Le prince jeta un regard glacial vers l'ouverture béante, ses prunelles dorées scintillant d'une intensité féroce.
- Doublez les patrouilles. Fouillez chaque recoin du palais. Je veux des réponses avant la tombée de la nuit.
Les gardes s'inclinèrent avant de se disperser en hâte. Rhéon resta un instant silencieux, ses poings serrés. Puis, comme s'il avait senti une présence derrière lui, il tourna brusquement la tête vers Élodie.
- Je t'avais ordonné de rester dans la bibliothèque, gronda-t-il.
Élodie ravala sa peur et planta son regard dans le sien.
- Je voulais comprendre ce qui se passait.
Le prince s'avança vers elle, sa haute silhouette projetant une ombre menaçante.
- Comprendre ? répéta-t-il avec une ironie glacée. Ce n'est pas ton rôle, Élodie. Tu n'es qu'une domestique ici.
Ces mots mordants éveillèrent une colère sourde en elle.
- Peut-être, répondit-elle d'une voix ferme. Mais cela ne signifie pas que je vais détourner les yeux lorsque des vies sont en danger.
Un silence tendu s'installa entre eux. Rhéon semblait pris de court par son audace. Puis, à sa grande surprise, un sourire fugace effleura ses lèvres.
- Tu es soit incroyablement courageuse, soit désespérément stupide.
- Peut-être un peu des deux, admit-elle.
Le prince la fixa encore un instant, puis fit un geste brusque vers la sortie.
- Viens.
Sans protester, Élodie le suivit à travers les couloirs du palais. Les bruits de l'incident s'estompaient peu à peu, mais une tension persistante régnait dans l'air.
Ils atteignirent une grande salle de réunion éclairée par des torches vacillantes. Les membres du Conseil du Palais étaient déjà présents, leurs visages marqués par l'inquiétude.
- Prince Rhéon, commença un conseiller aux cheveux grisonnants. Une attaque à l'intérieur du palais est une insulte à votre autorité.
- Ce n'est pas une insulte, rectifia Rhéon froidement. C'est une déclaration de guerre.
Des murmures parcoururent la salle.
- Que proposez-vous ? demanda un autre conseiller.
- La sécurité sera renforcée, mais ce n'est pas suffisant. Quelqu'un à l'intérieur du palais aide ces assaillants.
Élodie, qui écoutait attentivement, sentit un frisson glacé parcourir sa colonne vertébrale. Une trahison interne ?
- Si je peux me permettre, intervint-elle timidement.
Tous les regards se tournèrent vers elle, certains empreints de mépris. Une domestique n'avait pas sa place dans une réunion du Conseil.
- Qui est cette fille ? tonna un conseiller indigné.
Rhéon leva une main pour imposer le silence.
- Parle, ordonna-t-il à Élodie.
Elle prit une inspiration tremblante.
- Si l'assaillant connaissait suffisamment bien le palais pour disparaître sans laisser de trace, il a forcément bénéficié de renseignements. Peut-être que les domestiques ont vu ou entendu quelque chose d'inhabituel.
Un silence pesant s'installa. Les conseillers échangèrent des regards hésitants.
- Une idée intéressante, admit Rhéon.
Il se tourna vers un garde.
- Interrogez tous les domestiques. Aucun détail n'est trop insignifiant.
Le garde acquiesça et quitta précipitamment la salle.
Rhéon posa alors son regard sur Élodie, son expression indéchiffrable.
- Tu n'es pas aussi insignifiante que tu en as l'air, murmura-t-il.
Avant qu'elle ne puisse répondre, la porte s'ouvrit brusquement, laissant entrer une figure imposante. Le roi Magnus, père de Rhéon, fit son entrée. Sa carrure massive et son regard perçant imposaient le respect.
- Rhéon, gronda-t-il. Que se passe-t-il dans mon palais ?
Le prince s'inclina légèrement.
- Une attaque contre une candidate, Père.
Le roi Magnus serra les mâchoires.
- Trouve les coupables, et vite. Le royaume tout entier observe ces Épreuves. Un tel scandale pourrait déstabiliser notre position.
Il fixa ensuite Élodie, ses sourcils se froncèrent légèrement.
- Et qui est cette fille ?
- Une domestique, répondit Rhéon sans hésiter. Mais une domestique qui a de bonnes idées.
Le roi haussa un sourcil, manifestement surpris par cette déclaration.
- Alors veille à ce qu'elle survive à cette affaire, dit-il sèchement.
Il quitta la pièce, laissant derrière lui une atmosphère lourde.
Rhéon se tourna vers Élodie, un éclat amusé dans les yeux.
- Eh bien, il semblerait que tu sois désormais impliquée jusqu'au cou.
Élodie sentit une vague d'appréhension l'envahir. Elle n'avait jamais cherché à attirer l'attention du prince, et encore moins celle du roi. Mais il était trop tard pour faire marche arrière.
Des secrets enfouis, des trahisons et des ennemis invisibles rôdaient dans l'ombre. Et Élodie venait de faire ses premiers pas dans une partie dangereuse où chaque mouvement pouvait lui coûter la vie.