« Neya, reste derrière moi, » grogna-t-il, ses yeux sombres braqués sur la porte comme si elle pouvait céder à tout moment.
« Et te regarder te faire massacrer ? » répliquai-je à voix basse, incapable de cacher la peur qui me rongeait.
Il tourna brièvement la tête vers moi, son regard sévère, presque furieux. « Ce n'est pas une discussion. Si tu te mets en travers de mon chemin, tu seras plus un problème qu'une aide. »
Ces mots m'agacèrent plus qu'ils ne me rassurèrent, mais je n'avais pas le luxe de m'attarder sur ma fierté. À l'extérieur, un bruit de pas lourd se rapprocha, suivi d'un murmure indistinct. Ils étaient là.
Kaden ouvrit la porte d'un coup sec et sortit d'un bond, sa rapidité surprenante pour quelqu'un dans son état. Je le suivis malgré moi, incapable de rester en arrière comme il l'avait ordonné. La clairière autour de la cabane était baignée par une lumière froide, presque irréelle, et je vis trois silhouettes émerger des ombres. Leur démarche assurée, leurs armes levées, tout en eux respirait la menace.
« Alors c'est ici que tu te caches, Kaden, » lança l'un des hommes d'une voix tranchante. C'était un loup massif, aux cheveux courts et au regard glacial. « Je dois dire que je m'attendais à mieux d'un Alpha déchu. »
Kaden ne répondit pas. Il s'avança lentement, son corps tendu comme un arc, prêt à se transformer à tout moment. « Retournez d'où vous venez. Vous n'avez aucune idée de ce que vous êtes en train de faire. »
Le guerrier éclata d'un rire amer. « Tu crois que je vais obéir à un loup qui a brisé le code ? Tu es une honte pour notre meute, Kaden. Et aujourd'hui, je vais réparer cette erreur. »
Les deux autres hommes se mirent en position, leurs griffes étincelant sous la lumière de la lune. Je sentis la panique monter en moi, mais aussi quelque chose de plus profond : une détermination que je ne savais pas posséder.
« Tu ne sais rien de ce qui s'est passé, Tobias, » grogna Kaden, sa voix emplie d'une rage contenue. « Si tu veux m'affronter, viens. Mais laisse cette femme en dehors de tout ça. »
« Elle ? » Tobias jeta un coup d'œil dans ma direction, et un sourire méprisant étira ses lèvres. « Elle est avec toi ? Intéressant. Peut-être que je devrais commencer par elle. »
Cette menace me fit tressaillir, mais avant que je ne puisse reculer, Kaden bondit, son corps se transformant en plein vol. Sa fourrure noire étincela sous la lune, et il atterrit sur Tobias avec une force dévastatrice. Les deux autres guerriers réagirent immédiatement, se jetant sur lui. C'était un chaos total, une explosion de griffes et de crocs, le tout accompagné des grondements sourds qui résonnaient dans la clairière.
Je restai figée une seconde, terrifiée et fascinée par la violence de la scène. Mais un cri de Kaden, un hurlement douloureux, me ramena à la réalité. Je levai les mains, sentant l'énergie vitale autour de moi se concentrer, se plier à ma volonté. Mes doigts tremblaient, mais je lançai une vague de magie qui frappa l'un des guerriers de plein fouet. Il vacilla, grognant de douleur, avant de se tourner vers moi, ses yeux flamboyant de haine.
« Toi... » gronda-t-il, avançant d'un pas lourd.
Je reculai, tentant de rassembler mes forces pour une autre attaque, mais il était trop rapide. Avant que je ne puisse réagir, il était sur moi, sa main se refermant autour de mon poignet. Je poussai un cri, mais une ombre noire surgit, frappant le guerrier de côté et le projetant violemment contre un arbre. Kaden. Il se redressa, le sang coulant de sa mâchoire, mais son regard restait fixé sur les deux derniers ennemis.
La bataille continua, brutale et désordonnée. Kaden, malgré ses blessures, se battait avec une férocité impressionnante. Moi, je faisais de mon mieux pour intervenir quand je pouvais, utilisant ma magie pour ralentir ou distraire les assaillants. Mais je sentais mes forces s'amenuiser rapidement, chaque sort me laissant plus faible.
Finalement, après ce qui sembla une éternité, le dernier guerrier tomba, inconscient ou pire. Kaden, essoufflé et couvert de sang, se redressa lentement, ses yeux revenant à leur forme humaine. Son regard rencontra le mien, et pour la première fois, je vis autre chose que de la colère ou de la méfiance : de la reconnaissance.
« T'aurais pas dû sortir, » murmura-t-il, sa voix rauque.
Je déglutis, mes jambes tremblantes sous moi. « Et te laisser mourir ? Tu crois vraiment que je pouvais faire ça ? »
Il grogna, mais un léger sourire passa sur son visage avant de disparaître. Il regarda autour de lui, son expression redevenant grave. « Ça ne s'arrêtera pas là. Ils vont revenir, et la prochaine fois, ils seront plus nombreux. »
Je me sentis défaillir à cette idée. « Pourquoi ? Pourquoi te traquent-ils comme ça ? »
Il hésita, et pour une fois, je vis une fissure dans son masque d'assurance. « Parce que j'ai enfreint leur code, » dit-il finalement. « J'ai tué un membre de ma meute. Mon Bêta. »
Ces mots tombèrent comme une pierre dans l'air déjà lourd de la clairière. Je restai sans voix, incapable de comprendre ce qu'il venait de dire. « Pourquoi... ? »
Il détourna le regard, ses mâchoires serrées. « Parce qu'il m'a trahi. Et parce que... » Il s'interrompit, sa voix se brisant légèrement. « Parce que je n'avais pas le choix. »
Je voulais poser plus de questions, exiger des réponses, mais je savais que ce n'était ni le moment ni le lieu. Nous étions toujours en danger, et les corps gisant autour de nous étaient une preuve suffisante que cette nuit était loin d'être terminée.
« On doit bouger, » dit-il finalement, sa voix redevenant froide et autoritaire. « Maintenant. »
Je hochai la tête, incapable de parler, et le suivis dans l'obscurité, mon esprit rempli de questions auxquelles je craignais de connaître les réponses.