- Peut-être, répondit l'autre, d'une voix plus tendue. Cherchons un peu plus, puis rentrons. On a déjà trop traîné ici.
Élodie attendit que les voix s'éloignent avant de se redresser lentement. La peur avait fait place à une détermination silencieuse. Elle ne pouvait pas se permettre de rester passive. Ces deux-là étaient manifestement impliqués dans les attaques, et tout ce qu'elle avait entendu confirmait qu'un complot se tramait, mais qui étaient-ils ? Pourquoi s'attaquaient-ils aux candidates des Épreuves ?
D'un mouvement furtif, elle se dirigea vers l'entrée du palais, son esprit en alerte maximale. Chaque ombre semblait cacher un danger, chaque bruit un présage. Mais une fois arrivée aux portes, elle se heurta à un obstacle inattendu.
- Élodie, tu as l'air troublée, dit une voix calme et profonde derrière elle.
Elle se retourna précipitamment et tomba sur Kaelen, l'écuyer du prince. Il la regardait d'un air curieux, mais il y avait quelque chose dans ses yeux qui la fit hésiter. Il semblait plus au courant qu'il n'en laissait paraître.
- Tu m'as suivie ? demanda-t-elle, se crispant.
- Non, mais il est difficile de ne pas remarquer quelqu'un qui se faufile dans l'ombre comme une ombre elle-même, répondit-il avec un sourire en coin.
Élodie jeta un coup d'œil autour d'elle, puis baissa la voix pour ne pas être entendue.
- Il y a quelque chose qui ne va pas. Je crois que des gens dans ce palais complotent contre les candidates... et contre le prince.
Kaelen ne broncha pas, mais ses yeux se durcirent.
- Je le sais, dit-il en murmurant, comme s'il avait déjà suspecté ce genre de trahison. Mais il y a des choses que même un écuyer comme moi ne peut pas empêcher. Tu devras être prudente, Élodie. Ce n'est pas seulement ta vie en jeu, c'est bien plus que ça.
Elle le regarda fixement. Il parlait en énigmes, mais elle savait qu'il en savait plus qu'il ne laissait entendre.
- Pourquoi m'en parler, alors ? Qu'est-ce que vous attendez de moi ?
Il s'approcha d'elle, baissant encore la voix.
- Le prince n'a pas encore remarqué tout ça. Pas de manière aussi précise. Mais toi, tu pourrais être celle qui découvre ce qui se cache vraiment sous la surface. Tu n'as pas idée de ce qui se trame ici, Élodie.
Ses mots flottaient dans l'air, lourds de sens, mais son regard restait aussi fermé que d'habitude.
- Pourquoi moi ? Il y a d'autres personnes ici qui...
- Parce que toi, tu n'as pas encore décidé de ta place dans ce jeu. Et c'est là que réside ton pouvoir. En ce moment, tout le monde attend que tu fasses un choix. Tu dois juste être prête à le faire quand le moment viendra.
Kaelen se redressa soudainement, son expression se durcissant.
- Mais il n'y a pas de temps à perdre. Reste discrète, Élodie. Suis le prince, observe-le, mais n'ouvre pas encore la porte du secret. Tout est une question de timing. Il faut attendre le bon moment.
Elle le dévisagea un instant, puis hocha lentement la tête.
- D'accord, mais si quelque chose m'arrive, je saurai à qui en rendre responsable, murmura-t-elle avant de se tourner pour entrer dans le palais.
Kaelen la regarda partir sans dire un mot, son regard suivant chaque mouvement avec une attention soutenue.
Le lendemain matin, Élodie se leva tôt, résolue à découvrir plus sur ces mystérieuses attaques. Ses yeux se portaient sur chaque coin du palais, chaque visage, comme s'il y avait un indice caché dans chaque recoin. Elle se dirigea vers les appartements du prince, mais avant d'atteindre la porte de ses quartiers, une voix l'interpella.
- Tu es encore là, Élodie ?
Elle se retourna et aperçut Lysandra, la rivale de toutes les candidates. Son regard était froid, méprisant, et son attitude semblait vouloir lui faire comprendre qu'elle n'était qu'une domestique parmi tant d'autres.
- Que voulez-vous ? demanda Élodie, son ton tranchant.
Lysandra se rapprocha, son regard scrutant chaque détail de son visage.
- Je pense qu'il est temps que tu comprennes où tu te tiens dans ce palais. Les nobles ont des rôles, et les domestiques en ont d'autres. Tu te vois en train de jouer dans la cour des grandes ?
Élodie ne répondit pas tout de suite. Elle avait l'habitude des moqueries, mais il y avait quelque chose dans la voix de Lysandra qui lui donna une étrange sensation, un pressentiment. La jeune femme semblait savoir des choses qu'elle ne voulait pas dire.
- Crois-moi, si tu savais à quel point tu n'es qu'une pièce parmi tant d'autres, tu ferais bien de ne pas trop t'impliquer, poursuivit Lysandra, un sourire cruel aux lèvres.
Avant qu'Élodie ne puisse réagir, Lysandra s'éloigna rapidement, la laissant seule avec ses pensées.
Une nouvelle vérité s'imposait dans l'esprit d'Élodie : Lysandra savait des choses. Elle était impliquée d'une manière ou d'une autre. Et peut-être que la clé des complots dans le palais résidait plus près qu'elle ne le pensait.
Elle devait absolument découvrir ce que Lysandra cachait... avant qu'il ne soit trop tard.