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Mirabel
l'environnement, tandis qu'il s'aspergeait de ce parfum capiteux hors de prix qui, sans doute, devait modifier mon ADN au point de jouir rien qu'à le respirer. Ethan avait l'intention de démanteler des exploitations agricoles, tandis que moi, je me battais pour maintenir ce patrimoine.
Grr...
Je me morigénais d'avoir constamment envie de coucher avec lui. Ses textos incessants ne faisaient qu'attiser mon désir. Malgré la joie que je ressentais à ses côtés, j'avais décrété que nous étions trop différents, tous les deux. Que le sexe soit génial n'y changeait rien, ça ne marcherait jamais entre nous.
Autant arrêter les frais tout de suite avant d'y laisser mon cœur.
J'aurais pu prendre la voiture jusqu'à Londres, mais par souci
d'économie, j'avais opté pour le train. Me frayant un chemin à travers la foule, je traînai ma valise dans mon sillage jusqu'à la gare de Dalston.
La cacophonie de klaxons, de cris intempestifs et de bruits citadins interrompit brutalement le film érotique qui se jouait dans ma tête. Je revoyais le regard ténébreux d'Ethan alors qu'il me pénétrait avec vigueur. J'étais sûre d'y avoir aperçu une pointe de vulnérabilité.
Ethan était à fleur de peau ce soir-là, chose naturelle étant donné le récent décès de son père. Mais son regard inflexible me paraissait sonder mon âme. Je repoussai ces pensées en me rappelant qu'Ethan était un briseur de cœurs inné.
Après la langueur de Bridesmere, il me fallait toujours un moment pour me réhabituer à la vie citadine. De bien des manières, j'étais encore cette fille de campagne qui aimait se promener en forêt ou se laisser bercer par le ressac des vagues.
Néanmoins, la grande ville était incontournable pour une
musicienne, tout comme la mer l'était pour les pêcheurs. Et si je n'avais pas été aussi distraite par un certain milliardaire, j'aurais sauté de joie :
un concert au très en vogue Green Room ne se refusait pas.
A Londres, je séjournais toujours chez ma cousine Sheridan, dans son appartement d'East London. Elle avait deux ans de plus que moi et était assistante sociale.
À mon arrivée, je la trouvai les yeux cernés et encore en pyjama, en train de siroter du thé sur son canapé.
- Salut Sherry! On dirait que la nuit a été mouvementée...
Je posai ma guitare sur le sol. Elle s'étira et bâilla :
- Tu ne crois pas si bien dire ! De grosses responsabilités au boulot...
- Et Bret, il est où ? me renseignai-je en ne voyant pas son petit copain.
- Oh, il est parti à un de ses week-ends de retour à la masculinité primitive...
Je laissai échapper un petit rire.
- Laisse-moi deviner : un groupe d'hommes qui frappent leurs torses et chassent le sanglier ?
Sherry se leva du canapé et reposa son livre.
- Plutôt une grosse beuverie. Je vais te faire du thé. Tu as l'air d'en avoir bien besoin.
- Oh oui, s'il te plaît !
Je la suivis dans sa kitchenette encombrée, qui n'était en fait qu'une extension séparée du salon par une table en contreplaqué.
Sheridan était un peu désordonnée, comme moi. C'était pour ça que notre cohabitation fonctionnait.
On
se ressemblait même
physiquement, toutes les deux : elle avait la même chevelure rousse épaisse, les mêmes taches de rousseur et le même regard vert que moi.
- Alors comme ça, tu as réussi à obtenir un concert au Green Room, félicita-t-elle avant d'émettre un sifflement. Ça promet !
Les nœuds dans mon ventre se chargèrent de me rappeler qu'il fallait que je pratique. D'autant plus si je voulais égaler les artistes qui s'étaient produits dans ce lieu branché.
Elle fit la moue :
- Alors pourquoi tu fais cette tête-là ? Tu es stressée ?
