Mon Chemin Loin d'Eux
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Chapitre 1

Le jour de la date limite des inscriptions universitaires, j'ai changé mon premier choix à la dernière minute. J'ai rempli le formulaire pour une université dans une ville côtière du sud, à plus de mille kilomètres de chez moi. Mon conseiller d'orientation m'a appelée, sa voix pleine d'incrédulité, me demandant si j'étais sûre de ma décision, car tous mes projets précédents, mes discussions avec lui, tout indiquait que je choisirais l'université locale avec mes amis d'enfance, Marc et Léo.

Je lui ai répondu d'une voix calme que j'étais certaine, puis j'ai raccroché avant qu'il ne puisse poser d'autres questions. Je ne voulais pas expliquer.

Je suis restée assise à mon bureau, le regard fixé sur le cadre photo posé dessus. La photo montrait trois jeunes visages souriants, Marc, Léo et moi. Nous étions inséparables depuis l'enfance. Sur la photo, Léo avait son bras autour de mes épaules, et Marc, debout à côté de moi, me regardait avec une tendresse évidente. Nous avions convenu d'aller à la même université, de louer un appartement ensemble, de continuer à être les personnes les plus importantes les unes pour les autres.

J'ai pris le cadre photo, mes doigts caressant le verre froid. Les souvenirs ont afflué, des souvenirs de rires partagés, de secrets murmurés et de promesses faites sous les étoiles. Mais ces souvenirs étaient maintenant souillés, recouverts d'une couche de trahison si épaisse qu'elle m'étouffait. Mon cœur s'est serré, une douleur sourde et familière. J'ai ouvert le tiroir de mon bureau, j'ai sorti la photo et je l'ai déchirée en petits morceaux, lentement, méticuleusement, jusqu'à ce que leurs visages ne soient plus que des confettis de couleur. J'ai jeté les morceaux dans la poubelle, un geste définitif. C'était fini.

Mon téléphone a vibré sur le bureau, brisant le silence. C'était un message de Léo dans notre groupe de discussion à trois. "Camille, où es-tu ? On t'attend au vieux terrain de basket. Chloé est là aussi, elle a préparé des gâteaux pour fêter nos futures vies universitaires ensemble." Je n'ai pas répondu. Mon regard s'est perdu par la fenêtre. Le soleil se couchait, peignant le ciel de teintes orange et violettes, mais je ne ressentais aucune beauté, seulement un vide immense.

Je pouvais les imaginer, Marc et Léo, entourant Chloé, la nouvelle venue dans notre trio. Chloé, que j'avais présentée à eux il y a quelques mois, une fille que j'avais prise sous mon aile parce qu'elle semblait seule et fragile. Elle était rapidement devenue le centre de leur univers. Ils riaient à ses blagues, la protégeaient de tout, l'écoutaient avec une attention qu'ils ne me témoignaient plus.

Mon téléphone a vibré à nouveau. Une notification Instagram. Chloé venait de poster une nouvelle photo. C'était un selfie d'elle, avec Marc et Léo en arrière-plan, tous les trois souriant largement. La légende disait : "Les meilleurs amis du monde ! Tellement hâte de commencer l'université avec vous ! ❤️" Marc avait commenté avec un cœur, Léo avec un emoji de flamme. Une nausée m'a envahie. Elle portait mon sweat-shirt préféré, celui que Marc m'avait offert pour mon anniversaire.

La semaine dernière, une dispute avait éclaté à ce sujet. J'étais rentrée dans ma chambre et j'avais trouvé Chloé en train d'essayer mes vêtements. Elle tenait mon nouveau collier, un cadeau de ma grand-mère, et le mettait autour de son cou. "Qu'est-ce que tu fais ?" avais-je demandé, ma voix plus sèche que je ne l'aurais voulu. Chloé avait sursauté, l'air innocent et blessé. "Oh, Camille, je ne faisais que regarder. Tes affaires sont si jolies. Je voulais juste voir à quoi ça ressemblait."

"Ce sont mes affaires, Chloé. Tu n'as pas à fouiller dans ma chambre sans ma permission." Marc et Léo, attirés par nos voix, étaient entrés. Chloé avait immédiatement fondu en larmes. "Je suis désolée, Camille. Je ne voulais pas te mettre en colère. C'est juste que... je n'ai jamais eu de belles choses comme ça." Marc m'avait regardée avec reproche. "Camille, ce n'est qu'un collier. Ne sois pas si dure avec elle. Tu vois bien qu'elle est désolée."

"Elle fouillait dans mes affaires !" ai-je protesté, incrédule. Léo avait pris la défense de Chloé. "Elle ne voulait pas mal faire. Elle admire juste ton style. Tu devrais le prendre comme un compliment." Puis il s'était tourné vers Chloé, sa voix douce. "Ne pleure pas, Chloé. Camille est juste un peu stressée en ce moment avec les examens."

Marc avait sorti son portefeuille. "Tiens, Camille, je t'achèterai un autre collier, encore plus beau. Laisse celui-ci à Chloé si elle l'aime tant. Ça ne vaut pas la peine de se disputer pour si peu." Il m'avait tendu un billet de banque, comme si l'argent pouvait effacer l'humiliation, le manque de respect. J'ai regardé l'argent, puis leurs visages, et j'ai vu à quel point ils étaient aveugles.

Je me suis souvenue de nos années d'amitié, de la fois où Léo était tombé de son vélo et où je l'avais porté sur mon dos jusqu'à la maison, de la fois où Marc avait le cœur brisé et où j'étais restée éveillée toute la nuit à l'écouter. Nous étions tout l'un pour l'autre. Comment en étions-nous arrivés là ? Comment pouvaient-ils me traiter ainsi, me sacrifier pour une fille qu'ils connaissaient à peine ?

J'ai pris le billet que Marc m'avait donné. Je l'ai accepté sans un mot. À ce moment-là, j'ai su que c'était vraiment la fin. J'ai accepté leur "compensation" non pas comme une excuse, mais comme le prix de notre amitié brisée. Dans mon cœur, une décision s'était solidifiée, froide et dure comme de la pierre. Ils avaient fait leur choix. Maintenant, c'était à mon tour de faire le mien.

            
            

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