Chapitre 4 Chapitre 4

Clara sentit sa colère s'atténuer légèrement, remplacée par une vague de confusion. Elle n'était pas sûre de comprendre ce qu'il voulait vraiment. Était-ce une simple proposition d'affaires, ou y avait-il quelque chose de plus profond derrière tout cela ?

« Si vous pensez que je vais changer d'avis, vous perdez votre temps », dit-elle finalement, son ton ferme.

Malcolm hocha lentement la tête, comme s'il acceptait sa réponse, mais son regard ne quittait pas le sien. « Très bien. Je respecte ton choix. Mais sache que mon offre tient toujours, si jamais tu changes d'avis. »

Elle détourna les yeux, mal à l'aise sous son regard perçant. Quelque chose dans la façon dont il la regardait la troublait profondément, comme s'il voyait à travers ses défenses, ses failles. Cela la mettait sur ses gardes, mais cela éveillait aussi une curiosité qu'elle n'aimait pas admettre.

« Vous savez », dit-elle en brisant le silence, « vous êtes bien plus manipulateur que ce que j'imaginais au départ. »

Il éclata de rire, un rire sincère et chaud qui la prit par surprise. « Manipulateur ? Peut-être. Mais toi, tu es bien plus obstinée que je ne le pensais. »

Elle sourit malgré elle, secouant la tête. « Ce n'est pas de l'obstination. C'est de la fierté. »

« Et c'est une qualité rare », répondit-il, son ton redevenu sérieux. « C'est ce qui te rend unique, Clara. »

Elle détourna le regard, sentant ses joues s'échauffer légèrement. « Vous devriez vraiment arrêter de dire ce genre de choses. »

« Pourquoi ? Parce que ça te met mal à l'aise ? » demanda-t-il, un éclat taquin dans les yeux.

Elle le fixa, déterminée à ne pas céder à son jeu. « Parce que ça ne mène à rien. Et parce que je suis ici pour travailler, pas pour... autre chose. »

Il leva les mains en signe de reddition, un sourire amusé sur les lèvres. « Très bien, très bien. Je resterai sage. »

Le dîner se poursuivit dans une ambiance plus détendue, mais Clara ne pouvait s'empêcher de sentir le poids de son regard sur elle. Malcolm semblait l'observer avec une attention particulière, comme s'il cherchait à percer un mystère qu'elle-même ne comprenait pas encore.

Lorsqu'ils se séparèrent à la fin de la soirée, Clara sentit un étrange mélange de soulagement et de frustration. Elle était déterminée à garder ses distances, à ne pas se laisser entraîner dans son jeu. Mais au fond, elle savait que Malcolm Gram n'était pas un homme qu'on pouvait ignorer si facilement.Les éclats de lumière des immenses lustres en cristal illuminaient la salle de bal avec une élégance presque irréelle. Clara ajusta discrètement la fine bretelle de sa robe noire, qui épousait sa silhouette avec une simplicité sophistiquée. Elle n'était pas particulièrement friande de ces événements mondains, mais elle avait accepté d'accompagner Julien, un collègue de l'agence, par politesse. Julien, avec son sourire éclatant et son charme facile, avait insisté en affirmant que ce gala serait une occasion précieuse de réseauter avec l'élite du milieu immobilier.

Clara, un verre de champagne à la main, se tenait à ses côtés, écoutant d'une oreille distraite les conversations interminables sur les fluctuations du marché et les projets de construction pharaoniques. Elle essayait de se concentrer, mais son esprit vagabondait, tiré dans une direction qu'elle préférait ignorer.

Ce fut Julien qui brisa sa rêverie. « Clara, ça va ? Tu sembles ailleurs. »

Elle lui adressa un sourire rapide. « Oui, oui. Je réfléchissais juste à ce que Madame Dupont vient de dire sur les zones semi-urbaines. »

Julien éclata de rire. « Tu es vraiment dévouée à ton travail, hein ? »

Elle haussa les épaules, évitant de mentionner que son esprit n'était pas du tout focalisé sur l'immobilier. Elle n'aurait jamais admis qu'elle scannait inconsciemment la salle, cherchant une silhouette qu'elle espérait – ou redoutait – ne pas voir. Mais, bien sûr, l'univers avait un sens cruel de l'ironie.

