« Vous doutez encore de moi ? » La question de Kieran brisa le silence, nette et tranchante, comme une lame acérée. « Vous m'avez trahi, vous m'avez sous-estimé. Et maintenant, vous allez apprendre la seule loi qui compte ici : la mienne. »
Le vieux Morten, autrefois conseiller de confiance de Redan, se redressa lentement, son visage marqué par les années et les batailles. « Kieran, tu n'es pas ce que Redan était. Il n'a jamais régné ainsi. »
Un rictus froid se dessina sur les lèvres de Kieran. « Redan était un rêveur. Il pensait que la loyauté se gagnait par des mots. Mais j'ai compris quelque chose que lui n'a jamais su : le pouvoir se prend. Il se conquiert. Et vous allez m'obéir, ou vous en subirez les conséquences. »
La pièce vibra sous les cris de douleur qui résonnèrent soudainement depuis l'extérieur. Les visages des anciens se durcirent, une inquiétude palpable envahissant les yeux fatigués. Ils savaient ce qui se passait à l'extérieur. Les hommes de Kieran étaient déjà en train de capturer les anciens partisans de Redan, ceux qui osaient encore rêver d'un retour. Ils étaient des cibles faciles, des exemples parfaits à faire souffrir pour rappeler qui était désormais le véritable alpha.
« Qu'est-ce que tu leur fais ? » demanda Morten, sa voix tremblante, comme un avertissement qu'il ne croyait pas nécessaire. Mais Kieran le coupa, son regard aussi glacé que le fer qu'il maniait.
« Je leur enseigne la vérité », répondit-il, se tournant vers l'un des gardes qui s'était approché, tenant un homme enchaîné. C'était l'un des anciens amis de Redan, un guerrier respecté autrefois. Il avait toujours cru en la force du clan, en la loyauté indéfectible qui unissait les membres sous le commandement du véritable alpha. Mais ce rêve était mort, étouffé par Kieran. L'homme tremblait de peur, ses yeux égarés cherchant une échappatoire, mais il savait qu'il n'y en avait pas.
« Apportez-le ici », ordonna Kieran d'une voix calme. Le garde s'avança et poussa l'homme en avant, l'amenant devant les anciens qui assistaient à la scène, impuissants. Les chaînes cliquetèrent dans le silence, comme un avertissement.
« Cet homme », dit Kieran en s'approchant, « pensait qu'il pouvait défier ma volonté. Il pensait qu'il pourrait garder sa place parmi vous. Mais il a été trop faible pour s'adapter. Trop faible pour accepter la vérité. Il va payer pour cela. »
Il leva la main, et un éclair de magie jaillit de ses doigts. La décharge parcourut le corps de l'homme, le faisant tomber à genoux, haletant de douleur. Les anciens détournèrent le regard, incapables de supporter la scène. Ils étaient témoins d'une transformation, celle d'un jeune alpha qui était devenu un tyran impitoyable, usurpant tout ce que Redan avait bâti.
Kieran se tourna alors vers eux. « Vous voyez ce qu'il en coûte de douter de moi. Vous voyez ce que signifie résister. Maintenant, vous allez me donner votre obéissance, ou vous serez traités de la même façon. »
Un silence glacial suivit ses paroles. Les anciens étaient pris dans un étau. Ils savaient qu'ils n'avaient plus d'issue, plus de chance de contester. Kieran avait bien compris le jeu : jouer sur la peur, sur l'humiliation, jusqu'à ce que les derniers vestiges de loyauté se volatilisent, laissant place à la soumission totale.
Le vieux Morten fit un dernier effort, son regard rempli d'un mélange de désespoir et de défi. « Redan reviendra. Il reviendra et il te renversera. »
Kieran se pencha légèrement en avant, un sourire cruel jouant sur ses lèvres. « Redan n'est plus. Il est parti, et il n'y a plus de place pour lui ici. Ce clan est à moi maintenant. Et il le restera. Que vous l'acceptiez ou non. »
Les chaînes de l'homme au sol claquèrent de nouveau, et Kieran donna un dernier coup de pied dans son côté, l'achevant dans un silence total.
Un murmure d'effroi parcourut les rangs des anciens. Mais personne ne bougea, personne ne s'opposa. Le règne de Kieran venait de commencer, et il était bien plus sombre que tout ce que Redan aurait pu imaginer.
Quand Kieran tourna le dos, les anciens restèrent figés, immobiles, leurs regards baissés sur leurs mains tremblantes. Chaque souffle, chaque regard, portait le poids de ce qui avait été perdu. Mais plus encore, il portait la peur de ce qui allait arriver.
Ils savaient que dans ce nouveau clan, il n'y avait plus de place pour la loyauté. Seulement pour la peur.
Le silence pesait sur la salle du conseil, lourd comme une promesse de souffrance. Kieran, installé sur son trône, scrutait les visages des anciens, ceux qui avaient eu la malchance de survivre à sa purge. Mais ce n'était pas eux qu'il attendait. Il avait convoqué un homme pour une dernière « consultation », une figure vieillissante mais encore respectée parmi les membres du clan : l'ancien devin.
Le vieux sage entra enfin, son visage ridé et marqué par les années de visions occultes. Il s'avança lentement, la démarche hésitante d'un homme qui ne craignait pas la mort, mais qui en comprenait l'inévitabilité. Ses yeux, perçants malgré l'âge, se fixèrent sur Kieran.
« Tu sais pourquoi tu m'as appelé, n'est-ce pas ? » Sa voix était rauque, mais ferme, comme si chaque mot avait un poids.
Kieran l'observa, ses mains fermement posées sur les accoudoirs du trône, un air de défi sur le visage. « Parle, devin. Prédits-moi l'avenir, et que ce soit digne de mon rang. »
L'ancien ferma les yeux un instant, comme s'il écoutait des voix qu'aucun autre ne pouvait entendre. Le murmure de ses lèvres se fit plus fort, plus précis, alors qu'il murmurait des mots que même Kieran peinait à comprendre.
« Un loup revenu de la mort... Il détruira ton empire, Kieran. Il brisera le trône de ton règne et renversera le vent de ta domination. » Le devin rouvrit les yeux, et ses pupilles brillaient d'une lumière étrange. « Tu t'es cru invincible, mais l'obscurité que tu as éveillée te dévorera. Un loup te poursuivra, et tu ne pourras l'arrêter. »
Kieran grimaça, un éclat de colère traversant son regard. « Des prophéties et des contes. Je ne crains pas ces fables. »
Mais l'ancien secoua lentement la tête, sa voix grave s'élevant dans la pièce. « Le loup n'est pas une fable, jeune alpha. Il est la fin de ton règne. »