Briser les Chaînes: Au revoir, mon mauvais mari
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Chapitre 1

Le stylo glissa sans un bruit sur le papier, laissant une signature nette et précise au bas du formulaire d'immigration. Adèle Dupont sentit un léger tremblement dans sa main, la seule trace visible de la tempête qui faisait rage en elle. Devant elle, l'employée du consulat du Canada lui sourit, un sourire professionnel et impersonnel.

« Tout est en ordre, Madame Dupont. Votre dossier est complet. Vous recevrez une notification dans les prochaines semaines. »

Adèle hocha la tête, un simple murmure de remerciement s'échappant de ses lèvres. En quittant le bâtiment officiel, l'air frais de Paris lui fouetta le visage, mais elle ne sentit rien. Son esprit était ailleurs, déjà de l'autre côté de l'Atlantique, loin de cette vie qui n'était plus qu'une mascarade.

Alors qu'elle attendait un taxi, deux femmes bien habillées passèrent à côté d'elle, leurs voix portant dans l'air calme.

« Tu as vu le dernier projet de Marc Dubois ? L'immeuble près de la Seine ? Absolument magnifique. »

« Et quel homme ! Toujours si dévoué à sa femme, Adèle. On les voit partout ensemble, il la regarde comme si elle était le centre de son univers. Un couple parfait. »

Adèle baissa la tête, un sourire amer se dessinant sur son visage. Le couple parfait. Marc Dubois, l'architecte de génie, l'homme charismatique que tout Paris admirait. Son mari. Il avait passé des années à construire cette image, une façade impeccable de mari aimant, et il y excellait. Personne ne pouvait deviner la pourriture qui se cachait derrière les murs de leur somptueux appartement.

Quand elle rentra enfin, le silence de l'appartement était assourdissant. Chaque objet, chaque meuble choisi avec soin, lui semblait désormais étranger, contaminé. Elle alla directement dans son atelier, un havre de paix où ses créations de mode prenaient vie. Mais même là, l'inspiration ne venait pas. Elle ne voyait que le visage de son mari, et celui de sa cousine, Sophie.

La porte d'entrée s'ouvrit tard dans la soirée. Marc apparut, son sourire radieux habituel illuminant son visage.

« Ma chérie, je suis rentré. »

Il s'approcha pour l'embrasser, mais Adèle se crispa imperceptiblement. Elle sentit sur lui un parfum qui n'était pas le sien. Un parfum floral, doux et entêtant. Le parfum de Sophie.

« Longue journée au bureau ? » demanda Adèle, sa voix neutre.

« Épuisante. Une réunion qui n'en finissait pas. Tu m'as manqué, » dit-il en la serrant dans ses bras.

Son regard à elle tomba sur le col de sa chemise. Une légère trace de rouge à lèvres, presque invisible, mais elle la vit. La couleur exacte que Sophie portait ce matin. Le cœur d'Adèle se serra violemment dans sa poitrine, un étau de douleur pure. C'était donc vrai. Les soupçons qui la rongeaient depuis des semaines n'étaient pas le fruit de son imagination.

Elle se dégagea doucement. « Je suis un peu fatiguée. Je vais me coucher. »

Marc la regarda, une lueur d'inquiétude feinte dans les yeux. « Tout va bien, mon amour ? Tu as l'air pâle. »

« Juste un mal de tête, » mentit-elle.

Elle monta dans leur chambre, son corps se mouvant comme un automate. Allongée dans le lit, elle fixait le plafond, chaque fibre de son être hurlant de douleur. Elle repensait à tous les signes. Les appels manqués. Les "réunions tardives". La façon dont Sophie, qu'ils hébergeaient "temporairement" depuis six mois, la regardait avec une pitié triomphante.

Plus tard, alors qu'elle feignait de dormir, elle entendit des murmures provenant du couloir. Elle se leva sans un bruit et colla son oreille à la porte. C'était Marc et Sophie.

« Sois patiente, » disait Marc d'une voix basse. « Adèle est fragile. Je ne peux pas la quitter maintenant, ça détruirait mon image. Les gens adorent notre histoire, le couple parfait. C'est bon pour les affaires. »

« Et moi, alors ? » se plaignit Sophie. « Je suis fatiguée de me cacher, de n'être que ta cousine aux yeux du monde. »

« Bientôt, mon cœur. Je te promets. Dès que j'aurai consolidé ma position, nous pourrons être ensemble. Pour l'instant, tu as tout ce que tu veux ici, non ? Profites-en. »

Adèle recula, sa main sur sa bouche pour étouffer un sanglot. L'image. Les affaires. C'était donc ça. Elle n'était qu'un accessoire, un pion dans son jeu de pouvoir. La douleur la submergea, si intense qu'elle eut l'impression de se noyer. Mais sous la douleur, une autre émotion commença à poindre, froide et dure comme de l'acier. La rage. Et avec elle, une résolution inébranlable.

Elle ne serait pas la victime fragile. Elle ne lui donnerait pas la satisfaction de la voir s'effondrer. Elle allait jouer son jeu, mieux que lui. Elle allait attendre, planifier, et le détruire au moment où il s'y attendrait le moins. Son regard se porta sur le calendrier. Son anniversaire approchait. Ce serait le jour parfait. Le jour de sa renaissance, et de sa ruine.

            
            

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