- Fais attention, murmura une voix grave.
Élodie releva la tête pour découvrir un jeune homme aux cheveux sombres en bataille et aux yeux bleu nuit. Il portait une tunique simple, mais son aura dégageait une assurance indéniable.
- Je suis désolée, répondit-elle en se reculant légèrement.
- Tu es Élodie Valmont, n'est-ce pas ? demanda-t-il avec un sourire énigmatique.
Elle fronça les sourcils, méfiante.
- Qui êtes-vous ?
- Kaelen, répondit-il en tendant une main. Écuyer du prince Rhéon.
Elle hésita avant de serrer sa main.
- Vous me connaissez ?
- Le prince parle parfois de toi. En termes... intéressants.
Élodie sentit une chaleur gênante lui monter aux joues.
- Je doute qu'il ait beaucoup de choses à dire sur une domestique.
Kaelen haussa un sourcil, amusé.
- Tu serais surprise.
Il baissa légèrement la voix.
- Fais attention, Élodie. Le palais est devenu un terrain miné, et certaines personnes n'apprécient pas les domestiques qui se mêlent des affaires royales.
Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais Kaelen s'était déjà éloigné, son pas léger résonnant sur les dalles.
Perplexe, Élodie reprit sa route vers la bibliothèque. L'avertissement de Kaelen résonnait dans son esprit.
La vaste bibliothèque du palais était plongée dans une pénombre apaisante, seulement éclairée par la lumière dorée des lanternes suspendues. Des rangées infinies d'étagères en bois sombre abritaient des livres anciens aux reliures usées.
Élodie trouva Rhéon assis à une table, un parchemin étalé devant lui. Il leva à peine les yeux lorsqu'elle s'approcha.
- Tu es venue, constata-t-il simplement.
- Vous avez demandé ma présence, répondit-elle en s'asseyant face à lui.
Il fit glisser le parchemin vers elle.
- Regarde ça.
Élodie parcourut le document, ses sourcils se fronçant à mesure qu'elle lisait.
- C'est une liste... de noms ?
- Des candidates des Épreuves, précisa Rhéon. Celles qui ont déjà été ciblées et celles qui sont susceptibles de l'être.
Elle sentit une vague de colère monter en elle.
- Vous saviez que d'autres attaques étaient possibles ?
- J'avais des soupçons. Mais maintenant, c'est une certitude.
Il la fixa intensément.
- Tu es peut-être une domestique, mais tu as un instinct que beaucoup ici n'ont pas. Je veux que tu gardes les yeux ouverts et que tu me rapportes tout ce que tu trouves suspect.
- Vous me demandez de jouer les espions ?
Un sourire ténébreux effleura ses lèvres.
- Si tu préfères ce terme.
Avant qu'elle ne puisse protester davantage, la porte de la bibliothèque s'ouvrit avec fracas. Une jeune femme vêtue d'une robe pourpre entra, ses longs cheveux blonds tombant en cascades soyeuses sur ses épaules. Son visage délicat était marqué par une expression de fureur.
- Rhéon ! s'exclama-t-elle.
Le prince se leva, agacé.
- Qu'y a-t-il, Lysandra ?
- Une autre candidate a été blessée ! Et toi, tu es ici, à discuter avec une servante ?
Élodie serra les poings, mais Rhéon resta impassible.
- Je m'occupe de la situation, Lysandra.
- Pas assez vite, rétorqua-t-elle avec hargne.
Elle tourna un regard glacial vers Élodie.
- Et toi, reste à ta place. Les domestiques n'ont pas leur mot à dire dans les affaires royales.
Rhéon fit un pas en avant, son ton glacial.
- Assez, Lysandra. Élodie est sous ma protection.
Lysandra sembla choquée par cette déclaration, mais elle se reprit rapidement.
- Nous verrons combien de temps cela durera, murmura-t-elle avant de tourner les talons.
La porte claqua derrière elle, laissant un silence tendu dans la pièce.
- Charmante, commenta Élodie avec une pointe d'ironie.
Rhéon esquissa un sourire.
- Tu n'as encore rien vu.
Plus tard dans la soirée, Élodie se retrouva dans les jardins du palais, cherchant un moment de répit. Les étoiles scintillaient au-dessus d'elle, et l'air était imprégné du parfum des fleurs nocturnes.
Elle était sur le point de rentrer lorsque des bruits de pas attirèrent son attention. Elle se dissimula derrière un buisson, son cœur battant à tout rompre.
Deux silhouettes encapuchonnées traversaient discrètement le jardin, chuchotant entre elles.
- Le plan doit être exécuté demain soir, murmura l'une d'elles.
- Et si le prince interfère ?
- Il ne fera pas long feu.
Élodie sentit une sueur froide lui couler dans le dos. Elle devait prévenir Rhéon immédiatement.
Mais alors qu'elle faisait un pas en arrière, une branche craqua sous son pied.
Les deux silhouettes se retournèrent brusquement.
- Qui est là ?
Elle retint son souffle, espérant que l'obscurité la dissimulerait.
- Cherchons, ordonna l'une des figures.
Ils commencèrent à s'approcher.
Le danger était palpable. Élodie savait qu'une seule erreur pourrait lui coûter la vie.