Chapitre 2 2

Lucas éclata de rire, un rire amer qui résonna dans la pièce. « Ma sœur ? C'est une blague, n'est-ce pas ? » Il fixa Michael. « Tu te rends compte de ce que ça signifie ? Tu veux que je lui fasse confiance alors que tu n'as même pas été capable de protéger ce que tu as construit ? »

« Lucas, écoute-moi... » tenta Michael, mais son fils le coupa.

« Non, toi écoute-moi. J'ai passé des années à essayer de reconstruire l'image des Bennett, à redresser l'entreprise que tu as laissée s'effondrer. Et maintenant, tu penses que cette... fille peut venir ici et prétendre faire partie de ma vie, de mon travail ? »

Clara sentit une colère sourde monter en elle. Elle serra les poings, tentant de contrôler sa voix. « Je ne prétends rien, Lucas. Je n'ai jamais demandé à être mise dans cette situation. Mais si tu veux parler de mérite, alors peut-être que tu devrais te regarder dans un miroir. Toi, le fils adoré, celui qui a eu toutes les opportunités pendant que moi, je grandissais dans l'ombre. »

Lucas resta silencieux un instant, mais son regard restait chargé de méfiance. « Et qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? Une accolade fraternelle ? Un poste dans l'entreprise ? »

« Je n'attends rien de toi, » rétorqua Clara. « Mais je pensais qu'en tant que Bennett, tu aurais au moins l'intelligence de voir au-delà de ta propre fierté. »

Lucas se redressa, croisant les bras. « Très bien. Si tu veux prouver que tu es une Bennett, montre-le. Mais ne t'attends pas à ce que je te facilite la tâche. »

Michael intervint enfin, sa voix basse mais ferme. « Lucas, elle a autant droit à cet héritage que toi. Vous devrez apprendre à travailler ensemble, que cela te plaise ou non. »

Le silence qui suivit fut assourdissant. Lucas finit par soupirer, levant les mains en signe de capitulation. « Très bien. Mais ne vous attendez pas à ce que je sois chaleureux. »

Une fois dehors, Clara sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle les refoula avec force. Michael posa une main réconfortante sur son épaule. « Je sais que ce n'est pas facile, Clara. Mais donne-lui du temps. Lucas a toujours été... protecteur de ce qu'il considère comme à lui. »

Clara hocha la tête, mais au fond d'elle, une détermination froide s'installait. Si Lucas voulait qu'elle prouve sa valeur, elle le ferait. Pas pour lui, mais pour elle-même. Pour montrer à tous qu'elle n'était pas seulement une pièce rapportée, mais une véritable héritière des Bennett.

Jonathan Blackwood était un homme qui ne laissait rien au hasard. Chaque mouvement, chaque mot qu'il prononçait semblait calculé pour obtenir ce qu'il voulait. Clara ressentit cette même froideur manipulatrice lorsqu'elle entra dans le vaste bureau du magnat. Le lieu était imposant, avec des murs recouverts de panneaux en acajou, des meubles sombres et un panorama impressionnant sur la ville. Mais malgré la beauté des lieux, une tension presque palpable alourdissait l'air.

Jonathan se leva à son approche, un sourire poli mais dénué de chaleur sur ses lèvres. « Clara, merci d'être venue. J'apprécie ta ponctualité. »

Elle serra les poings pour masquer son malaise et tenta de maintenir un visage neutre. « Vous avez demandé à me voir, Jonathan. Je suis ici pour entendre ce que vous avez à dire. »

Il hocha la tête, satisfait, et lui indiqua un fauteuil face à son bureau. Une fois qu'elle fut assise, il s'installa derrière son immense bureau, entrelaçant ses doigts.

« J'imagine que tu sais que l'héritage Bennett est... disons, compromis. » Sa voix était basse, presque caressante, mais chaque mot semblait peser des tonnes. « Les dettes s'accumulent. Ton frère, aussi talentueux qu'il soit, est submergé. Quant à ton père... » Il s'interrompit, laissant un silence lourd s'installer. « Disons qu'il n'a plus l'influence qu'il avait autrefois. »

Clara serra les dents. Elle détestait que Jonathan pointe du doigt les faiblesses de sa famille, mais elle savait qu'il avait raison. « Où voulez-vous en venir ? » demanda-t-elle, décidée à ne pas se laisser intimider.

Jonathan se pencha légèrement en avant, son regard perçant fixé sur elle. « Je veux t'aider, Clara. Mais toute aide à un prix. »

Clara sentit une vague de méfiance l'envahir. « Quel genre d'aide, et quel genre de prix ? »

Il sourit, mais cette fois, il y avait une lueur dangereuse dans ses yeux. « Un mariage. Toi et moi. »

Les mots flottèrent dans l'air, irréels. Clara cligna des yeux, espérant avoir mal entendu. « Un mariage ? » répéta-t-elle, incrédule.

« Exactement. » Jonathan s'adossa à son fauteuil, parfaitement à l'aise. « Un mariage arrangé. En tant que ton mari, je pourrais offrir à ta famille la protection dont elle a désespérément besoin. Les rivaux de Bennett Industries sont nombreux, et ils ne reculeront devant rien pour détruire ce qui reste de votre empire. Moi, en revanche, j'ai les moyens de les tenir en respect. »

Clara sentit son cœur s'accélérer. L'audace de Jonathan était stupéfiante. « Vous voulez que je vous épouse par... obligation ? C'est absurde. »

Jonathan ne sembla pas affecté par son indignation. « Ce n'est pas une obligation, Clara. C'est un choix. Et crois-moi, c'est un choix judicieux. Avec moi à tes côtés, les Bennett pourront renaître de leurs cendres. »

Elle secoua la tête, refusant de croire qu'il puisse réellement penser qu'elle accepterait une telle proposition. « Non, Jonathan. Je ne suis pas à vendre, et mon avenir non plus. »

Son sourire disparut légèrement, remplacé par une expression plus froide, plus tranchante. « Je comprends ta fierté, Clara. Mais laisse-moi te poser une question : combien de temps crois-tu que votre famille pourra tenir avant que tout s'écroule ? »

Clara ouvrit la bouche pour répondre, mais il la coupa, son ton devenant plus insistant. « Les dettes s'accumulent. Les créanciers commencent à frapper à la porte. Si tu refuses mon offre, tu condamnes ton père et ton frère à une faillite certaine. »

Les mots de Jonathan frappèrent Clara comme un coup de poing. Elle se leva brusquement, ses mains tremblantes. « Je ne vous dois rien, Jonathan. Et si vous pensez que je vais me sacrifier pour vos plans, vous vous trompez lourdement. »

Jonathan se leva à son tour, dominant la pièce de toute sa hauteur. « Ce n'est pas un sacrifice, Clara. C'est un partenariat. Et crois-moi, tu n'auras pas d'autre offre comme celle-ci. »

Elle lui lança un regard furieux avant de tourner les talons et de quitter la pièce, ses talons claquant sur le sol en marbre. Mais à peine avait-elle franchi la porte qu'elle sentit le poids des mots de Jonathan peser sur ses épaules.