Lorsqu'elle arriva sur place, il était déjà là, appuyé contre le capot de sa voiture. Cette fois, il portait un manteau noir qui ajoutait à son aura imposante. Il leva les yeux lorsqu'il la vit arriver, un sourire effleurant ses lèvres.
« Toujours ponctuelle. J'apprécie ça. »
Clara descendit de sa voiture, serrant son manteau autour d'elle contre le vent froid. « Je prends mon travail au sérieux, Monsieur Gram. »
Il haussa un sourcil. « Malcolm. Je préfère Malcolm. »
Elle hocha légèrement la tête sans répondre, puis se dirigea vers la porte d'entrée de la maison.
La propriété était encore plus grandiose que la précédente, avec des finitions luxueuses et une vue panoramique sur la ville. Mais Clara ne pouvait s'empêcher de sentir que quelque chose clochait. Elle ne savait pas si c'était la présence magnétique de Malcolm ou le fait qu'elle avait encore en tête tout ce qu'elle avait lu sur lui, mais elle se sentait sur le fil du rasoir.
« Alors, qu'en pensez-vous ? » demanda-t-il, rompant le silence alors qu'ils se tenaient dans le salon.
Elle se tourna vers lui, croisant les bras. « C'est une maison magnifique. Mais je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi vous cherchez un tel endroit. »
Il la fixa, son regard perçant semblant sonder ses pensées. « Pourquoi pas ? »
Elle haussa un sourcil. « Avec votre style de vie, j'aurais pensé que vous préfériez quelque chose de plus... discret. »
Un sourire amusé étira ses lèvres. « Ah, alors vous avez fait vos recherches. »
Elle sentit ses joues chauffer légèrement mais ne baissa pas les yeux. « C'est mon travail de connaître mes clients. »
« Et qu'avez-vous appris ? »
Elle hésita un instant, pesant ses mots. « Que vous êtes un homme influent. Et controversé. »
Il rit doucement, mais cette fois, son rire semblait empreint d'un mélange de lassitude et de défi. « Les gens aiment parler. Ils construisent des récits pour combler les vides qu'ils ne comprennent pas. »
« Et ces récits sont faux ? » demanda-t-elle, son ton légèrement provocant.
Il s'approcha, réduisant la distance entre eux. « Pas entièrement. Mais la vérité, Clara, c'est qu'il faut parfois prendre des décisions difficiles pour arriver là où on veut être. »
Elle soutint son regard, même si elle sentait son cœur battre plus vite. « Peut-être. Mais je crois aussi qu'il y a une ligne à ne pas franchir. »
Il inclina légèrement la tête, son expression s'adoucissant un peu. « Et vous, Clara ? Où tracez-vous cette ligne ? »
Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sortit. Elle n'avait jamais rencontré quelqu'un capable de renverser ainsi la conversation, de la forcer à se remettre en question.
Finalement, elle inspira profondément. « Je crois qu'il y a des choses plus importantes que l'ambition ou le pouvoir. Comme l'intégrité. »
Il la regarda un moment, son expression indéchiffrable. Puis, à sa grande surprise, il hocha la tête. « Une réponse honnête. J'aime ça. »
Avant qu'elle ne puisse répondre, il ajouta : « Clara, j'aimerais que vous m'accompagniez à une autre visite. Pas une maison, cette fois. Un projet sur lequel je travaille. »
Elle fronça les sourcils, méfiante. « Pourquoi moi ? »
Son sourire réapparut, mystérieux. « Parce que vous avez une façon de voir les choses qui me plaît. Et parce que je crois que vous avez plus à offrir que ce que vous laissez paraître. »
Clara sentit une vague d'émotions contradictoires l'envahir. Elle ne savait pas encore si elle pouvait lui faire confiance, mais une part d'elle était intriguée, irrésistiblement attirée par ce qu'il représentait.