- Non. J'ai juste eu une semaine bien remplie à la maison.
Elle versa l'eau chaude dans un mug, où je remuai mon sachet de thé pour le faire infuser.
Nous nous installâmes sur le canapé, avec nos boissons chaudes et nos biscuits. Derrière la fenêtre, un cortège de gens branchés défilait, vêtus de couleurs dépareillées et de vêtements trop grands et usés - un look clodo chic, comme je l'appelais. L'appartement était en bora de rue, donc on entendait la plupart des bruits de la ville, ce qui perturbait le sommeil les week-ends. Quand les pubs fermaient, les gens se déversaient bruyamment dans les rues, chantant, hurlant ou se battant sur fond de sirènes de police.
Sheridan se tourna vers moi :
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Ethan Lovechilde, voilà quoi.
Quand nous étions enfants, Sheridan passait chaque été dans notre ferme. Ado, elle se transformait en une idiote qui gloussait à chaque fois que nous croisions ces grands gaillards de Lovechilde, comme si leur fratrie formait un boys band sexy. Sa mâchoire se décrocha et elle poursuivit :
- Tu as enfin couché avec ce canon qui te faisait de l'œil ?
Je levai les yeux au ciel. Comment en était-elle arrivée à une telle conclusion ? Mon béguin coupable pour Ethan était-il si évident ?
J'étais censée le détester.
Je grinçai des dents :
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Parce vous vous êtes embrassés à seize ans, tu te souviens ?
Comment aurais-je pu oublier ? Et maintenant, je pouvais y ajouter les souvenirs de ces lèvres charnues qui me ravissaient la raison, mes seins et le reste de mon corps.
Je soupirai :
- Le père d'Ethan est mort. Il est venu au Mariner pour pleurer sur mon épaule.
- Oh, c'est terrible ! Son père avait l'air d'être un homme bien.
Puis elle ajouta avec une sorte de sourire triste :
- Alors tu lui as laissé ton épaule pour pleurer et le reste de ton corps pour baiser ?
Cette version résumée me fit grimacer : elle me décrivait comme une de ces femmes qui cherchaient à materner les hommes dans le besoin.
J'avalai une autre gorgée de thé.
- Je ne l'avais jamais vu dans un tel état, à vrai dire. Le Casanova superficiel avait disparu. Au lieu de ça, il était très terre à terre. Il a même reconnu Nick Drake, c'est dire !
Sheridan fronça les sourcils.
- Mouais... Alors tu prétends que tu l'as sauté parce qu'il aime Nick Drake ? Ou parce qu'il était triste ? Ou parce qu'il est à tomber, comme mec ?
Sa voix était montée en puissance à mesure qu'elle s'approchait de la cruelle évidence.
- On était juste censés dormir dans le même lui, pour qu'il ne passe pas la nuit seul, mais...
Un peu honteuse, je ne pus retenir un petit sourire coquin.
- Mais vous avez passé la nuit à assouvir tous vos fantasmes.
J'écartais les mains.
- C'est arrivé, un point c'est tout. En vérité, je ne me rappelle même pas qui a initié le premier geste.
Un énorme sourire m'étira les joues au souvenir d'Ethan lové contre mon dos à me câliner.
- À t'entendre, on dirait que vous avez joué aux échecs. Il était si nul que ça au pieu, ou quoi ?
Je secouai la tête de gauche à droite et de droite à gauche, comme ces clowns au large sourire dans les fêtes foraines.
- Tout le contraire : c'était le coup du siècle. Sous tous les aspects.
- Oh, il t'a fait jouir ?
Le visage de Sheridan s'illumina d'excitation, comme si elle venait de connaître l'orgasme elle aussi.
- Eh oui ! Et je n'avais...
Une bouffée de chaleur rosit mes joues. Soudain, je trouvais le sujet fort embarrassant.
- Je n'avais jamais réussi à atteindre l'orgasme lors de la pénétration.
