L'AMOUR SOUS LES CENDRES
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Chapitre 4 Chapitre 4

Le murmure d'un vent nouveau

‎Le soleil brillait.

‎Mais je ne le voyais plus.

‎Il pouvait brûler le ciel... j'aurais eu froid pareil.

‎Les jours s'effacent

‎Je vivais dans un brouillard.

‎Un marécage de fatigue, de peine et d'indifférence.

‎Je ne comptais plus les jours.

‎Ils passaient comme les grains de sable entre les doigts d'un mort.

‎Je traînais. Je flottais.

‎Je n'étais plus Makial, j'étais l'absence de Makial.

‎La maison ?

‎Un sanctuaire brisé. Un musée funèbre.

‎Je parlais...

‎à des gens qui n'étaient plus là.

‎ - « Papa... tu me dirais quoi, là ? Je dois faire quoi avec tout ça ? »

‎- « Maman... je fais semblant, mais j'suis en train de couler. »

‎Mais les murs, eux, ne répondent que par des soupirs.

‎La lettre

‎Un matin, une enveloppe a glissé sous la porte.

‎Juste un petit flap. Sec. Insignifiant.

‎Mais j'ai su.

‎« Étude notariale Dambé & Associés »

‎Je l'ai ouverte du bout des doigts.

‎ - « Monsieur Makial Altos,

‎Suite au décès tragique de vos parents, nous vous prions de prendre rendez-vous pour finaliser la succession... »

‎J'ai lâché la feuille.

‎Elle est tombée à mes pieds comme une pierre tombale.

‎Ranger leur vie.

‎Classer leurs souvenirs dans des chemises cartonnées.

‎Apposer une signature sur ce qu'ils étaient.

‎Non.

‎Je n'étais pas prêt.

‎Mais j'ai gardé la lettre dans ma poche.

‎Parce que fuir, c'est plus facile que d'oublier

‎Ils reviennent

‎Le soir, on a frappé. Encore.

‎J'ai laissé passer quelques secondes. Puis je suis allé ouvrir.

‎Donald et Hilaire.

‎Donald, avec son sweat trop large et son éternelle odeur de chewing-gum.

‎ - « Mon gars, on va pas te laisser moisir ici. J'sais que t'es pas mort, hein ? »

‎- « Bouge un peu, sors, hurle, pleure, casse un mur si tu veux. Mais fais quelque chose. »

‎Je l'ai fixé. Sans répondre.

‎Puis Hilaire s'est avancé. Silencieux. Serein. Sa voix, toujours posée.

‎ - « On ne vient pas pour parler si tu veux pas. On vient pour être là. C'est tout. »

‎Je me suis écarté.

‎Je les ai laissés entrer.

‎Le dîner du silence

‎On s'est installés dans la cuisine.

‎Donald a fouillé les placards. Hilaire a allumé la lumière.

‎Moi, j'étais juste... là.

‎ Donald : « T'as rien d'autre que des pâtes et du thon ? Mec, on va crever ici. »

‎Hilaire (en souriant) : « Il a ce qu'il faut. On improvise. »

‎Ils ont cuisiné pendant que je les regardais.

‎ Donald : « T'sais, j'suis pas doué pour parler de trucs sérieux. Mais t'es mon frère, mec. Et j'suis pas prêt à te regarder t'éteindre. »

‎ Hilaire : « Tu portes un poids immense, Makial. Mais on est là. On le portera avec toi, même un peu. »

‎Je n'ai pas répondu.

‎Mais j'ai hoché la tête.

‎On a mangé. Lentement.

‎Les premières bouchées étaient mécaniques.

‎Puis, sans prévenir, Donald a lâché :

‎ - « Tu te souviens de la fois où t'as failli rater ton oral parce que t'avais confondu l'amphithéâtre avec la salle d'examen ? »

‎J'ai esquissé un sourire.

‎ Hilaire : « Et quand ta mère a débarqué à la fac avec un cake au citron et que tout le monde croyait que t'avais gagné un prix ? »

‎J'ai ri. Faiblement. Mais j'ai ri.

‎ Moi : « Elle voulait juste me faire plaisir... Elle disait que rien ne comptait plus que de célébrer les petites victoires. »

‎Donald :‎On souris

‎ Moi: ‎D'un simple doigt d'honneur, je les ai enculés. »

‎Le silence est revenu, mais il était plus doux, moins lourd.

‎Presque... humain.

‎Une nuit étrange

‎Ils sont partis tard.

‎J'ai fermé la porte derrière eux et je me suis écroulé sur le canapé.

‎Et là, dans le demi-sommeil, je l'ai entendue.

‎Une voix.

‎Ni dure, ni douce.

‎Équilibrée. Vibrante. Vivante.

‎ - « Tu n'es pas seul. Même si tu penses l'être. Regarde autour de toi. Écoute ton cœur. »

‎Mes yeux se sont ouverts d'un coup.

‎Ma respiration s'accélérait.

‎Et soudain... une odeur.

‎Un parfum chaud, boisé, presque intime.

‎Quelque chose d'animal, de sauvage, mais maîtrisé.

‎Quelque chose d'humain.

‎Je me suis redressé, les sens en alerte.

‎Mais j'étais seul.

‎Seul... et pourtant pas tout à fait.

‎Le rêve

‎Cette nuit-là, j'ai rêvé.

‎Mais ce rêve n'était pas comme les autres.

‎Pas flou. Pas déformé.

‎Clair. Précis. Incroyablement réel.

‎Un homme se tenait devant moi.

‎Élégant. Charismatique.

‎Une présence magnétique.

‎Le genre de regard qui perce l'âme sans dire un mot.

‎Ses yeux... brûlaient.

‎De feu.

‎De compassion.

‎De quelque chose de bien plus fort que les mots.

‎Il s'est approché.

‎ - « Tu vas te relever, Makial. Tu crois que t'es seul, mais je suis là. Et je ne partirai pas. »

‎Il m'a tendu la main.

‎Et dans son regard... il n'y avait ni pitié, ni peur.

‎Juste une vérité nue. Une certitude.

‎Puis tout s'est dissous.

‎Je me suis réveillé, haletant, tremblant.

‎Et pour la première fois depuis longtemps...

‎Je n'avais pas peur de ressentir.

‎Quelque chose - ou quelqu'un - venait d'entrer dans ma vie.

‎Et ce n'était que le début.

            
            

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