Renaissance sous la Pluie
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Chapitre 5

Je suis restée figée, cachée dans l'ombre du couloir, regardant Sébastien et Chloé s'embrasser sur la terrasse. Le baiser n'était pas tendre ou hésitant, il était affamé, presque désespéré. C'était le baiser de deux amants qui avaient attendu trop longtemps. Chaque mouvement, chaque soupir confirmait la vérité que j'avais lue dans son journal intime. Ce n'était pas une simple amourette, c'était une obsession.

Une pensée froide et lucide a traversé mon esprit. Sébastien n'était pas l'homme distant et asexué que j'avais cru connaître pendant dix ans. Il n'était pas incapable d'intimité ou de passion. Il était juste incapable d'en ressentir pour moi. Toute notre vie conjugale, son absence de désir n'était pas un problème personnel, c'était un choix. Il se réservait pour elle. Cette réalisation était plus douloureuse que la trahison elle-même, car elle attaquait mon estime de moi, ma féminité, tout ce que je pensais être.

Pourtant, alors que je les regardais, la douleur a commencé à s'estomper, remplacée par une sorte de calme étrange, une résignation. Ils se méritaient. L'un était un manipulateur cruel, l'autre une calculatrice sans scrupules. Ils étaient faits l'un pour l'autre. En un sens, ils me rendaient service en se révélant ainsi. Je pouvais partir sans regret, sans me demander "et si ?". Il n'y avait pas de "et si". Il n'y avait que ce mensonge sordide.

Je me suis détournée, laissant les deux amants à leur idylle secrète. J'ai lissé ma robe, recomposé mon visage, et je suis retournée dans la salle de bal. J'avais un rôle à jouer. Celui de la fiancée parfaite, souriante et gracieuse. Je saluais les gens, échangeais des banalités, buvais une coupe de champagne. Personne ne pouvait deviner le chaos qui régnait en moi.

Soudain, alors que je parlais à un vieil ami de ma famille, une vague de chaleur m'a envahie, suivie d'un vertige intense. Ma vision s'est brouillée, mes jambes sont devenues cotonneuses. J'ai posé ma coupe, cherchant un appui. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je n'avais bu qu'une seule coupe.

« Amélie, ça ne va pas ? » m'a demandé mon ami, l'air inquiet.

« Je... je ne sais pas. J'ai besoin de m'asseoir, » ai-je réussi à articuler.

Une main ferme s'est posée sur mon bras. J'ai levé la tête. C'était Sébastien. Son visage était impassible, mais ses yeux brillaient d'une lueur étrange.

« Tu as l'air fatiguée, » a-t-il dit, sa voix trop calme. « Laisse-moi te raccompagner dans une des suites de l'hôtel pour que tu puisses te reposer. »

Il m'a guidée hors de la salle, son emprise sur mon bras trop forte pour être un simple soutien. Alors que nous marchions dans le couloir désert, la vérité m'a frappée, aussi violente qu'un coup de poing. Le champagne. Il avait dû y mettre quelque chose.

« C'est toi, » ai-je murmuré, l'horreur me glaçant malgré la chaleur qui consumait mon corps. « C'est toi qui as drogué ma boisson. »

Il n'a pas nié. Il a juste souri, un sourire froid qui n'atteignait pas ses yeux. « Tu n'aurais pas dû refuser mon cadeau, Amélie. Et tu n'aurais certainement pas dû t'en prendre à Chloé. Tu as besoin qu'on te rappelle ta place. »

Il m'a forcée à entrer dans une suite luxueuse et a fermé la porte à clé derrière nous. La drogue me rendait faible, incapable de résister. J'étais piégée.

            
            

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