Sheridan me dévisagea comme si je venais de lui avouer que j'empaillais des rats à mes heures perdues.
- Oui, je sais, je ne suis pas normale, comme fille !
- Pas du tout, me rassura-t-elle. Les bites ne m'ont jamais fait jouir.
Ce fut à mon tour de la regarder bizarrement.
- Ah bon ?
- Tu sais, c'est une question de clitoris.
Je repensai à la langue d'Ethan, et comme il avait exigé que je lui chevauchasse le visage, une fois que notre attraction animale mutuelle avait piétiné les formalités. C'était le lendemain matin.
- Je me suis assise sur son visage, admis-je en me tortillant.
La mâchoire de Sheridan se décrocha, puis elle se leva, non sans m'offrir un grand sourire.
- Où tu vas ?
J'avais besoin qu'elle reste auprès de moi, et qu'on en discute, surtout après lui avoir parlé de cette nuit et cette matinée qui faisaient encore danser mes ovaires enragés dans une fête non-stop trop arrosée.
- Chercher du vin.
Je jetai un œil à la pendule au-dessus de la cheminée.
- Mais il n'est que treize heures trente.
- Tu n'es pas obligée d'en prendre, mais moi, j'en ai besoin. Pour me remettre de mes émotions.
Elle se réinstalla sur le canapé, un verre de vin rouge dans les mains.
- D'accord. Donc tu t'es assise sur son visage. Oh mon dieu, c'est extra ! Je suis jalouse.
- Vraiment ?
Évidemment, qu'elle devait l'être !
- Bret ne veut même pas me faire de cunni. J'ai recours à un putain de sextoy !
Elle grimaça, puis reprit :
- Enfin, assez parlé de ma vie sexuelle sans intérêt. Raconte-moi tout
! Tu t'es assise sur son visage et il t'a fait jouir avec sa langue ?
Une soudaine bouffée de chaleur me fit revivre ce moment où j'avais failli mordre la tête de lit. Je me demandais ce qu'étaient devenues les griffures que j'avais laissées sur les épaules et les bras musclés d'Ethan.
Sans oublier mes traces de dents au creux de son cou.
- Un orgasme parmi d'autres, avouai-je timidement.
Après que Sheridan m'ait confié la tristesse des cinq dernières années de sa vie sexuelle avec son compagnon, je n'allais pas fanfaronner au sujet de cette nuit torride qui méritait son propre album photo à elle toute seule. Ces souvenirs, je les chérirai à jamais. Enfin, si j'arrivais à surmonter le besoin irrépressible de revoir Ethan.
Il est déterminé à faire construire cet affreux spa, tu te souviens ?
Mais il a promis d'annuler le projet.
Et voilà que ça se chamaillait à nouveau dans ma tête.
Mon côté démoniaque voulait faire flamber ma carte de crédit en achetant une robe chère, moulante et qui hurlait « femme en rut » pour le séduire ; tandis que mon côté angélique exigeait que je manifeste avec un panneau dépeignant un Ethan cornu avec une fourche.
- Tu en as, de la chance! Pitié, ne me dis pas que tu as joui avec sa bite aussi ?
Putain que oui !
Je hochai timidement la tête malgré mon immense sourire.
- Je n'avais jamais rien ressenti de tel. J'avais déjà lu des articles sur les orgasmes multiples, mais je n'y croyais pas.
- Ouais, aussi mythique que le point G.
Elle me regarda et nous fûmes prises d'un fou rire.
- Ne me dis pas qu'il l'a aussi trouvé ?
- Oh que si, je confirme que ça existe ! J'ai eu mon lot de mecs, mais personne qui ne rivalisait avec lui au pieu.
Les yeux de Sheridan s'écarquillèrent, comme si elle vivait sa vie sexuelle par procuration.
- Il était bien monté ?
Je rougis en sentant mes joues se tendre dans un autre sourire.
