Renaissance sous la Pluie
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Chapitre 2

Je savais que ma décision de rompre les fiançailles ne serait pas bien accueillie par ma famille. Ma mère, Madame Dubois, était une femme de la haute société pour qui les apparences et le statut social étaient tout. Ce mariage avec Sébastien, héritier de l'empire Moreau, était pour elle l'aboutissement d'années de planification. Annuler serait un scandale, une humiliation qu'elle ne me pardonnerait pas facilement. Je ne pouvais compter sur aucun soutien de sa part. J'étais seule. Cette solitude, loin de m'effrayer, renforçait ma résolution.

Ma première action concrète a été d'appeler l'assistante de Sébastien. D'une voix calme et professionnelle, je lui ai demandé d'annuler tous mes rendez-vous liés au mariage, y compris l'essayage de la robe. Je n'ai donné aucune explication, laissant le choc de la nouvelle se propager.

Ensuite, il y avait quelque chose que je devais récupérer. Une partie de moi que j'avais mise de côté en acceptant d'épouser Sébastien. C'était mon orgue à parfum, un meuble magnifique et complexe contenant des centaines de flacons d'essences rares. C'était mon outil de travail, le cœur de ma passion. Quand j'avais accepté les fiançailles, sur l'insistance de Sébastien qui trouvait mon passe-temps "peu convenable" pour sa future épouse, je l'avais vendu à contrecœur à une maison de ventes aux enchères. Je savais qu'une vente prestigieuse avait lieu ce soir-là, et j'avais le pressentiment qu'il serait parmi les lots.

J'ai revêtu une robe simple mais élégante et je me suis rendue à l'hôtel Drouot. L'atmosphère était feutrée, remplie de collectionneurs et de riches amateurs d'art. J'ai scanné la salle, le cœur battant, et je les ai vus. Sébastien et Chloé. Ils étaient debout près d'une sculpture, discutant à voix basse. Sébastien avait l'air contrarié, probablement à cause de mon annulation. Chloé, comme toujours, avait l'air d'une sainte innocente, sa main posée légèrement sur son bras pour le réconforter. La voir jouer ce rôle, sachant la vérité, me donnait la nausée.

Je me suis approchée. « Sébastien. »

Il s'est retourné, son expression s'est durcie en me voyant. « Amélie. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu devrais être en train de choisir des fleurs pour la cérémonie, pas de traîner dans des ventes aux enchères. »

Son ton était condescendant, comme si j'étais une enfant capricieuse. Avant, cela m'aurait blessée. Maintenant, cela ne faisait que renforcer ma décision.

« Je suis venue récupérer quelque chose qui m'appartient, » ai-je répondu froidement.

Juste à ce moment, le commissaire-priseur a annoncé le lot suivant : « Lot numéro 72, un exceptionnel orgue à parfum du XIXe siècle, contenant une collection rare d'essences pures. »

Mon cœur a fait un bond. C'était le mien.

« C'est pour ça que tu es là ? » a ricané Sébastien. « Pour un meuble ? Amélie, sois raisonnable. Nous nous marions dans une semaine. »

Chloé est intervenue, sa voix douce comme du miel empoisonné. « Sébastien, ne sois pas si dur avec elle. Amélie a toujours aimé ses parfums. C'est un joli passe-temps. »

Passe-temps. Ce mot, prononcé de sa bouche, était une insulte.

« Ce n'est pas un passe-temps, Chloé. C'est ma vie, » ai-je rétorqué, la regardant droit dans les yeux.

La mise à prix a commencé. J'ai levé ma plaquette. Quelqu'un a surenchéri. J'ai levé à nouveau. Le prix a grimpé rapidement. Je n'avais pas la fortune de Sébastien, mais j'avais mes propres économies, et j'étais prête à tout dépenser.

Alors que j'allais faire une nouvelle offre, j'ai entendu la voix de Sébastien, claire et forte, dans la salle silencieuse. « Cent mille euros. »

Un silence de mort s'est installé. Personne ne pouvait rivaliser avec une telle somme. Le commissaire-priseur a levé son marteau. « Cent mille euros une fois... deux fois... »

Je me suis tournée vers Sébastien, le suppliant du regard. « S'il te plaît, Sébastien. Ne fais pas ça. Il représente tout pour moi. » C'était la dernière fois que je le supplierais. Je voulais voir jusqu'où irait sa cruauté.

Il m'a regardée avec une froideur glaciale. « Tu agis comme une enfant. Quand tu seras revenue à la raison, je te le rendrai. C'est ma façon de te ramener à la maison. »

Il ne voyait pas ma passion, seulement un caprice à maîtriser. Il a fait un signe de tête au commissaire-priseur.

« Adjugé, vendu à Monsieur Moreau ! » a proclamé le commissaire-priseur.

Le marteau est tombé, et avec lui, le dernier vestige de mon espoir qu'il puisse un jour me comprendre. C'était une déclaration de guerre. Il voulait me contrôler, me posséder, tout comme il possédait désormais mon orgue à parfum. Une rage froide m'a envahie. Très bien, Sébastien. Tu veux la guerre, tu l'auras. Mais cette fois, je ne suis plus la femme soumise que tu as connue.

            
            

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