Le scandale a éclaté le lendemain matin.
Je suis entrée dans la salle de classe et tout le monde s'est tu. Le professeur de philosophie se tenait près du tableau, l'air grave. Manon était à côté de lui, jouant le rôle de la victime outragée.
« Chloé, » a commencé le professeur, « nous devons discuter de votre dissertation. »
Il tenait ma copie entre deux doigts, comme si elle était sale.
« Manon ici présente a soulevé un point très pertinent. Le niveau de cette copie est... exceptionnel. Trop exceptionnel. »
Manon a pris la parole, sa voix tremblant de fausse indignation.
« Elle a triché ! C'est impossible qu'une fille comme elle écrive ça. Elle vient de nulle part ! J'ai cherché sur internet, elle a sûrement tout copié-collé ! C'est du plagiat ! »
L'accusation a résonné dans le silence. C'était absurde, mais tout le monde semblait prêt à la croire. J'étais l'étrangère, la "paysanne". C'était plus facile de me croire malhonnête que brillante.
« C'est faux, » ai-je dit calmement. « Je n'ai pas triché. »
« Prouve-le ! » a crié Manon.
Le professeur, clairement sous l'influence de la famille Leroy, a ajouté : « L'école prend le plagiat très au sérieux. Nous allons devoir vous renvoyer. »
Bernard avait été appelé. Il est arrivé, l'air furieux, et a soutenu sa fille sans même me poser une question. Pour lui, j'étais coupable par nature.
J'ai refusé de signer les papiers d'aveux qu'ils me tendaient.
« Je veux un avocat, » ai-je déclaré.
Bernard a ri. « Un avocat ? Avec quel argent ? »
Ce soir-là, humiliée et furieuse, j'ai trouvé une solution. J'ai vendu une petite boucle d'oreille en diamant que j'avais réussi à cacher, un cadeau de Jean-Pierre pour mes seize ans. Avec l'argent, je suis allée dans un cybercafé.
Je n'ai pas appelé mon père. J'ai appelé Alain, mon ancien tuteur de philosophie, un vieil ami de la famille. Il était l'un des intellectuels les plus respectés de France.
Je lui ai tout expliqué, la voix tremblante de colère. Il y a eu un long silence à l'autre bout du fil.
Puis il a dit : « Ne t'inquiète pas, Chloé. Jean-Pierre va être mis au courant. Ces gens vont apprendre ce que c'est que de sous-estimer un Dubois. »