Elle sentit sa présence avant même de le voir. Ce fut comme un frisson imperceptible qui traversa la pièce. Puis elle le vit. Malcolm Gram, vêtu d'un costume sombre qui semblait taillé sur lui comme une seconde peau, se tenait près du bar. Il discutait avec un groupe d'hommes et de femmes qui riaient à ses paroles comme s'il était le centre gravitationnel de leur univers.

Clara détourna immédiatement les yeux, mais il était trop tard. Comme s'il avait senti sa présence aussi, Malcolm leva le regard et leurs yeux se croisèrent. Un sourire lent et dévastateur s'étira sur ses lèvres.

« Tout va bien ? » demanda Julien, remarquant son changement d'attitude.

« Oui, parfait », mentit Clara en prenant une gorgée de son champagne, espérant que la fraîcheur de la boisson calmerait la chaleur soudaine qui montait en elle.

Mais son espoir fut de courte durée. Quelques minutes plus tard, alors qu'elle tentait de s'intégrer à une conversation sur les investissements internationaux, une voix grave et familière murmura derrière elle.

« Clara. »

Elle se figea, ses doigts se resserrant autour de sa coupe. Elle tourna lentement la tête, croisant le regard intense de Malcolm.

« Malcolm », répondit-elle, son ton mesuré.

Il inclina légèrement la tête, un sourire provocant jouant sur ses lèvres. « Tu es ravissante ce soir. »

Elle sentit Julien se raidir à côté d'elle, lançant un regard méfiant à Malcolm. « Clara, tu nous présentes ? » demanda-t-il.

Elle hésita, puis se résigna. « Julien, voici Malcolm Gram. Malcolm, Julien Dupuis, un collègue. »

Malcolm tendit une main à Julien, son sourire toujours présent. « Enchanté. »

Julien serra sa main, mais son expression restait fermée. « De même. »

Malcolm ne perdit pas de temps. « Clara, puis-je te parler un instant ? »

Elle ouvrit la bouche pour refuser, mais avant qu'elle ne puisse formuler une excuse, il ajouta : « Ce ne sera pas long, promis. »

Elle lança un regard désolé à Julien. « Je reviens tout de suite. »

Malcolm posa une main légère sur le bas de son dos, l'entraînant un peu plus loin, vers une zone moins animée de la salle. Elle se dégagea dès qu'ils furent hors de vue, croisant les bras.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? » demanda-t-elle, agacée.

« Tu es là, alors pourquoi pas moi ? » répondit-il avec désinvolture.

Elle soupira. « Vous savez très bien ce que je veux dire. Vous n'avez rien à voir avec l'immobilier, alors pourquoi être à un gala comme celui-ci ? »

Il haussa les épaules, son sourire énigmatique toujours présent. « Disons que je suis ici pour affaires. Mais maintenant que je t'ai trouvée, la soirée devient bien plus intéressante. »

Elle fronça les sourcils. « Vous devriez vraiment arrêter de jouer à ce petit jeu avec moi. Je ne suis pas intéressée, Malcolm. »

« Ah, mais c'est là que tu te trompes », murmura-t-il, s'approchant légèrement. « Tu es bien plus intéressée que tu ne veux l'admettre. »

Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, il tendit une main. « Danse avec moi. »

Elle éclata de rire, incrédule. « Certainement pas. »

Il ne recula pas. « Pourquoi pas ? Peur de ce que tu pourrais ressentir ? »

Son arrogance la fit bouillir de rage, mais avant qu'elle ne puisse se retenir, elle accepta. « Très bien. Une danse. Mais ensuite, vous me laissez tranquille. »

Il ne répondit rien, se contentant de lui offrir un sourire satisfait en l'entraînant sur la piste de danse. La musique était lente, un morceau de jazz sensuel qui semblait exacerber la tension déjà palpable entre eux.

