Le choix d'Alexandre
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Chapitre 3 03

Je sors de la salle de réunion sans me retourner, sentant encore son regard peser sur moi. Mon cœur bat trop vite, mon esprit tourne en boucle sur cet échange bref mais lourd de sens. Alexandre a toujours eu cet effet sur moi, cette capacité à faire ressurgir des émotions que j'aimerais étouffer.

Je regagne mon bureau et me plonge immédiatement dans le travail. C'est la seule solution. Me noyer dans les tâches, occuper mon esprit pour éviter de repenser à lui, à ce regard trop intense, à cette voix qui, malgré les années, n'a rien perdu de son emprise sur moi.

Mais la journée passe lentement. Trop lentement.

À midi, alors que je trie quelques dossiers, Maëva passe la tête dans l'encadrement de mon bureau.

- Pause déjeuner ?

Je hoche la tête avec soulagement.

Nous sortons du bâtiment et nous dirigeons vers un petit café à quelques rues de l'agence. L'endroit est chaleureux, avec une odeur enivrante de café fraîchement moulu et de viennoiseries. Une fois installées, Maëva me dévisage avec un sourire en coin.

- Alors, comment s'est passée ta première matinée ?

Je prends une gorgée de mon café avant de répondre prudemment.

- Intense. Beaucoup d'informations à assimiler.

Elle rit doucement.

- Tu t'en sortiras très bien, j'en suis sûre. Alexandre a l'air d'avoir confiance en toi.

Je relève brusquement la tête.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Il est exigeant, mais il t'a laissée gérer une bonne partie de la réunion. Ce n'est pas donné à tout le monde.

Je me contente d'un léger sourire, sans commenter. Si seulement elle savait à quel point notre histoire est bien plus compliquée qu'une simple relation professionnelle.

- Et sinon, tu le connaissais avant ? demande-t-elle soudainement, les yeux pétillants de curiosité.

Je manque de m'étrangler avec mon café.

- Quoi ?

- Je veux dire, tu n'avais pas l'air surprise en le voyant ce matin. Comme si... tu savais déjà que tu travaillerais avec lui.

Mon estomac se serre, mais je me force à rester impassible.

- Je connaissais son nom, comme tout le monde dans le milieu. Mais non, je ne savais pas qu'il dirigeait cette agence avant mon entretien.

Une demi-vérité.

Elle semble réfléchir un instant, puis hausse les épaules.

- En tout cas, prépare-toi. Alexandre Leroy est redoutable en affaires. Et il n'accorde pas sa confiance facilement.

Je le sais mieux que quiconque.

Le reste du déjeuner se déroule dans une ambiance plus légère, mais au fond de moi, une inquiétude grandit.

Si Maëva a perçu quelque chose, combien de temps avant que d'autres le fassent aussi ?

-

De retour à l'agence, je m'efforce de rester concentrée sur mes tâches. La campagne de sponsoring avance rapidement, et je dois organiser plusieurs réunions avec les partenaires. En fin d'après-midi, je finalise un dossier lorsque la porte du bureau d'Alexandre s'ouvre brusquement.

Je lève les yeux et tombe sur Théo, qui me lance un sourire en coin.

- Petite pause café ?

Je jette un coup d'œil à l'horloge.

- Pourquoi pas.

Nous traversons l'open space et rejoignons la cafétéria de l'agence. Théo est agréable, sociable, et je ressens immédiatement sa facilité à mettre les gens à l'aise.

- Alors, ça fait quoi de bosser sous les ordres du grand patron ? demande-t-il en sirotant son café.

- C'est... particulier, admis-je prudemment.

Il rit.

- T'inquiète, il n'est pas si terrifiant qu'il en a l'air. Il joue le type froid et intransigeant, mais au fond...

Il laisse sa phrase en suspens, son sourire malicieux laissant entendre qu'il en sait plus qu'il ne veut bien le dire.

- Au fond ? insisté-je.

- Disons que certaines personnes ont un effet particulier sur lui.

Je fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Théo me dévisage un instant avant de hausser les épaules.

- Rien, juste une observation.

Une tension s'installe.

A-t-il deviné quelque chose ?

Je n'ai pas le temps d'approfondir la question qu'une silhouette apparaît dans l'encadrement de la porte.

Alexandre.

Nos regards se croisent, et je sens immédiatement un changement d'atmosphère.

- Camille, j'ai besoin de toi dans mon bureau, maintenant.

Son ton est calme, mais il n'admet aucune discussion.

Théo me jette un regard surpris avant de hausser un sourcil amusé.

- À plus tard, Camille.

Je me lève et suis Alexandre sans un mot, mon cœur battant plus vite que je ne le voudrais.

Une fois dans son bureau, il referme la porte et se tourne vers moi, les bras croisés.

- Qu'est-ce que tu fais avec Théo ?

Je cligne des yeux, prise au dépourvu.

- Je prends un café, répondis-je, légèrement irritée.

- Avec lui ?

- Il y a un problème ?

Il serre la mâchoire, et je vois ses doigts se crisper sur le dossier de sa chaise.

- Fais attention à lui.

Je fronce les sourcils.

- Pourquoi ?

Il ne répond pas tout de suite. Il me scrute, cherchant peut-être à jauger ma réaction.

Puis, lentement, il lâche :

- Parce qu'il n'est pas aussi innocent qu'il en a l'air.

Je croise les bras, défiante.

- Et toi, tu l'es peut-être ?

Un silence.

Nos regards se défient, et une tension électrique s'installe entre nous.

Il finit par détourner les yeux, comme s'il réalisait que cette conversation ne mènera nulle part.

- Retourne travailler, lâche-t-il finalement d'un ton plus froid.

