Un soir, alors que je rentrais, épuisé, mon téléphone a sonné. C'était un numéro que je ne connaissais pas. J'ai hésité, puis j'ai décroché.
« Monsieur Dubois ? Je suis le Dr. Martin, de l'hôpital central. »
Mon sang s'est glacé.
« Votre épouse, Sophie Dubois, a été admise en urgence. Elle a fait un malaise dans un café. Vous êtes son contact d'urgence. »
Malgré tout, une vague d'inquiétude m'a submergé. C'était un réflexe, l'habitude de des années de mariage.
« Qu'est-ce qu'elle a ? Elle va bien ? »
« Son état est stable pour le moment, mais nous devons l'opérer. Il s'agit d'une rupture de kyste ovarien. Il faudrait que vous veniez. »
J'ai raccroché, le cœur battant. Une rupture de kyste ovarien. C'était sérieux. Sans réfléchir, j'ai pris ma voiture et j'ai foncé vers l'hôpital. La haine et la rancœur se mélangeaient à une inquiétude tenace.
Quand je suis arrivé aux urgences, l'infirmière m'a dirigé vers une salle d'attente. Et c'est là que je l'ai vu. Marc. L'amant. Il était assis, la tête entre les mains, l'air pitoyable. Il a levé les yeux et m'a vu. La panique s'est peinte sur son visage.
« C'est vous qui l'avez amenée ? » ai-je demandé, ma voix était plate.
Il a hoché la tête.
« On prenait un café... et d'un coup, elle s'est pliée en deux de douleur, elle criait... J'ai eu si peur. »
Le médecin est arrivé à ce moment-là.
« Monsieur Dubois ? »
Avant que j'aie pu répondre, Marc s'est levé.
« C'est moi, enfin, je suis avec elle... »
Le médecin a froncé les sourcils, confus.
« Vous êtes son mari ? »
Le silence qui a suivi était assourdissant. Marc est devenu rouge pivoine, bafouillant des excuses incompréhensibles.
« Non, c'est moi, son mari, » ai-je dit calmement, en avançant.
Le médecin m'a regardé, puis a regardé Marc, et j'ai vu la compréhension dans ses yeux. C'était une scène pathétique, humiliante. La preuve vivante, médicale, de l'infidélité de Sophie, étalée dans le couloir d'un hôpital. Le médecin, professionnel, a ignoré le malaise.
« Votre femme a eu une hémorragie interne suite à la rupture d'un kyste. Nous l'avons stabilisée, mais elle doit être opérée rapidement. Il n'y a pas de risque vital, mais c'est une intervention nécessaire. »
J'ai remercié le médecin, l'esprit ailleurs. L'ironie de la situation était terrible. C'est à ce moment précis que les portes de l'ascenseur se sont ouvertes, laissant sortir une femme en furie. La mère de Sophie.
Elle m'a repéré immédiatement et a foncé sur moi comme un taureau.
« TOI ! » a-t-elle hurlé, attirant l'attention de tout le couloir. « Qu'est-ce que tu as fait à ma fille ?! »
Elle m'a attrapé par le col de ma chemise, ses ongles s'enfonçant dans ma peau.
« C'est de ta faute ! Tu l'as maltraitée, tu l'as poussée à bout ! Regarde dans quel état elle est ! Monstre ! »
J'étais sous le choc, incapable de réagir. Les gens nous regardaient, chuchotaient. Des infirmières se sont approchées pour essayer de la calmer, mais elle était hors de contrôle.
« Ma pauvre Sophie ! Elle m'a tout raconté ! Comment tu la terrorises, comment tu es jaloux et violent ! Tu vas me le payer, je te le jure ! »
Elle me secouait, crachant sa haine à mon visage. J'étais accusé publiquement des pires crimes, sans aucune preuve, simplement parce que sa fille, sa précieuse Sophie, était une menteuse pathologique. La douleur, la fatigue et l'humiliation ont atteint un point de rupture.
J'ai saisi ses poignets et je l'ai repoussée, fermement mais sans violence.
« Assez. »
Ma voix était basse, mais chargée d'une fureur que je ne me connaissais pas.
« Vous ne savez rien, madame. Absolument rien. »
« Comment oses-tu ?! » a-t-elle crié, prête à me sauter à la gorge à nouveau.
« Si vous voulez savoir ce qui est arrivé à votre fille, » ai-je dit en désignant l'amant qui se faisait tout petit dans son coin, « demandez-lui. Il était avec elle quand c'est arrivé. »
Le regard de ma belle-mère s'est tourné vers Marc, un regard chargé de mépris et d'incompréhension.
« Et qui est-ce, celui-là ? Encore un de tes amis minables ? » a-t-elle demandé en me fusillant du regard.
C'était le moment. Le moment de faire éclater la vérité, aussi laide soit-elle.
« Non, madame. Ce n'est pas mon ami. C'est l'amant de votre fille. »
Le silence qui a suivi était plus violent que tous les cris.