Julien n'a pas perdu de temps. Le soir même, dans les jardins du château, il s'est agenouillé devant moi. La lune illuminait son visage, le rendant presque sincère.
« Éloïse, épouse-moi. »
Il a sorti une bague, un diamant énorme qui brillait d'un feu froid. C'était la même bague que la dernière fois.
« Je sais que c'est soudain, mais je veux lier ma vie à la tienne, pour toujours. Il existe une ancienne tradition, un pacte qui unit non seulement nos cœurs, mais aussi nos destins. Le Pacte d'Union. »
Je le savais. Il avait fait ses recherches. Ou plutôt, il se souvenait. Ce pacte, dans sa forme la plus simple, lie deux âmes et leurs fortunes. Un contrat magique impossible à briser. Il pensait me piéger, s'assurer que tout ce qui est à moi serait à lui, pour l'éternité.
Mais il ignorait un détail crucial.
Le Pacte d'Union ne fonctionne qu'entre un homme et une femme. C'est un pacte d'égaux.
Ce que nous allions signer, à cause de mon choix secret, était tout autre chose. Une version corrompue et bien plus ancienne de ce rituel.
Le Pacte de Servitude. Un contrat entre un maître et son esclave.
Pour qu'il soit activé, le futur maître doit faire trois grands sacrifices pour son futur esclave. Trois dons qui prouvent sa dévotion. À chaque sacrifice, un sceau apparaît sur le corps de l'esclave.
Je l'ai regardé, feignant la surprise et l'émotion.
« Un pacte ? Julien, c'est... c'est si romantique. »
« Il nous liera plus fort que n'importe quel mariage, a-t-il insisté, ses yeux brillant de cupidité. Nous ne ferons plus qu'un. »
J'ai fait semblant d'hésiter, juste assez longtemps pour que son anxiété monte.
« J'accepte, Julien. Je veux être liée à toi. »
Son soulagement était palpable. Il m'a passé la bague au doigt. Elle était froide.
Le lendemain, nous avons accompli le rituel dans la même crypte. Mon grand-père a officié, son visage impénétrable. Nous avons prononcé les mots anciens et signé le pacte avec une goutte de notre sang.
Julien était rayonnant. Il pensait avoir gagné. Il pensait m'avoir enchaînée à lui.
La vérité, c'est que c'était lui qui venait de se passer la corde au cou.
Et j'allais prendre un plaisir infini à serrer le nœud.