- Genre, comment ? murmura-t-elle.
Je représentai la taille du fameux membre à l'aide de mes mains.
- Bordel, elle est énorme, cette bite, commenta Sheridan en appréciant l'écart entre mes mains. Bien large aussi ?
- Ouaip. Ça m'a fait un peu mal au début, mais après...
J'aurais presque pu jouir là, rien qu'en contractant les muscles de mon périnée. Je m'étais déjà masturbée plus qu'à l'habitude en me remémorant Ethan qui tenait son membre durci, veiné et tendu avant de me pénétrer.
- Oh la vache, ce que j'ai chaud tout d'un coup !
Sheridan but une bonne gorgée de vin puis me demanda :
- Mais alors, qu'est-ce que tu fous ici ? Tu devrais plutôt être avec lui, à baiser comme des lapins.
Je soupirai.
- C'est que maintenant, je le hais.
Mon amie grimaça sous le choc.
- Comment tu peux hair un type qui est un véritable dieu de la baise ? Tu sais comme ces hommes sont des perles rares ? Profites-en ! Perso, je le laisserais me sauter même s'il avouait avoir tué ma mère.
Mon visage se décomposa de dégoût.
- Oh, Sherry, c'est ignoble !
- C'est du second degré, abrutie ! Tu sais que j'aime l'humour noir.
Alors, pourquoi c'est ton ennemi, maintenant ?
- Il est promoteur immobilier. Un de ces connards plein aux as qui se croient tout permis.
Je poussai un long soupir de frustration contre moi-même et mon conflit intérieur, puis expliquai:
- Ma haine a juste pris une pause d'une nuit.
Mon amie fronça les sourcils.
- T'es pas bien dans ta tête.
Soudain, une étincelle traversa ses yeux :
- Mais en fait, la tension augmente le plaisir... Peut-être c'est ce qui nous manque, à Bret et moi ? Il est si accommodant... Même quand j'ai du boulot en retard et que je trouve un couteau plein de beurre qui traîne et que je pique une crise, il fait tout pour me calmer.
Je fis une moue, sans pouvoir retenir un gloussement.
-- Est-ce qu'Ethan a essayé de t'appeler ?
textos qu'il m'avait envoyés. Je n'avais rien effacé. Pire, je les avais même relus plusieurs fois pour me convaincre que je n'avais pas rêvé cette nuit-la.
- À plusieurs reprises. On s'est parlés un peu, à l'enterrement de son père. Mais c'est là que je l'ai entendu parler de ce projet de spa, qui détruirait notre vieille ferme.
Le front de Sheridan se plissa.
- Et alors ? Le terrain appartient à sa famille.
L'attitude blasée de ma cousine, similaire à celle de nombre de gens, me mit en rage :
- T'es sérieuse ? Il faut bien que les agriculteurs vivent !
- Bel. T'es folle ? Et c'est pour ça que tu le hais ?
Je me rongeai un ongle. Il y avait plus.
- On ne fait pas partie de même camp.
Je restai vague, tant pour elle que pour moi.
- Pardonne-lui. Baisez furieusement. Et utilise le cul pour l'amadouer. Pour le faire changer d'avis.
De loin, c'était la meilleure idée que j'avais entendue de la journée.
Mon corps approuvait. Ma conscience, dans son entêtement, rechignait.
- Ça m'a fait du bien, d'en parler avec toi. Merci, lançai-je en me levant. Je dois y aller, j'ai la sono à vérifier. Ce serait peut-être bien que je prenne une douche, aussi.
Sheridan me suivit.
- Pareil pour moi, il faut que je m'habille pour affronter la journée :
e vais chez ma mère pour le th
- Tu viendras me voir ce soir
- Certes, mais les gars bien ne sont pas les plus excitants sous la e ne trouvai rien à y redire. J'avais rencontré tant de mecs bien qu aurais pu inaugurer une congrégation de types prêts à s'émascule pour une bonne cause.