Un après-midi, je les ai surpris dans la chambre de Léo. Ils étaient assis par terre, en train de construire une tour en Lego. La lumière du soleil filtrait à travers la fenêtre, illuminant leurs visages.
Ils se ressemblaient tellement. C'était indéniable. La même lueur dans les yeux, le même sourire en coin.
C'était une confirmation visuelle, plus cruelle que n'importe quel rapport de détective.
Un soir, Louis est entré dans ma chambre.
« Amélie, j'ai pris une décision. »
Il n'a pas attendu ma réponse.
« J'ai vendu le vignoble que ton père nous avait légué. J'ai besoin des fonds pour un nouvel investissement majeur pour la maison de Valois. »
Le vignoble de mon père. Le seul lien tangible qu'il me restait de lui.
« Tu n'avais pas le droit, Louis. C'était à moi. »
« C'était à nous. Et j'ai décidé. C'est tout. »
Il a posé des papiers sur ma table de chevet.
« Signe ça. C'est l'acte de vente. »
Mon esprit a commencé à tourner. Une idée folle, désespérée, a germé.
Le lendemain, j'ai appelé mon avocat, un vieil ami de la famille. Je lui ai expliqué la situation.
Il a préparé de nouveaux documents. Des papiers de divorce. Un accord qui me donnait tout ce que je voulais, y compris la garde exclusive de... Léo.
J'ai glissé les papiers du divorce au milieu de l'épais dossier de l'acte de vente du vignoble.
Ce soir-là, Louis est revenu tard. Il était de bonne humeur.
« Le dîner avec les investisseurs a été un succès. »
Il a pris le dossier.
« Je vais signer ça maintenant. »
Il a feuilleté rapidement les pages, son esprit déjà ailleurs. Il a signé chaque page où une signature était requise, y compris les papiers du divorce, sans même les lire.
Son arrogance était sa plus grande faiblesse.
Le week-end suivant, la maison de Champagne de Valois organisait son gala annuel. Un événement prestigieux.
Louis a insisté pour que j'y assiste.
« Tu es toujours ma femme, Amélie. Tu dois être là. »
Dans le grand salon de l'hôtel particulier, je l'ai vu. Louis, debout à côté de Chloé. Il lui tenait la main. Il la présentait à tout le monde comme sa "partenaire".
La douleur était si vive qu'elle en était presque physique.
Je me suis échappée dans le jardin. J'avais besoin d'air.
Plus tard, en retournant à l'intérieur, je suis passée devant notre ancienne chambre. La porte était ouverte. Sur le lit, il y avait la boîte à musique que Louis m'avait offerte pour notre premier anniversaire. Une petite ballerine qui dansait sur une mélodie douce.
Je l'ai prise. Elle était froide et vide de sens maintenant.
Je suis retournée dans le salon. Louis parlait à un groupe d'invités.
« Amélie adore les orchidées blanches. Je lui en fais livrer toutes les semaines. »
J'ai failli rire. Je déteste les orchidées blanches. J'ai toujours préféré les pivoines roses. En dix ans, il ne l'avait jamais remarqué.
Chloé s'est approchée de moi. Elle tenait une coupe de champagne.
« Tu as l'air perdue, Amélie. Ce monde n'est plus le tien, n'est-ce pas ? Bientôt, tout le monde saura qui je suis vraiment. La vraie Madame de Valois. »
Son sourire était venimeux.
Elle a fait un pas en arrière, a "trébuché" et a renversé sa coupe de champagne sur ma robe. Une robe de haute couture, un cadeau de Louis.
Le vin rouge a taché le tissu blanc. Tous les regards se sont tournés vers moi.
Chloé a eu un hoquet de surprise feinte.
« Oh, mon Dieu ! Je suis tellement désolée, Amélie ! Je suis si maladroite ! »
L'humiliation était totale.