Elle se leva lentement, les pieds nus frôlant le sol froid et poli. La chambre était immense, décorée de meubles anciens aux détails dorés et aux bois précieux, des tapis orientaux recouvrant le sol. L'odeur de la cire et des roses fanées flottait dans l'air. Tout ici avait été pensé pour l'impressionner, pour l'envoûter, pour la faire sentir qu'elle était une princesse. Mais Élena savait que c'était là tout le piège, une cage dorée.
Elle se dirigea vers la fenêtre, mais lorsqu'elle souleva les rideaux, une barre de fer en bloquait la vue. L'extérieur était invisible, comme si ce manoir avait été coupé du reste du monde. Il n'y avait ni jardin, ni rue. Juste des murs, denses et opaques. Il n'y avait nulle part où aller.
Un bruit de pas retentit dans le couloir. Élena se figea. Une silhouette féminine, vêtue d'une robe de chambre élégante, apparut dans l'embrasure de la porte. L'inconnue la regarda avec un regard froid, presque mesquin.
« Alors, c'est ici que tu es destinée à vivre, » dit la femme d'une voix froide, sans accueil. Elle n'avait pas l'air particulièrement amicale, mais ses yeux avaient un éclat que Élena ne parvint pas à comprendre. « Je m'appelle Katarina. »
Élena la scruta. La femme semblait avoir une autorité naturelle, un air d'élégance glacée. Ses cheveux étaient coiffés en une haute chignon parfait, et son regard, perçant et assuré, ne trahissait aucune émotion. Une maîtresse en apparence, mais la maîtresse d'Aleksandr. Un frisson parcourut le dos d'Élena à l'idée de ce lien.
« Tu es la... maîtresse d'Aleksandr ? » demanda Élena, son ton hésitant, la colère se mêlant à une lueur de défi. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle espérait obtenir de cette confrontation.
Katarina la regarda de haut, un sourire mince et cruel se dessinant sur ses lèvres. « Oui, c'est moi, » répondit-elle tranquillement. « Et toi ? Je suppose qu'Aleksandr t'a dit pourquoi tu es ici. »
Élena baissa les yeux, la honte brûlant sa gorge. « Oui, » dit-elle d'une voix qui se voulait calme. « Mais je ne vois pas pourquoi vous devez... m'imposer cela. »
Katarina haussait les épaules, comme si elle ne se souciait guère des plaintes d'Élena. « Pourquoi ? Parce que c'est ainsi que fonctionne ce monde, chérie. Nous avons tous un rôle à jouer. » Elle fit une pause, la froideur de ses mots pesant sur l'air. « Et tu es là parce qu'Aleksandr en a décidé ainsi. »
Élena se leva d'un coup, trop agacée pour rester calme. « Il ne peut pas me contrôler comme ça ! » hurla-t-elle, sa voix brisée par l'émotion.
Katarina ne se départit pas de son sourire froid. « Tu as tort, » dit-elle d'un ton presque amusé. « Il a déjà commencé à te contrôler. Regarde-toi, tu es déjà sous son emprise, et tu ne vois même pas comment. Il a ce pouvoir, Élena. C'est lui qui commande ici. C'est lui qui mène le jeu. »
La froideur dans sa voix fit se tordre le ventre d'Élena. Elle n'avait aucune envie de se soumettre, mais elle savait que ses options étaient limitées. Elle serra les poings, essayant de contenir la colère qui grondait en elle.
Avant qu'elle ne puisse répondre, un bruit léger à la porte attira son attention. Elle tourna la tête pour voir une servante entrer, une jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux sombres, vêtue d'un uniforme simple et discret. Elle semblait être la plus ordinaire des servantes, mais son regard trahissait quelque chose de plus. Il y avait de la douceur dans ses gestes, mais aussi une certaine résolution.
« Excusez-moi, » dit la servante d'une voix calme, « je suis Ivana. Je viens vous apporter des vêtements frais. »
Katarina la regarda un instant, ses yeux se durcissant légèrement. « Laisse-les ici et va faire ton travail ailleurs, » ordonna-t-elle, un ton autoritaire dans la voix.
Ivana s'inclina respectueusement, sans répondre, puis se tourna vers Élena. Un léger sourire fugace apparut sur ses lèvres, un sourire qui semblait dire quelque chose que Katarina ne pouvait pas voir. Élena, bien qu'étonnée, se força à ne rien laisser paraître.
« Merci, Ivana, » dit-elle simplement, alors que la servante déposa les vêtements sur la chaise près du lit.
Ivana jeta un dernier regard furtif à Élena avant de se retirer sans un mot, disparaissant derrière la porte.
Katarina, qui avait observé cette interaction avec un air de dédain, se tourna vers Élena avec un regard glacial. « Tu crois vraiment qu'elle te veut du bien ? » dit-elle, le sourire qui accompagnait ses paroles dévoilant une certaine malveillance. « Rien n'est gratuit ici. Personne n'agit sans raison. »
Élena n'eut pas le temps de répondre. Ses pensées se trouvaient ailleurs. La mystérieuse Ivana semblait offrir quelque chose de différent, un peu de chaleur dans ce froid glacial. Mais elle ne pouvait pas encore lui faire confiance.
Alors que Katarina se dirigeait vers la porte, Élena se leva brusquement. « Je dois sortir de cet endroit, » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour sa « rivale » en costume de soie.
« Tu penses que tu peux échapper à Aleksandr ? » lança Katarina d'un ton de défi. « Tu te vois vraiment le battre ? Tu n'es qu'un pion, Élena. Juste un pion. »
Élena se tourna vers elle, le regard brûlant de défi. « Je ne suis pas son pion, Katarina. Et je ne vais pas me laisser briser par lui. »
Katarina éclata de rire, un rire sec et amusé. « Tu t'en rendras vite compte. Mais laisse-moi te dire une chose : tu n'es pas la première à avoir tenté de s'échapper. Et je ne crois pas que tu sois la dernière non plus. »
Un sentiment de frustration monta en elle, mais elle n'eut pas le temps de réagir. Katarina laissa échapper un dernier regard froid avant de quitter la pièce, laissant Élena seule dans cette cage dorée.
Élena se sentait piégée, mais dans son esprit, un plan commença à se former. Elle n'était pas prête à se résigner. Elle devait trouver un moyen de s'échapper. Peut-être qu'Ivana, cette mystérieuse servante, pourrait l'aider. Elle ne pouvait pas l'oublier, ce regard furtif, ce léger sourire. Quelque chose chez elle laissait entendre que, peut-être, elle n'était pas simplement une servante.
Elle attendit quelques heures, surveillant chaque mouvement, chaque bruit, jusqu'à ce que la nuit tombe. Ce fut alors que, dans le silence de la maison, elle entendit des voix étouffées au bout du couloir. Curieuse, elle s'approcha discrètement de la porte, son cœur battant plus fort à chaque pas. À travers le léger espace entre les portes, elle aperçut deux silhouettes, l'une familière, l'autre non.
C'était Aleksandr, sa voix grave et autoritaire, et un autre homme, plus âgé, au visage marqué par les années. « Les ennemis de l'intérieur sont de plus en plus audacieux, » entendit-elle Aleksandr dire. « Il faut agir vite, avant qu'ils ne prennent le dessus. »
Élena retint son souffle.