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Trois semaines ont passé.
Mais dans ma tête, c'est encore ce matin-là.
Où ils ont pris la route... sans jamais revenir.
La maison fantôme
Les rideaux sont toujours ouverts.
Mais la lumière refuse d'entrer.
Tout est figé.
Le salon. La cuisine. Leur chambre.
Même leur parfum flotte encore dans l'air...
comme s'ils refusaient, eux aussi, de partir.
J'évite les miroirs.
J'ai peur de ce que je pourrais y voir.
Un orphelin à l'âme éclatée.
L'université ? Quelle blague.
Je n'y vais plus.
À quoi bon ?
Je reste dans cette maison comme un prisonnier volontaire.
Le monde me semble si loin, comme une émission de télé qu'on regarde sans le son.
Donald m'envoie des messages tous les jours.
Hilaire passe souvent.
Mais je ne leur ouvre presque jamais.
- « Tu n'es pas seul, Makial. », disait Hilaire derrière la porte.
- « Sors de là, tu vas t'étouffer dans ta propre douleur. », ajoutait Donald.
Mais je ne répondais pas.
Je n'ai pas la force de faire semblant.
Pas la force de sourire, ou de parler.
Juste... survivre. Respirer, c'est déjà trop.
Le poids des souvenirs
Le pire, ce n'est pas l'absence.
C'est tout ce qu'ils ont laissé derrière eux.
Le carnet de recettes de maman.
La montre de papa, encore posée sur la table.
Les deux tasses vides sur l'évier.
Et leurs voix... oh mon Dieu... leurs voix.
Parfois, je les entends.
Dans ma tête. Dans les murs.
- « Makial, lève-toi, tu vas être en retard. »
- « Viens goûter ça, mon cœur, tu vas adorer. »
- « Je suis fier de toi, mon fils. Tellement fier. »
Et je pleure. Encore. Et encore.
Des nuits entières.
Des sanglots qui secouent tout mon corps.
Des gémissements étouffés dans un oreiller trempé.
Un soir au bord du gouffre
Ce soir-là, il pleuvait.
Je me suis assis sous la douche.
L'eau chaude sur mon crâne.
Les bras autour des genoux.
Le cœur dans le caniveau.
Et j'ai pensé à tout arrêter.
Plus de douleur.
Plus de vide.
Juste... le silence.
Mais au fond de moi, une voix a résisté.
Pas une voix d'ange.
Pas de lumière divine.
Juste le souvenir de leurs yeux.
- « Tu vis, Makial. Tu vis pour nous. Tu continues. »
Alors j'ai pleuré. Mais je suis resté.
Le rêve étrange
La même nuit, j'ai fait un rêve.
J'étais dans une pièce blanche.
Vide. Froide.
Et devant moi, deux ombres.
Je ne voyais pas leurs visages.
Mais leurs mains étaient tendues vers moi.
Je voulais courir vers eux.
Mais mes jambes étaient clouées au sol.
Et une voix grave, lointaine, m'a murmuré :
- « Il est encore temps. Il y a une lumière. Mais tu dois ouvrir les yeux. »
Je me suis réveillé, en sursaut.
Le cœur battant.
Le front en sueur.
Personne autour de moi.
Mais l'air... avait changé.