épousera Don, reprit son père d'un ton tranchant. Ta mère et moi avons pris cette décision. Nous avons seulement besoin que tu nous aides à lui faire entendre raison. On a essayé de lui parler mais...

Il s'interrompit. Mme Prudence prit le relais, les yeux humides.

- On n'a pas réussi. Elle nous déteste encore plus maintenant.

Colby resta figé, abasourdi. Ses parents osaient faire ça à Corinne... et avec Don, en plus ? Le cœur serré, il leur jeta un dernier regard chargé de colère, puis quitta la chambre sans un mot.

Il se dirigea aussitôt vers celle de sa sœur. Il frappa. Pas de réponse. Soupçonnant qu'elle refusait de lui ouvrir, il entra malgré tout.

La pièce baignait dans un silence inquiétant. Le lit était intact, la salle de bain silencieuse. Pas un bruit. Il scruta chaque recoin, mais rien. Corinne n'était pas là. Le souffle court, il ressortit et retourna voir ses parents. Cette fois, seul son père était présent.

- Où est-elle ? lança-t-il, la mâchoire crispée.

- Dans sa chambre, répondit Thatcher.

- Sa chambre est vide, répliqua Colby, les poings serrés.

- Ne me tuez pas... je vous en supplie... épargnez-moi, sanglotait Corinne dans son sommeil.

Un cri la réveilla brutalement. Trempée de sueur, elle se redressa, le souffle court. Son cœur battait la chamade : ce n'était qu'un rêve.

La porte s'ouvrit brusquement. Silas apparut, alerté par ses appels.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en se précipitant vers elle.

- Un cauchemar, murmura-t-elle.

Il s'assit près d'elle et la prit doucement dans ses bras.

- Chut, ça va... je suis là, répéta-t-il en caressant ses cheveux.

Corinne tremblait encore.

- C'était tellement effrayant, dit-elle d'une voix brisée.

- Ce n'était qu'un mauvais rêve, la rassura-t-il d'un ton apaisant. Rien ne t'arrivera.

Il resta ainsi plusieurs minutes, l'entourant de sa chaleur, jusqu'à ce qu'elle s'écarte enfin.

- Merci, souffla-t-elle.

- Ça va mieux ?

Elle hocha la tête. Elle tira un peu les rideaux et remarqua la lumière du jour.

- Le matin est déjà là...

- Oui, confirma Silas. J'ai pensé à toi, j'ai apporté ton petit-déjeuner.

Il saisit un plateau posé sur la table de chevet et le plaça devant elle.

- Ton préféré.

Corinne ne put s'empêcher de sourire en voyant le thé vert, les tacos aux crevettes et les petits gâteaux. Autrefois, elle en raffolait. Depuis son séjour en Espagne, ses goûts avaient changé, mais la délicatesse de Silas la toucha.

- Merci, dit-elle en relevant les yeux vers lui.

Il sourit à son tour et voulut la nourrir lui-même. Elle l'arrêta d'un geste.

- Je peux manger seule.

- Je sais, mais j'y tiens, ma reine, répondit-il avec un clin d'œil.

Rougissante, elle céda et se laissa faire. Silas insista jusqu'à ce qu'elle proteste avoir assez mangé. Entre deux bouchées, un rire lui échappait malgré elle.

- Merci encore, dit-elle en posant le plateau.

- Ce n'est rien, ma chérie, répliqua Silas en riant doucement, ce qui la fit rougir davantage.

- Et toi, tu as mangé ? demanda-t-elle.

- Pas encore. Mais je vais le faire. Descends quand tu seras prête. Je t'attends.

Elle fit la moue.

- Je n'ai pas de vêtements...

- Ah, c'est vrai ! s'exclama-t-il en se frappant le front. Attends-moi. Je vais t'apporter de quoi t'habiller. Dans la salle de bain, il y a une brosse à dents et du dentifrice neufs. Utilise-les. Je reviens vite.

Il sortit aussitôt.

Dans le manoir Blake, la tension montait.

- Où est ma fille, bande d'incapables ?! hurla Thatcher devant ses domestiques tétanisés.

Personne n'osa répondre. Les cheveux ébouriffés, il se laissa tomber sur le canapé, le visage rouge de rage.

- Vous avez deux heures pour me la ramener, sinon vous regretterez de travailler ici ! Maintenant, disparaissez !

Les serviteurs s'éclipsèrent en hâte. Colby, resté près de son père, lâcha :

- J'ai essayé de l'appeler, son portable est éteint.

- Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il, l'impatience dans la voix.

Thatcher resta silencieux, sortit son téléphone et composa un numéro, le regard sombre.

Corinne descendit enfin les escaliers, vêtue des affaires que Silas lui avait trouvées. Elle s'arrêta un instant pour observer la maison. Spacieuse, lumineuse, élégante.

À table, Silas leva la tête.

- Ah, te voilà ! s'exclama-t-il.

- Oui.

Il se leva aussitôt.

- Viens, on sort un peu.

- Où ça ?

- Tu ne vas pas rester enfermée ici toute la journée. Allez, suis-moi.

Il lui prit la main et l'entraîna à l'arrière de la maison, jusqu'à la piscine. Ils s'assirent au bord, et Corinne laissa échapper :

- Ta maison est magnifique.

- Et que dire de celle de ton père ? répliqua Silas avec un sourire, ce qui la fit rire.

- En tout cas, c'est impressionnant, avoua-t-elle.

Ils restèrent quelques instants silencieux. Puis Corinne brisa le calme.

- Comment as-tu réussi à entrer chez nous hier ?

Silas fit mine de ne pas comprendre.

- Hein ?

- Comment as-tu franchi la sécurité ? insista-t-elle.

Il haussa les épaules.

- Avec de la détermination, je suppose.

- De la détermination ? répéta-t-elle, intriguée.

- Oui. J'étais prêt à tout pour sauver la personne que j'aime.

Il plongea son regard dans le sien. Corinne resta figée, hypnotisée. Leurs visages se rapprochaient dangereusement, à quelques centimètres l'un de l'autre, quand soudain le téléphone de Silas sonna.

Il se leva d'un bond.

- Excuse-moi.

Corinne inspira profondément, réalisant qu'elle avait retenu son souffle. Que se serait-il passé sans cette interruption ?

Silas revint quelques minutes plus tard.

- Un problème urgent au travail. Je dois y aller. Je reviendrai vite, promis.

- D'accord, répondit-elle simplement.

Il partit. Corinne poussa un long soupir et regagna le salon. Assise sur le canapé, elle ralluma son téléphone qu'elle avait éteint la veille en arrivant. Elle songea à appeler son frère, mais n'en eut pas le temps.

Une main surgit derrière elle, pressant un tissu imbibé contre son nez. Elle lutta, se débattit, mais la poigne était trop forte. Sa vision se troubla. Puis ce fut le noir complet.