Chapitre 4 Chapitre 4 : La Danse des Ombres

Les jours se succédaient dans une cadence de plus en plus lourde et inexorable. Lucian se sentait comme un instrument sur lequel quelqu'un jouait, son destin suspendu à un fil trop fragile pour être réellement contrôlé. Le mariage approchait, et avec lui, le poids des attentes - non seulement de son père et des siens, mais aussi de Seraphina, qui, bien qu'elle fût aussi la fiancée imposée, semblait chaque jour plus complexe à comprendre.

Il la croisait à plusieurs reprises dans les couloirs du château, et chaque rencontre semblait être un jeu de regards furtifs et de silences. Seraphina était une énigme. Elle était belle, mystérieuse, et pourtant, elle était une créature aussi imprévisible que la nuit elle-même.

Ce soir-là, après une longue journée de préparation pour l'imminente cérémonie, Lucian se dirigea vers la grande salle où une réunion de la haute société se tenait. C'était une occasion pour les différentes factions de se montrer unies, de poser les bases de ce qui serait un mariage de sang et de pouvoir. Mais Lucian savait que sous les sourires diplomatiques et les discussions de façade, des tensions palpables se cachaient.

Il entra dans la salle, ses pas résonnant sur le sol de marbre, et s'arrêta un instant pour observer. La salle était bondée de membres influents des deux peuples - des loups-garous et des vampires, chacun portant des robes et des costumes raffinés qui dissimulaient la véritable guerre qui se jouait sous la surface.

À l'autre bout de la salle, il aperçut Seraphina. Elle était magnifique dans une robe de soie rouge sombre, ses cheveux noirs tombant en vagues fluides sur ses épaules. Ses yeux argentés brillaient d'une lueur étrange, comme si elle voyait à travers les masques de ceux qui l'entouraient.

Lucian sentit son cœur accélérer, bien qu'il essaie de ne pas y prêter attention. Il se dirigea vers elle, déterminé à trouver une réponse à l'ambiguïté qui grandissait entre eux.

"Seraphina," dit-il lorsqu'il arriva à sa hauteur.

Elle tourna la tête lentement, ses yeux croisant les siens. Un sourire subtil se dessina sur ses lèvres, mais il était difficile de dire s'il était sincère ou calculé. "Lucian," répondit-elle calmement, sa voix presque hypnotique. "Je ne pensais pas que tu viendrais ici ce soir."

"Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ?" répliqua-t-il, un sourire ironique aux lèvres. "Nous devons tous faire bonne figure."

Elle l'observa un instant, une lueur d'amusement dans ses yeux. "Oui, c'est la règle du jeu, n'est-ce pas ? Faire semblant jusqu'à ce que la vérité éclate."

"Et que penses-tu de cette vérité ?" demanda Lucian, se penchant légèrement vers elle.

Elle haussait les épaules, un geste presque imperceptible, mais qui en disait long. "La vérité ? Elle nous engloutira tous, tôt ou tard. Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse ce soir. Ce soir, il s'agit de ce que nous montrons aux autres."

Lucian s'arrêta, pensif. "Tu as raison. Mais n'as-tu jamais eu envie de savoir ce qui se cache derrière ces apparences ?"

Seraphina le fixa intensément, un regard brûlant. "Et toi, Lucian ? N'as-tu pas envie de découvrir ce qui se cache sous ta propre peau ?"

Les mots résonnèrent en lui, provoquant un frisson étrange. Lucian se redressa, soudainement perturbé. Seraphina n'était pas simplement une fiancée. Elle était un défi, une tentation qu'il n'avait pas anticipée. Et pourtant, il se sentait irrésistiblement attiré par elle.

"Je crois que je ne suis pas prêt à répondre à cette question," dit-il d'un ton plus grave. "Pas encore."

Seraphina lui lança un regard amusé avant de s'éloigner, ses talons frappant le sol avec une précision calculée. Lucian la regarda s'éloigner, un sentiment d'urgence montant en lui. Il était impossible de nier l'attirance qu'il ressentait pour elle. Mais ce n'était pas juste cela. Il y avait un mystère autour de Seraphina, une part d'elle qu'il n'arrivait pas à saisir. Et cela le poussait à se rapprocher d'elle encore plus, même si cela signifiait se perdre.

La soirée se poursuivit dans une atmosphère de fausse convivialité. Les discussions tournaient autour des alliances politiques, des promesses d'un avenir pacifique, mais Lucian ne pouvait détacher son esprit de la vision de Seraphina, de ses mots, de ses gestes calculés.

Quand la soirée toucha à sa fin, Lucian se retrouva à errer dans les couloirs du château, perdu dans ses pensées. Il savait que la paix était fragile, que tout ce qu'ils faisaient, chaque décision qu'ils prenaient, les rapprochait inexorablement de la guerre ou de la paix. Le mariage n'était qu'un symbole, mais c'était aussi un test. Et lui, Lucian, n'était pas sûr de pouvoir le réussir.

Alors qu'il s'apprêtait à regagner ses appartements, il aperçut une silhouette familière au bout du couloir. C'était Seraphina, seule, son regard fixé sur lui. Elle n'avait pas l'air aussi distante qu'avant.

"Lucian," dit-elle d'une voix basse, presque chuchotée. "Je crois que nous avons tous les deux des secrets à cacher, et je ne suis pas sûre que le mariage soit le seul moyen de les garder."

Lucian s'arrêta, son regard plongeant dans le sien. "Qu'entends-tu par là ?"

Elle s'approcha de lui, un sourire à la fois séducteur et menaçant sur les lèvres. "Il y a plus dans ce mariage que tu ne le penses. Et je ne parle pas seulement de la paix. Il y a des choses que l'on cache... même à soi-même."

Un frisson glacé parcourut l'échine de Lucian. "Tu me fais peur, Seraphina."

Elle s'approcha encore plus près, jusqu'à ce que leurs corps soient presque en contact. "Parfois, Lucian, il faut avoir peur pour comprendre ce qui est vraiment en jeu."

Et avant qu'il ne puisse répondre, elle tourna les talons et disparut dans l'ombre du couloir, laissant Lucian dans un tourbillon d'incertitude et de désir.

Il se rendit compte que ce mariage était plus qu'un simple acte politique. C'était un piège, un jeu dangereux, et au centre de ce jeu se trouvait Seraphina. Une vampire, son ennemie, sa fiancée, et peut-être plus encore.