Malcolm posa une main sur sa taille, son autre main tenant la sienne avec une fermeté qui lui donna le vertige. Ils dansèrent en silence pendant quelques instants, leurs corps trop proches, leurs regards trop intenses.

« Tu sais que tu me rends fou, n'est-ce pas ? » murmura-t-il près de son oreille.

Elle redressa la tête, son cœur battant à tout rompre. « Arrêtez. »

« Arrêter quoi ? » demanda-t-il, un sourire taquin au coin des lèvres.

« Tout ça », répondit-elle, sa voix plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu. « Ces jeux, ces insinuations... Je ne veux pas de ça. »

Il pencha légèrement la tête, son regard se faisant plus sérieux. « Peut-être que tu n'en veux pas, Clara. Mais tu ne peux pas nier que tu le ressens. Cette tension entre nous. »

Elle se dégagea brusquement, rompant le contact. « C'est fini. Je ne veux pas de cette danse. »

Avant qu'il ne puisse répliquer, elle tourna les talons et quitta la piste de danse, se frayant un chemin à travers la foule. Une fois à l'extérieur, elle inspira profondément, l'air frais apaisant la chaleur qui bouillonnait en elle.

Malcolm Gram. Cet homme était un tourbillon, un mélange de danger et de désir qu'elle ne savait pas comment affronter. Mais une chose était certaine : elle ne pouvait pas continuer à le laisser troubler son équilibre. Pas encore. Pas comme ça. Les rêves avaient commencé doucement, presque furtivement. Une scène floue ici, une silhouette familière là. Mais cette nuit-là, tout fut plus clair, plus vif. Clara se voyait marcher dans une maison qu'elle ne reconnaissait pas, une demeure immense et luxueuse, baignée d'une lumière dorée. Et puis il était là, appuyé contre une porte, les bras croisés, son sourire en coin illuminant ses traits ciselés. Malcolm. Il la regardait comme si elle était la seule personne au monde.

« Clara », murmura-t-il dans ce ton grave et irrésistible, le même qui résonnait toujours dans son esprit longtemps après qu'ils se soient vus.

Elle se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre, des gouttes de sueur perlant sur son front. Son regard vola immédiatement vers l'horloge de chevet. 3 h 12. Elle se passa une main sur le visage, grognant de frustration.

« Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? » murmura-t-elle à voix haute. Elle n'avait pas le droit de penser à lui, encore moins de rêver de lui. C'était absurde, déplacé. Et pourtant, il était là, logé dans un coin de son esprit, incapable d'être chassé.

Le lendemain matin, Clara essaya de se plonger dans son travail. Mais chaque appel, chaque mail semblait lui rappeler Malcolm d'une manière ou d'une autre. Son irritation grandissait à mesure que la journée avançait. Et comme pour confirmer que l'univers conspirait contre elle, son téléphone vibra sur son bureau, affichant un numéro qu'elle connaissait trop bien.

Elle hésita. Répondre ou non ? Mais la curiosité – ou peut-être un masochisme inconscient – l'emporta.

« Clara Vega », répondit-elle d'un ton professionnel, bien qu'un peu tendu.

« Clara. » La voix de Malcolm était douce, presque décontractée. « Comment vas-tu ? »

« Très bien », répondit-elle sèchement. « En quoi puis-je vous aider, Monsieur Gram ? »

Il rit doucement, un son qui fit courir un frisson le long de sa colonne vertébrale. « Toujours aussi formelle. J'ai besoin de tes services pour une autre visite. Une maison que je souhaite voir aujourd'hui même. »

Elle fronça les sourcils. « Aujourd'hui ? C'est un peu précipité. Je suis déjà prise avec d'autres clients. »

« Fais-moi cette faveur, Clara. Je suis sûr que tu peux trouver un créneau. »

Elle hésita, pesant ses options. Refuser aurait été la solution raisonnable, mais une part d'elle ne voulait pas lui donner le plaisir de penser qu'il pouvait la troubler.

« Très bien », céda-t-elle finalement. « Envoyez-moi l'adresse. »

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