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Le mercredi est une journée noire, celle des enfants victimes de leur activités sportives. Entorse de la cheville et foulures meublent ma matinée. A le pause déjeuner, Marie-Paule me rejoint en salle de garde, elle déballe sa petite salade verte.
-J'attaque un régime, cinq cent calories deux jours par semaineµ. La méthode 5.2, tu connais?
Le mois dernier, c'était ananas et banane à volonté. Je me garde de lui rappeler. La première bouchée avalée, elle marmonne:
-J'ignorait qu'un de tes amis avait eu un accident.
Immédiatement sur la défensive, je rétorque:
-Une vieille connaissance, rien d'important.
-Tu aurais tout de même pu m'en parlé.
-C'est un interrogatoire!
Ma voix est monté d'un ton ,je le regrette déjà.
-Excuse-moi...
-Les gendarmes sont passés ce matin, ils n'ont pas encore retrouvé le chauffard. Personne n'a rien vu, ni entendu dans la rue de la Sure.
Mon cœur s'emballe, ce quartier était le mien autrefois. La maison rose à deux pas d'un grand magasin de sport transformé depuis en sandwicherie. Ma mère cultivait du basilic sur la fenêtre de la cuisine. Mon père avait installé un nichoir dans le cerisier du jardin. Edouard garait son scooter le long du portail repeint chaque été en vert pomme. Il habitait le lotissement voisin. Il sifflotait en attendant que je sorte. Les filles qui passaient le regardaient et m'enviaient.
Mes parents vivent à présent dans le Midi et la mère d'Edouard est morte.
Que faisait-il près de chez moi? Espérait-il me retrouver?
Bonjour, tu vas bien... mais oui tu ne rêves pas c'est moi: Edouard, celui qui ta plaqué et a disparu pendant dix longues années. ABSURDE!
Marie-Paule secoue mon bras.
-Clarisse, tu m'écoutes.. Si tu possédais quelques renseignement sur lui, cela pourrait les aider.
-J'ai déjà donné son nom à l'accueil, pour le reste, ça ne me regarde plus..
-Je sais, Edouard Masid, comment tu l'as connu?
Bon sang, elle va me lâcher! Je me suis levée d'un bon, j'ai attraper mon sandwich poulet-mayonnaise et je me suis mise à courir vers le parc. Je ne l'ai pas manger, il a fini dans la poubelle.
Il n'avait pas le droit de revenir dans ma vie! Les souvenir doivent reposer en paix!
Une ambulance file vers l'entrée, sirènes hurlantes. Cinq gamins en descendent. Intoxication alimentaire dans un centre aéré. Marie-Paule me rejoint dans un e chambre transformé en dortoir. Les parents arrivent chacun leur tour. Ils s'agitent et s'énerve.
-Nous allons porter plainte, c'est inadmissible...
Nous nous relayons pour vider les haricots. La monitrice ne comprends rien. Tous les gamins ont manger le même déjeuner, pourquoi ces cinq là sont -ils malades? La vérité nous est livré par une petite fille blonde. C'est un stupide pari: ils se sont gavé de cerises à la liqueur. Une bonne nuit de sommeil et tout rentrera dans l'ordre.
Enfin la pause, après une dizaine d'écorchure, un bras cassé et une crise d'asthme. Marie-Paule boude.
-Certain jours, je ne te comprends plus. Tout à l'heure, tu es partie au quart de tour sans raison valable.
-Navré je suis à cran.
C'est la faute de cet idiot qui a stupidement décidé de réapparaître, je n'ai pas envie de lui en parler.
Je me désole quand Marie-Paule est fâché, elle est la seule ici à me faire rire. Elle est mon amie, je n'en ai jamais eu beaucoup. Je voudrais m'excuser, la retenir, l'obliger à venir boire un café avec moi. Elle me fait face.
-Tu va me dire, oui ou non, ce qui t'arrive!
-D'accord je me lance.
-Edouard ce n'était pas une simple ami.
Les mots me trahissent, ils m'entrainent fatalement sur le chemin que je ne souhaitait pas emprunter, celui des confidences.
-C'était l'homme avec qui j'espérait me marié, avoir des enfants, vieillir sereinement.
Voilà c'est dit! Discutons maintenant de ce printemps pourri, des gosses qui choisissent toujours le mercredi pour se casser quelque chose et transforment les urgences en garderie, mais plus de lui.
-Mais tu ne m'en avait jamais parlé.
Pourquoi l'aurais-je fait puisque j'avais décider de l'oublier!
-Renaud est au courant?
Je ne pense pas à Renaud, juste à l'autre, service traumatologie, inconscient, avec dans la tête un caillot de sang qui se ballade. J'ai peur, je n'ai jamais souhaiter sa mort. J'ai été tenté, cela soulage parfois d'assassiner en rêve les gens qui vous ont fait souffrir. Rien ne pouvais m'apaiser, il me manquait et il me manque encore.
-De toute façon, je pense rompre avec Renaud...
-Quoi?
Je ne répète pas, elle a parfaitement entendu, la preuve:
-Mais vous projetiez d'aménager ensemble?
Erreur! Il le suggérait, pas moi. Son empressement à vouloir gérer ma vie, sous prétexte que , depuis un an, nous aimons faire l'amour, m'exaspère. Je n'ai jamais eu envie de quitter mon studio.
Elle me tend un gobelet brûlant. Merci, pas de sucre.
-A cause de cet homme?
De moi, de lui, de nous, tout s'embrouille. Présent, passé, et même avenir s'entrechoquent dans ma tête.
Marie-Paule m'enveloppe d'un regard soupçonneux.
-Tu espère le reconquérir?
Je ne l'ai jamais conquis. Il a été un cadeau empoisonné. C'est lui qui m'a choisie et pas l'inverse.
-Non, ce serait stupide.
-Alors pourquoi tu veux jeter Renaud?
Pour ne pas être obligé de lui parler d'Edouard, parce que Renaud, je ne l'aima pas vraiment, je l'aime bien, c'est tout. Je n'ai jamais été douée pour le mensonge et la dissimulation. Je ne sais pas tricher ni faire semblant.
-Tu es inouïe. Tu es prête à sacrifier un monsieur qui te rendait heureuse pour un autre qui t'a fait souffrir la martyre, permet-moi de ne pas saisir la subtilité de ta décision.
Je n'ai jamais pu m'intéresser à deux homme en même temps. Me partager est inconcevable. C'est tout ou rien. A ma manière, je suis une incorrigible fidèle. Et voici qu'à nouveau, je pense à cet amour fantôme, à cet homme d'avant. Je voudrait rester au deuxième étage pour vérifier qu'il va bien, que le monitoring est stable. A se demander si je ne suis pas maso. Marie-Paule le suppose.
-Si recommencer à souffrir t'amuse, tu es sur la bonne voie.
J'acquiesce d'un signe de tête, pas le temps de terminer le café, la pagaille se déchaine aux entrées. Un échafaudage s'est écrouler, emportant dans sa dégringolade trois maçons. Commotions multiples en fureur du chef d'équipe.
-Je leur avait dit de s'attacher!
Direction la radiologie au pas de course.. Mon patient est malien. Je ne comprends rien de ce qu'il raconte. Je tente de la rassurer tant bien que mal.
-Ne vous affolez pas, nous allons bien nous occuper de vous.
Un poignet en vrac, une épaule luxée. Rien de très grave, pourtant la gaillard se lamente dans une langue inconnue.