Je serre les dents, puis pivote sur mes talons et quitte la pièce sans un mot.

Mais alors que je regagne mon bureau, une question me hante.

Pourquoi Alexandre se soucie-t-il de mes fréquentations ?

Je m'assois à mon bureau, mon esprit en proie à un tourbillon de pensées. Alexandre n'a pas l'air d'avoir simplement une inquiétude professionnelle à propos de Théo. Il y a quelque chose de plus. Quelque chose de personnel.

Pourquoi se soucier de moi, après tout ce temps ? Pourquoi cette insistance, ce besoin étrange de tout contrôler, de me surveiller, comme s'il n'avait jamais complètement tourné la page lui aussi ?

Je n'ai pas de réponses. Rien, à part un vague malaise qui m'envahit chaque fois que je pense à lui. C'est étrange, presque déroutant. Peut-être qu'il se sent responsable de tout ce qui s'est passé entre nous, ou peut-être qu'il essaie de masquer ses propres sentiments, ceux qu'il refuse de montrer.

Je secoue la tête et me plonge dans mon travail, espérant que mes pensées s'éclairciront avec le temps. Mais la vérité, c'est que je me sens de plus en plus perdue.

-

Le reste de la journée se déroule sans encombre. Les heures défilent sans que je parvienne à me concentrer pleinement. Les regards d'Alexandre, sa froideur distante, me hantent à chaque instant. Ce n'est pas la première fois que je me sens aussi déstabilisée par sa présence, mais aujourd'hui, c'est comme si quelque chose avait changé.

À la fin de la journée, alors que je range mes affaires, je vois Alexandre quitter son bureau. Il passe devant moi sans un mot, comme si nous n'avions jamais partagé d'histoire, comme si nous n'avions jamais été autrefois des complices.

Je reste là, figée, à observer sa silhouette disparaître dans le couloir. Cette vision me ronge.

Il m'a laissée derrière, après tout. Le choix du hockey, la carrière qui l'a emporté loin de moi, loin de nous. Et moi, j'ai dû accepter. Mais aujourd'hui, je me demande si c'est encore possible de tout effacer, de tout oublier.

Les portes du bureau se referment derrière lui, et je suis seule à nouveau. Le vide me submerge, un vide que je pensais avoir comblé.

Mais visiblement, j'avais tort.

-

Le lendemain matin, alors que je traverse l'open space pour rejoindre mon bureau, je croise à nouveau Théo. Il me lance un sourire chaleureux et vient vers moi, comme si de rien n'était.

- Salut, Camille. Ça va ?

Je hoche la tête, esquissant un sourire forcé.

- Oui, ça va. Merci.

Je m'apprête à continuer mon chemin quand il me retient doucement par le bras.

- Tu sais, tu n'as pas à t'inquiéter pour Alexandre. Il a toujours été comme ça. Il protège ceux qui comptent pour lui, à sa manière.

Je le fixe, surprise par sa remarque. Mais avant que je puisse répondre, il poursuit :

- C'est juste qu'il a du mal à faire confiance, mais il te regarde différemment. Je crois qu'il a vu quelque chose en toi.

Je fronce les sourcils, ne sachant pas si je dois le prendre comme un compliment ou une menace.

- Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

Théo baisse un instant les yeux, comme s'il hésitait à poursuivre. Puis, il sourit de nouveau, un sourire plus mystérieux cette fois.

- Fais juste attention à toi, Camille. Alexandre n'est pas celui qu'il paraît être. Et il a ses raisons.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il s'éloigne déjà, me laissant dans une confusion totale. Que veut-il dire par "ses raisons" ? Pourquoi tout le monde semble insinuer que j'ignore des choses à propos d'Alexandre ?

Je suis interrompue dans mes réflexions par un email. Alexandre. Encore.

Objet : Réunion stratégique – 14h.

Camille,

Je compte sur toi pour préparer un rapport complet sur l'avancement de la campagne. Nous ferons un point avec l'équipe marketing cet après-midi.

Alexandre Leroy

Je relis le message, mon esprit flottant quelque part entre l'irritation et la résignation. Pourquoi moi ? Pourquoi encore moi, alors qu'il aurait pu confier cette tâche à quelqu'un d'autre ?

Je ferme les yeux un instant, respirant profondément. Ce n'est pas le moment de flancher.

-

L'après-midi arrive rapidement. Je me rends à la réunion, le rapport en main, et je trouve Alexandre déjà installé à la tête de la table, une expression fermée sur le visage. L'équipe est à nouveau présente, et cette fois, l'ambiance semble encore plus tendue. Les discussions sur la campagne vont bon train, mais je remarque qu'Alexandre ne lâche pas des yeux, une attention presque perturbante.

Enfin, quand il me donne la parole, son regard ne me quitte pas. Je lui présente mon rapport, détaillant les progrès, les obstacles rencontrés, et les suggestions pour améliorer certaines stratégies.

À la fin de ma présentation, il me fixe un moment, et j'ai l'impression que le temps se suspend. Il hoche lentement la tête, son regard toujours intense.

- Bien, Camille. Continue ainsi.

Ses mots sont simples, mais ils résonnent étrangement en moi. Comme s'il y avait une signification cachée derrière, quelque chose qui me dépasse.

Et, avant que je puisse répondre, il se tourne vers l'équipe et lance une nouvelle directive, sans me laisser le temps de digérer ses paroles.

Je reste là, assise, l'esprit toujours agité, me demandant ce que tout cela signifie. Pourquoi me pousse-t-il à bout de cette façon ? Et surtout, pourquoi ai-je l'impression que cette guerre froide entre nous ne fait que commencer ?

            
            

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