Chapitre 4 Chapitre 04

Les jours suivants

J'apprenais vite. Je savais comment me faire discrète, comment éviter les conversations inutiles. Mais Samuel trouvait toujours un prétexte pour venir à la cuisine : un verre d'eau, une pomme, ou même "voir si tout allait bien".

Je sentais son regard sur moi. Il ne disait rien d'inapproprié, non. Mais ses yeux parlaient.

Zita, elle, était souvent absente. Très occupée. Toujours entre deux appels, deux rendez-vous. Elle me faisait confiance, et parfois me demandait même de préparer le dîner quand elle rentrait tard.

Un soir, alors que je débarrassais la table, Samuel entra encore dans la cuisine.

- Samuel : Tu es vraiment douée, Rebecca.

- Moi : Merci.

- Samuel : Tu sais... tu n'es pas comme les autres. Il y a quelque chose de spécial chez toi.

Je m'arrêtai de bouger. Mes mains tremblaient légèrement.

- Moi : Samuel... Je suis juste venue ici pour travailler.

- Samuel : Je sais. Et je respecte ça. C'est juste... difficile de ne pas te remarquer.

Il me laissa là, seule, bouleversée. Mon cœur battait vite, mon esprit embrouillé.

C'était la première fois que je sentais qu'un homme me regardait autrement depuis ma dernière déception. Mais... c'était un homme marié. Le mari de ma patronne.

Et c'est là que tout a vraiment commencé.

Je n'ai pas dormi cette nuit-là. Les paroles de Samuel résonnaient dans ma tête. "Tu n'es pas comme les autres." Que voulait-il dire exactement ? Était-ce simplement un compliment... ou un avertissement déguisé ?

Le lendemain matin, je me suis levée plus tôt que d'habitude, décidée à ne rien laisser transparaître. J'étais là pour travailler, et rien d'autre. J'avais besoin de ce poste, pour moi, pour mes parents.

Mais les choses ne se passent jamais comme prévu.

Ce matin-là, Zita m'interpella alors que je finissais de ranger la cuisine :

- Zita : Rebecca, tu as cinq minutes ? Viens dans le salon.

Je m'essuyais rapidement les mains et la rejoignis.

Elle était assise sur un fauteuil en rotin, jambes croisées, une tablette dans les mains. Elle me regarda longuement, sans un mot, puis posa l'objet à côté d'elle.

- Zita : Je vais être directe. J'ai vu comment Samuel te regarde.

Mon cœur fait un bond. Avait-elle vu quelque chose ? Entendu ?

- Moi : Madame, je...

- Zita (levant la main) : Ne dis rien. Je t'observe depuis ton arrivée. Tu travailles bien, tu es sérieuse. Mais je connais mon mari.

Elle fait une pause.

- Zita : Il a déjà eu... des distractions. Avant moi. Et je ne le laisserai pas recommencer. Alors je préfère te prévenir maintenant : je ne veux aucun malaise ici. Tu comprends ?

J'étais glacée. Honteuse, confuse, blessée.

- Moi : Je comprends, madame. Je ne suis pas là pour ça.

- Zita : Bien. Tu peux en disposer.

Je sortis, la gorge nouée. Elle m'avait humiliée sans hausser la voix. Mais au fond... avait-elle tort ? Peut-être que mon silence face aux paroles de Samuel l'avait conforté. Il fallait mettre un terme à toute ambiguïté.

Le soir

Samuel rentra tard. Zita était déjà couchée. Comme à son habitude, il passe par la cuisine avant de monter. Je l'attendais. Cette fois, c'était moi qui l'arrêtai.

- Moi : Samuel, on doit parler.

- Samuel (surpris) : Ah, tu veux me voir ?

- Moi : Ce que tu m'as dit... ce regard... ce n'est pas normal. Je ne suis pas ici pour séduire ton foyer.

- Samuel (s'approchant) : Rebecca, je n'ai jamais dit que tu...

- Moi (le coupant) : Je t'en prie. J'ai besoin de ce travail, pas de complications. Garde tes pensées pour ta femme. Elle t'aime, elle croit en toi. Ne brise pas ça.

Il me regarda un instant, sans mot. Puis il tourna les talons et monta à l'étage, sans un mot de plus.

Je me sens soulagée... mais triste. Pourquoi ? Je ne voulais pas de lui, c'était clair. Et pourtant, une partie. de moi s'était habituée à ce regard, à cette attention.

            
            

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