/0/22094/coverbig.jpg?v=22532312abb581bb0af87ccc4a8b6038)
De retour chez elle, Clara trouva son père dans le salon, assis dans son fauteuil préféré avec une expression soucieuse. Quand elle entra, il leva les yeux, et son visage s'assombrit immédiatement. « Tu as vu Jonathan, n'est-ce pas ? »
Elle hocha la tête, jetant son sac sur une chaise. « Oui, et il m'a proposé un mariage arrangé. »
Michael se redressa brusquement, sa colère évidente. « Cet homme est un serpent, Clara. Il ne cherche qu'à étendre son contrôle. Ne tombe pas dans son piège. »
Clara s'assit lourdement sur le canapé, ses émotions en vrac. « Il a parlé des dettes de la famille. Il dit que sans lui, nous sommes condamnés. »
Michael posa une main sur celle de sa fille, son regard rempli de culpabilité et de désespoir. « Les Bennett ont toujours survécu aux tempêtes. Nous trouverons une autre solution. Mais s'il te plaît, Clara, ne laisse pas Jonathan Blackwood te manipuler. C'est un homme sans scrupules, et une fois que tu seras liée à lui, il te détruira. »
Clara voulait croire les paroles de son père, mais une petite voix au fond de son esprit lui rappelait les paroles de Jonathan. Si elle refusait, les conséquences pourraient être désastreuses, pas seulement pour elle, mais pour toute sa famille.
Les premières lueurs du matin peinaient à percer le voile de nuages qui couvrait la ville. Clara était déjà debout, le regard rivé sur une pile de documents épars sur la table du salon. Les tasses de café vides témoignaient de sa nuit blanche. Malgré la fatigue qui pesait sur ses épaules, une étincelle brillait dans ses yeux. Elle tenait quelque chose, elle en était sûre. Mais il lui fallait des preuves.
Les finances de Bennett Industries étaient un véritable labyrinthe, mais Clara avait toujours eu un don pour dénouer les énigmes les plus complexes. Ce qu'elle avait découvert au milieu des chiffres et des notes éparpillées la révoltait. Les transactions douteuses, les transferts de fonds camouflés sous des pseudonymes, et les achats exagérément gonflés... tout pointait vers un complot soigneusement orchestré pour affaiblir l'entreprise.
Alors qu'elle rassemblait ses idées, le bruit d'un pas hésitant derrière elle la fit sursauter. Lucas, son frère aîné, se tenait dans l'encadrement de la porte, visiblement surpris de la trouver déjà en pleine activité.
- Clara, tu es réveillée depuis combien de temps ? demanda-t-il en croisant les bras, les traits marqués par l'inquiétude.
Elle haussa les épaules, feignant la désinvolture.
- Assez pour découvrir qu'on est en train de nous saboter, Lucas.
Il fronça les sourcils et s'approcha.
- Saboter ? De quoi tu parles ?
Clara lui tendit un dossier épais, annoté de sa propre écriture nerveuse.
- Regarde ça. Ces mouvements de fonds ne sont pas normaux. Quelqu'un au sein de l'entreprise utilise des sous-traitants pour siphonner de l'argent et couvrir ses traces. Si ça continue, on ne tiendra pas trois mois.
Lucas ouvrit le dossier, ses yeux parcourant rapidement les pages. Plus il lisait, plus son expression devenait sombre.
- Tu as trouvé ça toute seule ?
- Oui, répondit-elle en croisant les bras, son ton légèrement défensif.
Il releva la tête, un mélange de surprise et d'admiration dans son regard.
- C'est impressionnant, Clara. Mais on ne peut pas agir seuls. On doit convoquer une réunion stratégique.
Un sourire furtif éclaira son visage, mais elle le réprima presque aussitôt.
- D'accord, mais il faut être prudent. Si quelqu'un dans l'entreprise est derrière ça, il pourrait réagir violemment si on le démasque trop vite.
Lucas acquiesça et lui posa une main sur l'épaule.
- Merci, Clara. Tu es bien plus précieuse pour cette famille que tu ne le crois.
Ces mots la réchauffèrent brièvement, mais elle savait que le véritable défi restait à venir.
Quelques heures plus tard, la salle de conférence de Bennett Industries était pleine à craquer. Les cadres supérieurs s'étaient rassemblés, leurs visages graves et leurs discussions murmurées témoignaient de l'ambiance tendue. Clara s'assit près de Lucas, consciente des regards interrogateurs qui se posaient sur elle.
Lucas se leva pour prendre la parole.
- Merci d'être venus si rapidement. Nous avons découvert des irrégularités inquiétantes dans nos finances. Je vais laisser ma sœur, Clara, vous expliquer les détails.
Les murmures s'intensifièrent. Clara se sentit submergée par le poids des regards, mais elle prit une profonde inspiration et se leva.
- Bonjour à tous. J'ai passé les dernières semaines à examiner nos transactions financières, et ce que j'ai trouvé est alarmant.
Elle projeta un graphique sur l'écran derrière elle, mettant en évidence les schémas suspects.
- Ces transferts d'argent sont camouflés comme des paiements légitimes, mais ils vont tous à des entités fictives. Quelqu'un au sein de l'entreprise utilise notre système pour détourner des fonds.
Un homme assis au fond de la salle, visiblement sceptique, leva la main.
- Comment pouvez-vous être sûre de cela, Mademoiselle Bennett ?
Elle le regarda droit dans les yeux, sans vaciller.
- Parce que les montants ne correspondent à aucune commande réelle, et les sociétés bénéficiaires n'ont pas d'existence légale. J'ai vérifié.
Le scepticisme dans la pièce commença à se dissiper, remplacé par une tension palpable.
Lucas intervint, son ton ferme.
- Clara a travaillé toute la nuit pour mettre cela au jour. Nous devons agir vite, ou ces fuites pourraient causer notre perte.
Jonathan, qui avait assisté à la réunion sans dire un mot jusque-là, se leva lentement.
- Clara, ce que tu viens de présenter est remarquable. Mais cela signifie aussi que nous avons un ennemi parmi nous. Quelqu'un qui connaît nos failles et les exploite.
Clara soutint son regard, déterminée.
- Et c'est pour ça qu'il faut agir discrètement. Si on révèle trop vite que nous savons, cette personne pourrait couvrir ses traces et disparaître avant qu'on ait la moindre preuve.
Jonathan esquissa un sourire, comme s'il était à la fois impressionné et amusé.
- Tu as l'esprit stratégique, Clara. Je commence à comprendre pourquoi Lucas te fait confiance.
Elle détourna le regard, mal à l'aise sous son compliment ambigu.