« Très bien », dit-elle finalement, même si une voix intérieure lui criait qu'elle jouait avec le feu. « Montrez-moi ce projet. »
Malcolm sourit, et cette fois, c'était un sourire victorieux.Clara fixait son téléphone posé sur la table, les sourcils légèrement froncés. L'écran restait noir, mais c'était comme si la simple présence de l'appareil suffisait à occuper toute la place dans ses pensées. Cela faisait des heures qu'elle se demandait si elle devait répondre à Malcolm. Le message qu'il lui avait envoyé la veille était simple : une heure, une adresse, aucune autre explication. Typique de lui.
Elle croisa les bras, appuyée contre le dossier de sa chaise, le regard perdu. Pourquoi hésitait-elle autant ? Après tout, ce n'était qu'une autre visite, rien de plus. C'était professionnel, du moins en théorie. Mais depuis leur première rencontre, rien ne semblait se dérouler comme prévu. Malcolm avait une façon de brouiller les lignes, de rendre chaque interaction plus intense, plus compliquée qu'elle ne le souhaitait.
Clara secoua la tête, agacée par sa propre indécision. Elle était une femme forte, indépendante, et elle avait travaillé dur pour arriver là où elle était. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire par un homme, encore moins par un homme comme lui. Pourtant, une part d'elle – une part qu'elle préférait ignorer – brûlait d'envie d'en savoir plus. Qui était réellement Malcolm Gram ? Et pourquoi avait-il choisi de s'intéresser à elle ?
Elle attrapa son téléphone, relut le message une dernière fois, et tapa une réponse rapide avant de pouvoir changer d'avis : « Très bien. J'y serai. »
Le lendemain, elle se gara devant l'adresse indiquée. C'était un immeuble ancien, situé dans un quartier de la ville qui avait autrefois été prestigieux, mais qui portait désormais les marques du temps et de l'abandon. Clara observa les façades défraîchies, les fenêtres poussiéreuses, et ne put s'empêcher de se demander ce qu'un homme comme Malcolm faisait ici.
Il l'attendait déjà, comme la première fois, appuyé contre sa voiture, les bras croisés. Aujourd'hui, il portait une chemise blanche légèrement ouverte au col, et un manteau gris foncé qui semblait fait sur mesure. Il releva la tête en la voyant arriver, un sourire effleurant ses lèvres.
« Vous êtes venue », dit-il simplement.
Clara referma la portière de sa voiture et haussa les épaules. « Vous m'avez donné rendez-vous. Je suis une femme de parole. »
Il s'approcha lentement, son regard rivé sur elle. « J'aime ça chez vous. Vous êtes prévisible, mais d'une manière surprenante. »
Elle plissa les yeux, perplexe. « Je ne suis pas sûre que ce soit un compliment. »
Il rit doucement, un son grave et riche qui semblait presque trop intime dans l'air frais du matin. « C'en est un. Croyez-moi. »
Clara soupira, préférant ne pas répondre, et se tourna vers l'immeuble. « Alors, qu'est-ce qu'on fait ici ? Vous voulez acheter ce bâtiment ? »
Malcolm suivit son regard avant de hocher la tête. « Peut-être. Mais avant de prendre une décision, je voulais avoir votre avis. »
Elle le regarda, surprise. « Mon avis ? Pourquoi ? »
« Parce que vous voyez les choses différemment », répondit-il avec un sourire énigmatique.
Clara leva les yeux au ciel. Elle n'était pas d'humeur pour ses réponses vagues et mystérieuses. « Très bien. Montrez-moi ce que vous voulez me montrer. »
Ils entrèrent dans l'immeuble, grimpant les escaliers usés jusqu'au troisième étage. L'intérieur était encore plus délabré que l'extérieur. Les murs étaient fissurés, le parquet grinçait sous leurs pas, et une odeur de renfermé imprégnait l'air.
« Vous êtes sérieux ? » demanda Clara en se tournant vers lui.
