Mon Sauveur Silencieux
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Chapitre 3

L'appartement d'Antoine était dans le 16ème arrondissement. Le taxi s'est arrêté devant un immeuble haussmannien magnifique. Le hall d'entrée était en marbre, avec un lustre en cristal. Un silence feutré régnait, si différent du bruit constant de ma banlieue.

Son appartement était immense. Des plafonds hauts, du parquet qui craquait doucement, des bibliothèques remplies de livres reliés en cuir. Ça sentait la cire d'abeille et le vieux papier.

« Tu peux prendre la chambre d'amis. »

Il m'a montré une pièce plus grande que notre salon. Il y avait un grand lit avec des draps blancs impeccables et une salle de bain privée.

« Il y a des serviettes propres. Fais comme chez toi. »

J'ai pris une douche chaude, la plus longue de ma vie. L'eau chaude sur ma peau était un luxe incroyable. En sortant, j'ai trouvé des vêtements posés sur le lit. Un jogging en cachemire et un sweat-shirt doux. C'étaient sûrement les vêtements de sa mère ou de sa sœur.

Plus tard, je l'ai retrouvé dans la cuisine. Il préparait quelque chose.

« J'ai faim, » ai-je murmuré, encore honteuse.

Il a souri.

« Je sais. »

Il m'a servi une assiette de pâtes avec une sauce simple mais délicieuse. J'ai tout dévoré.

Pendant cette semaine, il a pris soin de moi. Il s'assurait que je mangeais à ma faim, que j'avais chaud. On parlait peu, mais sa présence était un réconfort constant.

Un soir, alors qu'on regardait un vieux film à la télé, il m'a demandé :

« Pourquoi tu travailles si dur à l'école ? »

Je lui ai tout raconté. Ma mère, mon père absent qui avait des dettes, le restaurant où je devais travailler. Je lui ai expliqué que le Bac avec mention était ma seule porte de sortie. C'était la première fois que je parlais de ça à quelqu'un.

Il a écouté sans m'interrompre. Quand j'ai fini, il était silencieux. Je l'ai regardé. Il serrait les poings, sa mâchoire contractée.

« Ce n'est pas juste, » a-t-il dit d'une voix rauque. « Personne ne devrait vivre comme ça. »

Le dernier jour, avant que ses parents ne rentrent, il m'a donné un nouveau sac à dos. À l'intérieur, il y avait des livres, des stylos, et une calculatrice neuve.

« Pour que tu n'aies plus à t'inquiéter pour ça. »

Il m'a aussi donné une enveloppe.

« C'est pour toi. Pour que tu n'aies plus à avoir faim. »

J'ai ouvert. Il y avait une liasse de billets. Assez pour vivre des mois.

« Je ne peux pas. C'est trop. »

« S'il te plaît, Élise. Laisse-moi faire ça. »

Son regard était si intense que j'ai baissé les yeux et j'ai accepté. Je suis partie avant le retour de sa famille, retournant à ma vie précaire, mais avec un secret qui me réchauffait le cœur et un poids en moins sur les épaules.

            
            

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