La Revanche de Chloé Dubois
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Chapitre 3

Le lycée privé de Manon était un établissement prestigieux par son prix, pas par son niveau académique. Les murs étaient d'un blanc immaculé, les élèves portaient des uniformes coûteux. J'ai été inscrite comme "auditrice libre", une façon polie de dire que je n'appartenais pas à ce monde.

Bernard avait été clair : « Reste discrète. Ne fais pas de vagues. »

Dès le premier jour, Manon et ses amies m'ont ignorée ou m'ont lancée des regards méprisants. La rumeur s'était répandue : j'étais une parente pauvre, une campagnarde recueillie par charité.

Pendant un cours de philosophie, le professeur, un homme obséquieux qui semblait terrorisé par ses élèves riches, a annoncé un "Bac Blanc". Le sujet : "Le désir est-il la marque de notre misère ?".

Les autres ont soupiré et ont commencé à griffonner des banalités. Pour moi, c'était une bouffée d'air frais. J'ai pensé à mon désir de rentrer, à mon désir de vengeance, au désir de luxe de Bernard et Manon. J'ai écrit. J'ai cité Spinoza, Schopenhauer, Platon. J'ai structuré mon argumentation comme mon tuteur parisien me l'avait appris.

Quelques jours plus tard, le professeur a rendu les copies. Il a évité mon regard. Manon avait un sourire suffisant.

Pendant la pause, alors que je sortais, j'ai vu Kevin, l'influenceur pour qui j'avais voulu privatiser Versailles. Il était là, appuyé contre un mur, entouré d'admirateurs. Il était ami avec Manon. Nos regards se sont croisés. Il a eu un rictus.

« Alors, Chloé ? La vie à la campagne, ça te réussit ? » a-t-il lancé assez fort pour que tout le monde entende.

Des rires ont fusé. Je l'ai ignoré et j'ai continué mon chemin. La honte me brûlait les joues.

Je suis sortie du lycée pour prendre l'air. Un peu plus loin dans la rue, il y avait un food truck noir, élégant. Une odeur incroyable s'en dégageait. Un jeune homme aux cheveux sombres et au regard intense servait les clients avec une concentration absolue. C'était la première chose authentique que je voyais depuis mon arrivée.

Je me suis approchée, juste pour regarder. Il a levé les yeux, nos regards se sont croisés une seconde. Il avait l'air fatigué, mais passionné. Je suis repartie sans rien acheter, mais cette image est restée.

            
            

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