Chapitre 3 Chapitre 3 : La Nuit des Secrets

Lucian n'arrivait pas à dormir. Il se trouvait dans ses appartements, seul, allongé sur un lit imposant recouvert de draps en soie noire, le regard fixé sur le plafond. À travers la fenêtre ouverte, la brise nocturne apportait avec elle un parfum frais, mais tout semblait étouffé par l'atmosphère lourde qui pesait sur son âme.

Le mariage approchait à grands pas, et avec lui, la promesse d'un avenir incertain. Chaque pensée le ramenait à Seraphina, cette femme qu'il devait épouser par obligation, mais avec qui il se sentait inexplicablement lié. Un lien qu'il n'avait pas choisi, mais qui semblait s'étirer, grandir, même dans ses moments de solitude. L'idée qu'il pourrait un jour l'aimer, ou qu'elle pourrait l'aimer en retour, l'effrayait autant qu'elle l'attirait.

Soudain, une ombre se dessina dans l'entrée de la pièce. Lucian tourna la tête, ses yeux se plissant dans l'obscurité. Un simple mouvement, mais il reconnaissait la silhouette qui se dessinait.

"Tu n'as pas l'air en forme, mon fils", dit la voix grave et autoritaire de son père, Marcus Virel.

Lucian se redressa dans le lit, les draps se repliant autour de lui. "Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe, père. Ce mariage, tout ceci... ce n'est pas ce que je pensais. Comment ai-je pu en arriver là ?"

Marcus entra dans la pièce, ses pas lourds résonnant contre le sol en bois. Ses yeux, d'un bleu froid et perçant, fixèrent son fils avec une intensité que Lucian n'avait jamais vue auparavant.

"Tu crois que je n'ai pas eu les mêmes pensées, il y a des années ?" dit Marcus en s'asseyant sur un fauteuil près du lit. "Ce mariage n'a pas été choisi par nous, mais il est la seule chance de maintenir la paix entre nos peuples. Nous avons traversé des siècles de guerres, et aujourd'hui, tout repose sur toi et Seraphina. C'est une responsabilité que tu ne peux pas ignorer."

Lucian se leva, s'approchant de la fenêtre, son regard perdu dans la nuit. "Et toi, père ? Est-ce que tu as sacrifié tes désirs pour la paix ?"

Marcus laissa échapper un rire amer. "Le sacrifice est au cœur de chaque guerre. Crois-moi, il n'y a pas de place pour les désirs personnels dans tout cela. Tu feras ce que tu dois faire. Parce que c'est ce que ton peuple attend."

Lucian se tourna vers son père. "Et si je ne pouvais pas le faire ? Si je me laissais emporter par ce que je ressens ?"

"Ce n'est pas une option", répondit Marcus fermement. "Les sentiments n'ont aucune place dans cette guerre. Une fois cette union scellée, tout changera. Vous devrez régner ensemble. Il n'y a pas de place pour les faiblesses."

Le silence qui suivit était lourd. Lucian se rendit compte qu'il n'obtiendrait pas de réponse de la part de son père. Ce qu'il ressentait, ses hésitations, étaient étrangers à lui. Il avait été élevé pour être un leader, pour mettre les besoins du peuple avant les siens.

Marcus se leva finalement, posant une main ferme sur l'épaule de son fils. "Rappelle-toi, Lucian. Parfois, il faut sacrifier ce que l'on veut pour ce que l'on doit faire."

Lucian resta là, seul, alors que son père quittait la pièce. Les mots résonnaient dans son esprit, se battant contre ses émotions tumultueuses. Ce mariage était devenu bien plus qu'une simple union politique. C'était une décision qui façonnerait son avenir et celui de tous ceux qu'il aimait. Et il n'y avait aucune issue.

Les jours suivants furent marqués par une série de préparatifs frénétiques. Les loups-garous et les vampires avaient un intérêt commun : la guerre était une menace constante, et ils devaient garantir que cette union se passerait bien. Seraphina et Lucian se croisèrent à plusieurs reprises lors de réunions et d'événements, mais chaque rencontre semblait rendre la situation encore plus compliquée.

Un soir, alors qu'il faisait une promenade solitaire dans les jardins du château, Lucian aperçut Seraphina au loin. Elle se tenait près d'un vieux puits, son regard perdu dans la nuit. Il s'approcha silencieusement, ses pas ne faisant aucun bruit sur les pavés.

"Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Seraphina", dit-il finalement, brisant le silence.

Elle tourna lentement la tête vers lui, ses yeux argentés reflétant la lueur de la lune. Un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres. "Je pourrais te dire la même chose. Tu sembles plus tendu qu'une corde de violon, Lucian."

Lucian s'avança, se tenant à quelques pas d'elle. "Pourquoi ne pas en parler ? Tout cela... ce mariage, ce pacte, cette guerre. C'est un fardeau que je ne suis pas sûr de pouvoir supporter."

Seraphina se tourna légèrement vers lui, son regard perçant et froid. "Ce n'est pas le moment pour les faiblesses. Nous n'avons pas le luxe de discuter de ce que nous ressentons. Ce mariage n'est qu'une formalité. Ce qui compte, c'est la survie."

Lucian sentit une pointe de frustration l'envahir. "Et toi, tu es vraiment d'accord avec tout ça ? Que ton peuple et le mien soient condamnés à vivre dans cette guerre incessante, juste pour quelques décennies de paix fragile ?"

Elle le fixa un moment, puis secoua lentement la tête. "Je ne suis pas d'accord avec tout ça, Lucian. Mais je n'ai pas le choix. Ni toi, ni moi. Nous sommes liés, d'une manière ou d'une autre."

"Alors, nous sommes condamnés à vivre ensemble dans cette cage dorée ?" demanda Lucian, un léger sourire amer sur les lèvres.

"Peut-être", répondit-elle avec un éclat de défi dans la voix. "Mais peut-être que cette cage... pourrait être plus complexe que tu ne le penses."

Lucian la fixa intensément, essayant de lire entre les lignes. Il y avait quelque chose dans sa voix, dans sa posture, qui suggérait que tout ce qu'il pensait savoir était faux. Peut-être que cette union n'était pas une simple transaction. Peut-être qu'il y avait plus à découvrir.

Il fit un pas en avant, et sans qu'il le veuille, leurs visages se rapprochèrent. Leurs souffles se mêlèrent dans l'air frais de la nuit. Et, dans ce silence suspendu, Lucian sentit une attirance qu'il n'avait jamais connue.

Seraphina sembla hésiter un instant, mais elle se redressa brusquement, brisant le moment. "Ce n'est pas le moment, Lucian", dit-elle froidement. "Nous avons un rôle à jouer."

Elle s'éloigna rapidement, disparaissant dans l'obscurité.

Lucian resta là, seul, un frisson glacé parcourant son échine. Le jeu de pouvoir, la tension, et la folie de cette union l'avaient plongé dans un tourbillon qu'il ne pouvait plus contrôler. Et quelque part au fond de lui, il savait que cette histoire ne serait jamais aussi simple qu'il l'avait imaginée.

            
            

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