Malcolm haussa un sourcil. « Quoi ? Vous ne voyez pas le potentiel ? »
Elle rit doucement, secouant la tête. « Tout ce que je vois, c'est un projet qui va vous coûter une fortune en rénovations. »
Il s'avança vers l'une des fenêtres, posant une main sur le rebord poussiéreux. « C'est là que vous vous trompez. Ce n'est pas un simple projet. C'est une opportunité. »
Clara croisa les bras, sceptique. « Et quelle est cette opportunité, exactement ? »
Il se tourna vers elle, son expression sérieuse. « Transformer cet endroit en quelque chose qui a du sens. Donner une nouvelle vie à ce bâtiment, à ce quartier. »
Elle le regarda, légèrement décontenancée. C'était la première fois qu'il semblait parler avec une réelle passion, sans le sarcasme ou l'arrogance qui l'accompagnaient habituellement.
« Je ne vous voyais pas comme quelqu'un qui s'intéresse à ce genre de choses », dit-elle finalement.
Un sourire amusé joua sur ses lèvres. « Vous ne me connaissez pas encore, Clara. »
Elle haussa un sourcil, décidée à ne pas se laisser déstabiliser. « Peut-être. Mais je suis curieuse : pourquoi avez-vous vraiment besoin de mon avis ? Vous savez déjà ce que vous voulez faire, non ? »
Il s'approcha lentement, réduisant la distance entre eux. « Parce que j'aime voir les choses à travers les yeux des autres. Et parce que, pour une raison que je ne peux pas encore expliquer, votre opinion compte pour moi. »
Clara sentit son cœur s'accélérer légèrement, mais elle se força à garder un visage impassible. « Vous avez une drôle de façon de flatter les gens. »
« Ce n'est pas une flatterie », murmura-t-il, son regard plongeant dans le sien.
Elle détourna les yeux, agacée par la chaleur qui montait en elle. « Si vous voulez vraiment mon avis, je dirais que ce projet pourrait être intéressant. Mais il va nécessiter beaucoup de travail, et je ne parle pas seulement de rénovations. Vous devrez aussi convaincre les gens de revenir dans ce quartier. »
Malcolm hocha la tête, son sourire s'élargissant légèrement. « Voilà pourquoi je voulais vous entendre. Vous voyez les choses avec pragmatisme. »
Clara sentit une pointe de fierté malgré elle, mais elle n'avait pas l'intention de lui laisser l'avantage. « Et vous ? Vous êtes toujours aussi... idéaliste ? »
Il éclata de rire, un son chaleureux qui résonna dans la pièce vide. « Idéaliste ? C'est la première fois qu'on me qualifie ainsi. Non, Clara. Je suis un réaliste, mais un réaliste qui aime prendre des risques. »
Elle secoua la tête, un sourire involontaire effleurant ses lèvres. « Vous êtes vraiment un paradoxe, Malcolm. »
Il s'approcha un peu plus, et cette fois, la tension entre eux devint presque palpable. « Peut-être. Mais vous aussi, vous savez ? »
Elle le fixa, prise au dépourvu. « Qu'est-ce que vous voulez dire ? »
« Vous vous présentez comme une femme forte, inébranlable, mais je vois autre chose. Vous êtes passionnée, honnête, et vous avez un feu en vous que vous essayez de cacher. »
Clara sentit son souffle se bloquer un instant. Il était bien trop proche, et ses paroles, bien que flatteuses, l'irritaient profondément.
« Vous êtes bien présomptueux », répliqua-t-elle, sa voix plus froide qu'elle ne l'aurait voulu.
Malcolm sourit, mais cette fois, c'était un sourire plus doux, presque désarmant. « Peut-être. Mais ça ne veut pas dire que j'ai tort. »
Clara inspira profondément, essayant de retrouver son calme. « Écoutez, si vous voulez que je vous aide avec ce projet, je suis prête à le faire. Mais gardez vos suppositions personnelles pour vous. »
Il la regarda un moment, puis hocha la tête, comme s'il acceptait un défi. « Très bien, Clara. Mais je ne fais jamais de promesses que je ne peux pas tenir. »